Harinordoquy : "Un challenge excitant"

Vous affrontez l’Irlande demain à l’Aviva Stadium, à quel accueil vous attendez-vous ?

Imanol HARINORDOQUY: Même si nous allons découvrir un nouveau stade, nous savons à quoi nous attendre en se déplaçant en Irlande. A Lansdowne Road, à Croke Park, la réception était toujours chaude, le public hostile et l’on se retrouve au milieu de cette ferveur, un peu tout seuls. Un tel environnement demande d’autant plus de maitrise, d’application et de concentration de notre part.

Peut-on comparer la rencontre que vous allez jouer dimanche avec celle que vous avez remportée le week-end dernier face à l’Ecosse ?

I.H: Cela n’aura rien à voir. Les Ecossais pratiquent un jeu un peu fou-fou. Nous sommes peut-être rentrés dans leur jeu samedi dernier. Ce qui explique que nous ayons perdu plus de ballons que d’ordinaire, mais il ne faut pas oublié qu’eux aussi en ont perdu sous la pression que nous leur exercions. Les Irlandais basent leur rugby sur les bases, la conquête et l’occupation. Ils n’hésitent pas à jouer au pied sans jamais se débarrasser du ballon. Ils ne jouent pas de partout comme peuvent le faire les Ecossais. La clé du match tournera autour de la conquête. C’est dans ce secteur qu’il faudra être meilleur que l’Irlande.

Justement, votre mêlée fonctionne très bien depuis des mois. Vous offre-t-elle quelques certitudes pour demain ?

I.H: La force de notre mêlée, c’est précisément que nous ne tombons jamais dans l’excès de confiance. C’est un exercice tellement aléatoire. D’une mêlée sur l’autre, la pression peut s’inverser alors d’un match sur l’autre…Mais c’est un domaine où l’équipe de France est performante et où il faut parvenir à être plus efficace.

C’est-à-dire ?

I.H: On aimerait mieux exploiter ce domaine où l’on se sent fort. Mais il ne suffit pas d’être fort. Encore faut-il être intelligent : ne pas perdre une énergie folle dans cet exercice sans bien exploiter les ballons qu’une mêlée nous offre. Contre l’Australie en novembre, nous avons dominé en mêlée pour le résultat que vous savez.

Quid de la touche, l’un des points forts irlandais ?

I.H: Pour moi, particulièrement, jouer l’Irlande est un challenge super excitant. Leur alignement est incroyable. On sait d’avance que c’est O’Connell qui va recevoir le ballon, mais c’est impossible de le lui piquer. Il nous faut donc bien se concentrer sur nos propres ballons, ne pas les perdre. Cette semaine, nous avons tenté de faire quelques petits réglages en touche pour ne pas perdre les mêmes ballons que contre l’Ecosse.

Comment expliquez-vous ces quelques ballons perdus la semaine dernière ?

I.H: D’abord, l’Ecosse a le droit d’avoir un contre efficace. Mais sur deux ballons au moins, c’est un problème de timing, de communication. La touche, ce sont des gammes, des gammes et des gammes. Il faut répéter des centaines de fois pour que cela soit parfait.

L’Irlande alignera demain Jamie Heaslip au poste de numéro huit. Que pensez-vous de ce joueur ?

I.H: Lui amène un peu de folie dans le jeu irlandais. Il est très dynamique et joueur. Il n’hésite pas à tenter des choses. Mais je crois que sa présence sur le terrain apporte surtout une confiance supplémentaire à ses partenaires. Parce qu’O’Brien qui l’a remplacé contre l’Italie, il n’est pas mal non plus. Heaslip rassure ses partenaires. Mais je sais aussi qu’il revient de blessure, qu’il n’est pas sur d’être à cent pour cent. A nous alors d’en profiter.