Petites histoires de grands chelems

Par Rugbyrama
  • 2004 6 Nations France Grand Chelem
    2004 6 Nations France Grand Chelem
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Samedi contre l'Angleterre, le XV de France pourrait remporter le neuvième grand chelem de son histoire. Un moment historique se prépare donc au Stade de France. Car un grand chelem est forcément magique. Retour sur les huit premiers.

1968

Le premier, qui date de 1968, restera forcément particulier. Privé du Grand Chelem l'année précédente par l'Ecosse, le XV de France avait pris sa revanche en s'imposant à Murrayfield lors du premier match avant de vaincre l'Irlande, l'Angleterre puis le pays de Galles. Une première historique, dont les joueurs n'avaient pas forcément pris la mesure sur le moment. "Honnêtement, j'ai joué dans des équipes plus fortes que celle de 1968. La seule différence, c'est la réussite, explique l'emblématique Walter Spanghero dans Midi Olympique. Ce grand chelem m'avait d'autant moins marqué qu'à l'époque, nous n'avons pas eu droit à une réception particulière à notre retour."

1977

Celui de 1977 s'est en revanche révélé beaucoup plus marquant. En effet, pour la seule fois dans l'histoire du rugby français, les quinze mêmes joueurs avaient disputé l'intégralité des quatre rencontres. Et ils n'avaient pas encaissé le moindre essai. "Ce grand chelem est la première étape de ma vie, se remémore le deuxième ligne Jean-Pierre Bastiat. Il a rejailli par la suite sur nos parcours respectifs. Nous nous sommes tous sentis plus forts et plus sereins. Aujourd'hui encore, dans ma vie de tous les jours, ce grand chelem continue à me porter." D'ailleurs, les "quinze" de 1977, parmi lesquels Gérard Cholley, Jean-Pierre Rives, Jean-Claude Skrela, sont restés très soudés. Ils sont à l'origine de la création des Barbarians français, qui exercent une très grande influence sur le rugby français.

1981

Le troisième grand chelem de l'histoire du rugby français ne restera pas le plus flamboyant. Le XV de France l'avait emporté de justesse lors de ses trois premiers matchs, avant de créer la sensation en s'imposant en Angleterre, face à l'équipe de Bill Beaumont, auteur du Grand Chelem en 1980. "Je me souviens des supporters anglais rentrant sur la pelouse à la fin du match, nous embrassant et nous félicitant, raconte le talonneur Philippe Dintrans dans Midi Olympique. A l'époque, le grand chelem représentait le titre suprême. Ce titre a à jamais changé mon destin." Il scellait la génèse d'une génération dorée, formée de joueurs encore emblématiques aujourd'hui, à l'image des Dospital, Dintrans, Paparemborde, Rives, Berbizier, Blanco, Codorniou ou encore Pardo.

1987

Le grand chelem de 1987 était probablement né quelques mois plus tôt, à l'occasion de la victoire des Bleus sur les All Blacks à Nantes le 15 novembre 1986. Jacques Fouroux avait su s'appuyer sur le groupe resté sur cet exploit pour se hisser sur le toit de l'Europe. Il avait bâti un pack ultra-solide, derrière une première ligne de fer (Ondarts-Dubroca-Garuet), et des arrières de légende tels Berbizier, Mesnel, Charvet, Sella ou Blanco. Franck Mesnel se rappelle : "En 1987, on avait le sentiment de rejoindre l'équipe de 1977, de partager leur histoire, de pouvoir les comprendre. Gagner le grand chelem n'existe pas dans les autres sports collectifs. C'est notre truc."

1997

Dix ans après leur dernier grand chelem, les Bleus de France étaient très attendus. Menés par un Christophe Lamaison au sommet de son art, ils avaient fait preuve de caractère lors de leur "finale" contre l'Angleterre. Menés (6-20) après 52 minutes, ils étaient au bord de l'implosion avant de réaliser une fin de match somptueuse, pour s'imposer (23-20). Deux semaines plus tard, l'Ecosse était balayée pour le dernier match du Tournoi au Parc des princes. Abdelatif Benazzi, alors capitaine, se rend compte aujourd'hui de l'importance de cette victoire : "Nous sommes en quelque sorte devenus immortels, parce que ce grand chelem est à jamais ancré dans l'histoire, confie-t-il dans Midi Olympique. Il m'a, par la suite, amené sur des terrains à responsabilité. Quand nous avions été reçus à l'Elysée, le président Chirac m'a pris à part pour me dire qu'il avait besoin de mon expérience pour aider les jeunes en difficulté. A travers cette fonction, j'ai permis à la FFR de prendre conscience de l'importance du développement du rugby dans les banlieues. J'en suis très fier."

1998

Avant le premier doublé de leur histoire, les Français semblaient mal en point. Trois mois après une défaite traumatisante face à l'Afrique du Sud (52-10) au Parc des Princes, ils portaient une lourde pression sur leurs épaules avant le premier match de leur histoire au Stade de France. Ils l'avaient finalement emporté, face à l'Angleterre (24-17). Lancés sur la voie d'un rugby total, les Français avaient ensuite réalisé deux démonstrations mémorables, en Ecosse (51-16), et face au pays de Galles (51-0) à Wembley. Le jeu débridé, prôné par le duo Skrela-Villepreux, mettait en exergue le talent d'Olivier Magne ou de Philippe Bernat-Salles. Il se souvient : "Disputer le Tournoi est un changement en soi. C'est la plus belle des compétitions. Il y a une ampleur médiatique, une histoire si forte…"

2002

Le septième grand chelem de l'équipe de France restera comme le premier réalisé depuis l'élargissement du Tournoi à une sixième équipe, l'Italie, en 2000. Il s'agissait du premier véritable fait d'arme de Bernard Laporte, en poste depuis deux ans. On se rappelle notamment que les Bleus avaient été sauvés par deux interventions de l'arbitre-vidéo dans les dernières minutes de leur victoire au pays de Galles (37-33). Un certain Imanol Harinordoquy avait fait ses premiers pas en équipe de France pendant ce Tournoi. Un autre troisième ligne, Serge Betsen, avait percé lui aussi : "Aujourd'hui, ce grand chelem m'accompagne en Angleterre, explique l'actuel joueur des Wasps dans Midi Olympique. Vivant à Londres, on me parle souvent du duel avec JonnyWilkinson au Stade de France. Huit ans après, les Anglais s'en souviennent encore."

2004

Le dernier grand chelem de l'histoire du rugby français aura permis à une génération dorée de faire ses adieux aux Bleus sur une bonne note. Les Galthié, Crenca et autres Brouzet étaient "partis la tête haute avec le sentiment du devoir accompli après la terrible désillusion du Mondial", assure Olivier Magne, recordman, aux côtés de l'ancien Toulousain Fabien Pelous, du nombre de grands chelem remportés par un seul joueur. "De mes quatre grands chelems, je dois reconnaître que celui de 2004 a vraiment une saveur particulière. Humainement, ce grand chelem a été très fort à vivre." La revanche après l'élimination en demi-finale de la Coupe du monde 2003 par les Anglais avait en effet fait sensation : "Nous ne pouvions rêver meilleure sortie que de battre l'Angleterre en finale au Stade de France lors du tout premier match en prime-time", conclut Magne.

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