Et maintenant, il va falloir que les Bleus s'en relèvent...

  • Enorme déception pour les Bleus, défaits au Stade de France par le pays de Galles - 28 février 2015
    Enorme déception pour les Bleus, défaits au Stade de France par le pays de Galles - 28 février 2015
  • Rabah Slimani, le pilier du XV de France face au pays de Galles - 28 février 2015
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  • Le staff du XV de France (Saint-André, Lagisquet et Bru) a eu du mal à encaisser la défaite contre les Gallois
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  • Pierre Camou (président de la FFR) aux côtés du Premier Ministre Manuel Valls lors de France-Galles (28 février 2015
    Pierre Camou (président de la FFR) aux côtés du Premier Ministre Manuel Valls lors de France-Galles (28 février 2015
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En dénonçant pour la première fois de son mandat le comportement de son groupe, Philippe Saint-André a lancé un ultimatum à certains joueurs. Ces "starlettes" du rugby professionnel si éloignés de ses exigences, de sa passion. Mais la révolte aura-t-elle bien lieu ?

C'est un état de désolation. Dimanche, le salon du Grand Hôtel Intercontinental de Paris s’érigeait comme le théâtre d'une véritable dramaturgie. La première sous le mandat de Philippe Saint-André, ému, à bout, irrité mais porté par la rage au lendemain de la défaite du XV de France face au pays de Galles (13-20). Philippe Saint-André aimerait s’en convaincre mais il ne sait plus tout à fait où il va. Comme ses joueurs, décevants, prévisibles, ennuyeux. Comme cette équipe de France reléguée au rang de faire-valoir du rugby mondial. Ce week-end sans panache au Stade de France marque la plus grosse rupture de ces quatre dernières années.

Bouc-émissaire assumé des défaites tricolores pour laisser une nouvelle génération s’épanouir au plus haut niveau, Philippe Saint-André pensait sans doute, tout comme Serge Blanco, que le management à l’affect, passionné, entre potes prêts à mourir sur le terrain, cet ADN de leurs belles épopées, parlerait aux "salariés" du rugby pro. Sa désillusion est immense. Le comportement de "starlettes" pointé par le sélectionneur est trop éloigné de ses exigences, de sa passion.

Rabah Slimani, le pilier du XV de France face au pays de Galles - 28 février 2015
Rabah Slimani, le pilier du XV de France face au pays de Galles - 28 février 2015

Lièvremont (en 2011): "Il y a une certaine forme de lâcheté chez les joueurs"

Le ressort n’est pas nouveau. Piquer pour mieux réagir. Vexer pour sublimer. Le recourt aux paroles cinglantes a souvent habité l’histoire du XV de France. Le 17 octobre 1992 à Lyon, après un revers des Bleus face aux Springboks (15-20), Pierre Berbizier, le sélectionneur de l’époque, avait ainsi lâché : Nous avons joué comme le roi des cons. Plus près nous, les saillies de Marc Lièvremont légendent encore la vie tumultueuse de cette équipe nationale sans repères. Je suis dans une impasse, avouait-il le 13 mars 2011 après l’humiliation de Flaminio (22-21). De manière assez soft, je suis assez désabusé. Je m'étais engagé les yeux dans les yeux vis-à-vis de certains joueurs mais tout est remis en question pour la Coupe du monde. C'est le match de trop. Je me suis peut-être trompé. Les joueurs ne sont pas capables de se prendre en charge. Tout est remis à zéro.

Un staff honteux

A l’instar de Philippe Saint-André, Marc Lièvremont, habitué à tailler ses joueurs face caméra, regrettait le manque de courage des siens. Sur le projet de jeu, cela dépassait l'entendement, lâchait-il désabusé dans le salon de presse du Westin Excelsior Hotel de Rome. Vous croyez vraiment que c'est ce qu'ils ont fait contre l'Italie que je leur demande ? J'en ai honte. Cette rencontre était une hallucination. Il y a une certaine forme de lâcheté. Est-ce qu'il faut s'en inquiéter avec cette nouvelle génération ? Quand je leur parle, c'est le calme plat, comme d'habitude. Certains joueurs ont peut-être porté le maillot de l'équipe de France pour la dernière fois. Je dois sortir les joueurs de ce confort dans lequel je les ai installés. Un confort où les excuses permanentes disculpent les joueurs de prestations consternantes. Un confort où le retard de certains, dimanche, lors d’une réunion programmée à 10h15, et les sourires des autres ont particulièrement agacé le sélectionneur. En aparté, ses adjoints confiaient leur honte pendant les trente premières minutes du match.

Le staff du XV de France (Saint-André, Lagisquet et Bru) a eu du mal à encaisser la défaite contre les Gallois
Le staff du XV de France (Saint-André, Lagisquet et Bru) a eu du mal à encaisser la défaite contre les Gallois

Pendant ce temps, le silence des dirigeants…

Si les grandes gueules de l’ovalie (Bernard Laporte, Serge Simon en tête) ont condamné la sortie de Philippe Saint-André, son prédécesseur a conforté les dires du Goret. Je crains que le rapport à l’image de certains joueurs fait, que du coup, ils manquent de courage, ils n’osent pas s’exposer, prendre des risques, se mettre en danger, a insisté Marc Lièvremont. Alors qu’à un moment, dans la construction d’un groupe, dans la construction d’un joueur, il faut passer par cette période-là. Il faut prendre des risques. Il faut y aller quoi !  Le temps des "sales gosses" de Wellington, après la défaite des Bleus face au Tonga en Coupe du monde 2011 (19-14), n’est pas encore venu.

Les Bleus de PSA seront-ils vexés ? L’esprit de rébellion sera-t-il au rendez-vous le 15 mars prochain contre l’Italie ? En attendant cette révolte des âmes, le mal, lui, est bien plus profond. Les Bleus se ridiculisent dans le silence de leur gourou, Pierre Camou. Le rugby français s’asphyxie dans le silence de son surveillant, Paul Goze. La fin d'un système dénoncé par Philippe Saint-André n’a jamais semblé aussi indispensable. Il suffit de garder les yeux ouverts : tout se charge de signification... Espérons pour le XV de France que Pierre Camou et Paul Goze s'inspirent d'Antonioni et ne ferment plus les yeux.

Pierre Camou (président de la FFR) aux côtés du Premier Ministre Manuel Valls lors de France-Galles (28 février 2015
Pierre Camou (président de la FFR) aux côtés du Premier Ministre Manuel Valls lors de France-Galles (28 février 2015
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