Il n'a fallu que six mois à Joe Schmidt...

Par Julian Vicente
  • oe Schmidt - 08.03.2014 - Irlande / Italie - Tournoi des 6 Nations -Aviva Stadium -Dublin
    oe Schmidt - 08.03.2014 - Irlande / Italie - Tournoi des 6 Nations -Aviva Stadium -Dublin
  • Joe Schmidt - 22.02.2014 - Angleterre  Irlande - Tournoi des Six Nations 2014
    Joe Schmidt - 22.02.2014 - Angleterre Irlande - Tournoi des Six Nations 2014
Publié le Mis à jour
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Il n'aura fallu que quelques mois au Néo-Zélandais Joe Schmidt, aussi fin tacticien que psychologue, pour faire renaître l'équipe d'Irlande qui se retrouve samedi contre la France aux portes d'un douzième titre dans le Tournoi des six nations.

De l'équipe de son lycée de Palmerston North en Nouvelle-Zélande -où il était professeur d'anglais- à la province irlandaise du Leinster avec qui il a remporté deux titres de champions d'Europe (2011, 2012), un Challenge européen (2013) et une Ligue celte (2013) en passant par Clermont où il a contribué à la conquête du seul titre de champion de France du club auvergnat (2010), partout où Joe Schmidt passe, il apporte le succès. Arrivé en juillet 2013 à la tête de l'Irlande, il a remis sur pied en l'espace de six mois un XV du Trèfle moribond qui restait sur une 5e place dans le Tournoi sous la direction de Declan Kidney.

En novembre, son équipe n'était qu'à 20 secondes de battre les All Blacks pour la première fois en 108 ans. "Etre à quelques secondes d'écrire l'histoire, avec le ballon entre nos mains, dans leur camp et ne pas y arriver, c'est affreux", confiait-il alors. La tournée de novembre a été un apprentissage pour le technicien qui, à 48 ans, n'avait jamais dirigé de sélection. Malgré un bilan de deux défaites pour une victoire, son groupe a pris conscience de ses possibilités et apprivoisé un jeu plus complet. S'il a conservé comme adjoint Les Kiss, Joe Schmidt a fait venir pour entraîner les avants le Sud-Africain John Plumtree, l'ancien entraîneur des Natal Sharks (deux Currie Cup en 2008 et 2009) connu notamment pour son travail de précision sur les rucks.

Une autorité naturelle et des résultats

Les premiers résultats ont été visibles dès le Tournoi. Le pack irlandais, renforcé de jeunes talents comme O'Mahony ou Toner, a retrouvé toute sa puissance et sa technique, illustrées par les ballons portés imposés aux double tenants du titre gallois. Et sa ligne de trois-quarts déploie un jeu d'attaque huilé autour d'un axe Sexton-d'Arcy-O'Driscoll-Kearney qu'il a lui-même porté au sommet avec le Leinster. Son équipe a également fait preuve d'une remarquable capacité d'adaptation: rugby d'attaque contre l'Ecosse et l'Italie, jeu tactique et d'occupation servi par la botte de Jonathan Sexton contre le pays de Galles.

La science du jeu de Joe Schmidt est unanimement reconnue depuis qu'il a fait du Leinster une référence européenne, avec un bilan de 80 victoires en 99 matches. Il dégage aussi une autorité naturelle, mélange d'extrême rigueur et de sympathie communicative, que beaucoup attribuent à son passé d'enseignant. "C'est quelqu'un de perfectionniste, méticuleux, il peut passer des heures sur un détail technique, souligne le Clermontois Aurélien Rougerie. Et humainement, c'est un type bien, drôle, intelligent et à l'écoute."

Si on reste immobile, on se fait marcher dessus. Il faut toujours avancer

"Quand on finit l'entraînement, on a vraiment le sentiment d'avoir bien travaillé. Joe a un talent pour enseigner les choses et exiger le meilleur de gens", confie l'ancien demi de mêlée du Leinster Eoin Reddan. "Je ne veux pas changer la culture irlandaise, confiait récemment le technicien. Ce que je sais, c'est que si on reste immobile, on se fait marcher dessus. Il faut toujours avancer. Il faut savoir sortir de la facilité mais en même temps ne pas trop s'éloigner de ce qu'on sait faire le mieux."

Un nouveau défi s'ouvre à l'ancien professeur d'anglais: gagner à Paris où l'Irlande ne s'est imposée qu'une fois en 42 ans (en 2000). Une victoire serait synonyme de titre dans le Tournoi, le premier depuis 2009, le deuxième depuis 1985. Mais celui qui a contribué à briser la malédiction clermontoise (dix finales de Championnat perdues avant 2010) fera fi des statistiques pour ramener les choses là où il excelle: le terrain. "Je ne crois pas à la superstition. Je pense que c'est de la 'pensée parasite', ça empêche d'avoir une pensée logique sur ce qu'il faut faire sur le terrain, explique-t-il. Mais si on gagne le Tournoi en s'étant déplacé en Angleterre et en France, ce serait vraiment quelque chose de particulier."

Joe Schmidt - 22.02.2014 - Angleterre  Irlande - Tournoi des Six Nations 2014
Joe Schmidt - 22.02.2014 - Angleterre Irlande - Tournoi des Six Nations 2014
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