Le bonheur des autres

Leur position n'est pas commode... Débarqués lundi après la défaite en Italie, l'assourdissant coup de gueule de Marc Lièvremont et l'éviction de Thion, Marconnet, Chabal, Jauzion, Rougerie et de Poitrenaud, les six joueurs rappelés dans le groupe France sont arrivés dans leurs petits souliers. Heureux – très heureux d'être là – mais forcément un peu gênés par le traumatisme d'un groupe lié à sa désillusion italienne et au départ d'un tiers de son effectif. Le sélectionneur a d'ailleurs bien insisté mardi sur le fait que les joueurs renvoyés chez eux "ne sont pas forcément plus responsables que ceux qui sont restés". Pas facile, dans ces conditions, de rejoindre Marcoussis, de se trouver une place et d'amener un peu de bonne humeur...

Pas facile, donc, mais ne comptez pas sur Jérôme Schuster, Pascal Papé, Alexandre Lapandry, David Marty, Fabrice Estebanez et Alexis Palisson pour s'arrêter à ça. "Le contexte est particulier mais c'est comme ça. Je n'allais pas refuser ma sélection non plus !", lance le deuxième ligne parisien. "Etre appelé en équipe de France, c'est toujours autant de plaisir pour nous, explique pour sa part Estebanez. Ce qu'il faut, c'est se fondre intelligemment dans ce groupe frustré et en colère."

Enthousiasme et détermination

Si seuls Marty et Palisson seront titulaires samedi face aux Gallois, les six nouveaux venus savent qu'ils ont un vrai rôle à jouer cette semaine: "On essaie de rassurer les autres joueurs, de leur remonter le moral, d'apporter un peu de fraîcheur pour mettre le cap sur le pays de Galles, livre Palisson. A l'entraînement et en dehors, on essaie de discuter un peu avec eux, de remettre un peu d'enthousiasme, de confiance dans le jeu..." Vaste programme... En tout cas, Marc Lièvremont ne leur a pas fait de grands discours à leur arrivée... "Il n'a pas eu besoin de nous expliquer ce qu'il attendait de nous en nous sélectionnant, assure Papé. Le message est clair : on doit amener notre envie, notre fraîcheur, notre motivation et notre détermination."

Et elles sont grandes, leur motivation et leur détermination. Car ces joueurs n'avaient pratiquement plus d'espoir de porter à nouveau le maillot tricolore avant l'officialisation de la liste des trente pour la Coupe du monde, le 11 mai prochain. Ils profitent donc d'une aubaine inespérée. "C'est notre dernière chance de montrer qu'on a notre place dans le groupe pour la Nouvelle-Zélande alors il faut en profiter", confirme Fabrice Estebanez. Et il paraît que là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir...