Tindall va-t-il être couronné ?

Après onze ans de carrière et 69 sélections, ce serait trop cruel, Mike Tindall pourrait manquer le match du grand Chelem, l'année où il a été nommé capitaine de l'équipe d'Angleterre et l'année où il doit épouser Zara Phillips, princesse de sang royal (petite fille de la Reine Elizabeth, excusez du peu). Et pourtant, c'est la triste vérité, l'Angleterre pourrait jouer son premier match à l'Aviva Stadium sans son leader, victime d'une entorse à la cheville au début du dernier Angleterre-Ecosse. A l'heure où nous écrivons ces lignes, la décision n'a pas été encore prise, mais les propos du staff n'était pas spécialement optimistes. Pour essayer de retrouver le goût d'un "carton plein" pour la première fois depuis huit ans, le XV de la Rose devrait donc faire appel à un troisième chef de meute car Mike Tindall avait été nommé à la suite de la blessure de Lewis Moody, présent à la journée de lancement du Tournoi mais qui n'aura pas joué la moindre minute de cette campagne. En leur absence, ce serait le troisième ligne Nick Easter qui hériterait des galons et les Anglais seraient couronnés avec trois capitaines: un virtuel et deux temporels. "La défection de Mike serait une mauvaise nouvelle, évidemment. Mais nos joueurs sont responsabilisés, ils savent se prendre en charge. Et puis, Matt Banahan a fait une bonne entrée à Twickenham, j'ai confiance en lui." Oui, bof , le colossal Banahan est avant tout un finisseur puissant, son sens de la passe n'est pas son point fort. Tindall n'est pas forcément Jo Maso non plus, mais si le jeu commande de la fluidité, l'Angleterre sera forcément affaiblie, à moins que Martin Johnson ne tente un pari du genre Wilkinson au centre aux côtés de Flood.

Levée à six mains ?

Ceci dit, historiquement l'Angleterre n'a jamais joué un dernier match du Grand Chelem devant une opposition aussi forte que cette équipe d'Irlande, battue contre le cours du jeu par le pays de Galles et par la France. En 2003, l'Angleterre avait déjà cueilli le titre à Dublin (42-6). Mais le potentiel des deux équipes n'étaient pas comparables même si l'Irlande jouait elle aussi le Grand Chelem. La puissance anglaise s'était imposée naturellement à l'image d'un essai final de Greenwood inscrit en marchant après que Mike Tindall ait marqué l'essai décisif.

Mais le XV de la Rose n'a plus gagné en Irlande depuis, soit trois défaites consécutives et les Anglais sont parfaitement conscients que les hommes de Brian O'Driscoll sont capables de les affoler. Eux ne s'imaginent pas vivre leur premier Tournoi à l'Aviva Stadium avec deux défaites. Pour une fois, leurs appels à la modestie ne sonnaient pas comme de la langue de bois. Et en cas de victoire, on se demande qui recevra le trophée, Tindall ? Easter ? Tindall en civil, en maillot, à quatre mains avec Easter ou à six avec Moody ?