L'étrange destin de Marconnet

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

Pour affronter le pays de Galles le vendredi 27 février, Marc Lièvremont a convoqué le pilier Sylvain Marconnet qui avait quitté les Bleus en 2007 sur blessure. Depuis deux ans, le joueur du Stade français a vécu un long chemin de croix. Retour une incroyable destinée.

La roue a finalement tourné. Depuis le 24 février 2007, Sylvain Marconnet se demandait si ce jour allait arriver. Au soir de ce 24 février, le pilier parisien vient de battre le pays de Galles sur le score de 32-21. L'équipe de France est en route pour un nouveau succès final dans le Tournoi des 6 Nations et personne ne semble pouvoir l'empêcher de figurer tout en haut du panthéon des piliers tricolores. Alors âgé de 30 ans, il compte déjà 71 sélections au compteur, effaçant Christian Califano des tables des records. L'avenir doit être radieux avec en point d'orgue la Coupe du monde à l'automne de cette même année 2007.

L'accident de ski

C'était sans compter sur un week-end au ski début mars. En jeune père de famille, l'ancien Grenoblois ne peut se refuser le plaisir d'une descente en compagnie de sa fille. Quelques virages faciles et une chute dramatique. La sentence tombe : double fracture tibia péroné. L'opération est pratiquée en urgence et les staff médicaux de l'équipe de France et du Stade français se lancent dans une véritable course contre la montre pour que Sylvain Marconnet puisse tenir sa place à la Coupe du monde. Le pari paraît fou mais le Parisien attaque la rééduction tambours battant. Début juin, Bernard Laporte le convoque dans le groupe des trente nommés pour participer à la Coupe du monde. Début juillet, Marconnet s'accroche et débute la préparation. Ses progrès sont flagrants et son retour est alors envisageable. Mais le rêve s'arrête net le 20 août 2007. Il paie cash les efforts fournis pour revenir rapidement sur les terrains. Alors qu'une cheville le fait souffrir depuis le 27 juillet, les médecins diagnostiquent une fissure de la malléole et décident d'opérer le pilier français. Sylvain Marconnet quitte l'équipe de France le 23 août des sanglots dans la voix et la larme à l'oeil.

Un long retour

Cette nouvelle opération est dure à digérer. La déception est grande et les efforts consentis depuis le mois de mars pèsent tant physiquement que moralement. Sa rentrée sur les pelouses est initialement prévue début octobre. Une rentrée sans cesse repoussée. Le joueur préfère alors ne plus indiquer de date précise. Il s'entraîne seul et enchaîne les séances avec Renaud Longuèvre, le préparateur physique de l'athlète Ladji Doucouré, champion du monde du 110m haies. Il s'exprime finalement à le 14 janvier 2008 lors de son retour aux entraînements collectifs du Stade français. Il pense pouvoir rejouer trois semaines plus tard. Ce sera finalement le 26 janvier à Bourgoin. A la 58e minute, il remplace Rodrigo Roncero et le Stade français s'impose 31 à 16 à Pierre-Rajon. Onze mois après sa chute en ski, ce natif de Givors savoure son plaisir.

Pas de sélection en 2008

Un plaisir fragile puisque Sylvain Marconnet, après trois apparitions en Top 14, est de nouveau à l'arrêt pour trois semaines à partir du 17 février en raison d'une inflammation de la cheville gauche. Pourtant ses premières foulées, malgré une condition physique encore approximative, ne sont pas passées inaperçues. Le 13 février, Marc Lièvremont, tout nouveau sélectionneur du quinze de France, pense à lui pour affronter l'Angleterre mais il refuse. Frustré par les retours manqués ou précipités, il ne veut prendre aucun risque. Sa fin de saison est faite de hauts et de bas, de quelques bouts de matchs et de plusieurs retours à l'infirmerie pour des petits bobos. Difficile de s'affûter dans ces conditions. Marconnet redevient un joueur anonyme du championnat de France. Son nom n'est même pas évoqué lors de la tournée automnale.

Mais la satanée roue a donc tourné. Lecouls s'est blessé en Irlande, Mas n'a pu tenir qu'une mi-temps face aux Ecossais en raison d'une déchirure aux adducteurs, Boyoud doit encore travailler. Le Parisien tient sa chance. Polyvalent et expérimenté, l'oublié de 2008 est presque attendu comme le messie d'une équipe en manque de leader et de forts en gueule. Deux ans, quasiment jour pour jour après ses derniers pas en bleu et toujours face au pays de Galles, Sylvain Marconnet va écrire un nouveau chapitre dans sa longue carrière internationale. Une 72e sélection qui aura certainement le même goût que la première. C'était au siècle dernier. En 1998 face à l'Australie.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?