Elissalde: "Pas des extra-terrestres"

Par Rugbyrama
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Absent lors des deux derniers matchs, Jean-Baptiste Elissalde effectue son retour à la mêlée pour la "finale" du Tournoi à Cardiff. Preuve que le demi de mêlée toulousain est toujours le taulier du poste chez les Bleus. Pour lui, le XV de France ne doit p

Jean-Baptiste Elissalde, est-ce compliqué de se remettre dans le bain quand on a quitté le groupe sur blessure comme ce fut votre cas dans ce Tournoi?

Jean-Baptiste ELISSALDE: Le plus dur, c'est de savoir qu'on laisse son club dans la difficulté. A Toulouse, il y a beaucoup de blessés, c'est compliqué. Après, revenir ici à Marcoussis, c'est toujours un plaisir, beaucoup de bonheur. On se replonge très vite dans le bain. Un entrainement, une séance vidéo, et c'est reparti.

Vu de l'extérieur, quel regard avez-vous porté sur les matchs face à l'Angleterre et l'Italie?

J.B.E. : Curieusement, quand tu es dans le groupe, tu t'occupes à fond de ce qui se passe. Mais quand tu n'es pas dans le groupe, comme c'était mon cas face à l'Angleterre et l'Italie, tu es trop concerné pour ce qui se passe dans ton club pour avoir la tête aux Bleus. Et c'est pareil quand on est à Marcoussis. Je n'ai pas le temps de penser à Toulouse. J'ai regardé le match face à l'Italie comme j'ai regardé La Rochelle-Pau juste avant. En spectateur attentif, c'est tout.

Samedi, le pays de Galles jouera pour réussir le Grand Chelem. Les Gallois sont-ils redevenus des terreurs?

J.B.E. : C'est une belle équipe. Mais il ne faut pas s'en faire une montagne non plus. Ce sont les mêmes joueurs qu'il y a un ou deux ans. Ce ne sont pas des extra-terrestres. Ce ne sont pas les All Blacks ou les Australiens. Ils ont des qualités et des défauts, même s'ils en ont visiblement corrigé une bonne partie depuis l'arrivée de Gatland.

Que pensez-vous de votre-vis-à-vis, Mike Philipps. C'est un gros gabarit pour un 9, non?

J.B.E. : Ça ne me pose pas de problème. De toute façon, à part contre Pierre Mignoni, je suis toujours face à des plus gros que moi. En plus, on se croise finalement assez peu entre demis de mêlée. Défensivement, mon travail, c'est davantage des plaquages de poursuite, face à des joueurs qui franchissent, comme des centres, ou des troisièmes lignes. Cela dit, Philipps est capable de franchir. Il nous avait fait mal d'ailleurs il y a quelques années.

Le Millennium peut devenir une véritable caisse de résonnance. Ça vous inquiète?

J.B.E. : Ça peut compliquer les choses au niveau des annonces en touche. D'autant que les spectateurs ont bien compris le truc maintenant. Avant chaque touche de l'équipe adverse, ils font un maximum de bruit pour gêner les annonces. J'ai remarqué ça sur plusieurs stades cette saison. On essaiera d'en parler à l'arbitre avant le match pour pouvoir se regrouper quelques secondes avant chaque touche.

Quand on a vécu les émotions d'une Coupe du monde et qu'on a 30 ans comme vous, jouer la victoire dans le Tournoi, est-ce toujours aussi excitant?

J.B.E. : Oui, c'est toujours la même connotation. On va jouer une forme de finale, avec un enjeu. C'est une grande chance, un grand bonheur. Vraiment. Après, bien sûr que ce n'est pas aussi intense qu'un match éliminatoire en Coupe du monde, où on sait qu'il n'y a pas de lendemain. Ce n'est pas comparable. Mais le plaisir et la fierté sont là.

Cette Coupe du monde vous a installé comme le titulaire au poste de demi de mêlée. Etes-vous toujours le numéro un?

J.B.E. : La donne est différente. Nous ne sommes plus deux ou trois, nous sommes cinq ou six quasiment. On a toujours envie d'être le numéro un et de revenir en équipe de France. Morgan Parra a sans doute envie de revenir, Julien Tomas aurait voulu jouer davantage contre l'Italie. La concurrence fait toujours du bien. Mais tout va très vite. J'ai longtemps pensé que j'étais numéro 3 avant la Coupe du monde. Après, j'étais content d'être dans le groupe. Quand j'ai su que j'étais numéro 2, j'ai tout fait pour devenir titulaire, et finalement, j'ai fini par l'être. C'était une fierté, parce que ce n'était pas gagné d'avance.

La Coupe du monde 2011 constitue-t-elle un objectif pour vous?

J.B.E. : Je ne me projette pas si loin. Je n'ai pas fait de plan de carrière. Je ne me suis pas dit que j'avais encore un, deux ou trois ans au top. Pour l'instant, je n'ai pas l'impression d'être trop vieux. Je ne suis pas dépassé par les évènements. Tant que ce sera comme ça, que je serais apte à jouer au haut niveau et reconnu comme tel, je serai là. 2011, pourquoi pas? Je n'aurai que 33 ans. On verra. Sincèrement, c'est trop loin. Tu peux te blesser gravement, ne plus être dans le coup, changer de club, des jeunes peuvent arriver. Etre là déjà samedi, ça suffit à mon bonheur.

Le jeu prôné par le staff est très ambitieux. Que faut-il pour que l'équipe de France arrive, à terme, à jouer comme Toulouse?

J.B.E. : A Toulouse ou ailleurs. On ne joue pas différemment à Toulouse ou à Paris. A Toulouse, on défend bien, on joue au pied, plus qu'on pourrait le croire, on occupe le terrain. Disons que pour arriver à une cohérence identique à celle d'un jeu pratiqué en club, avant tout, il manque du temps. Il faut que tout cela se mette en place, avec du travail, des matchs et de l'expérience. Ça ne viendra pas comme ça. Les tournées seront sans doute importantes pour parvenir à mettre en place quelque chose de plus structuré.

Mais les sélectionneurs n'auront jamais autant de temps qu'à Toulouse. La sélection, c'est un éternel recommencement...

J.B.E. : Vous avez raison, mais ça doit être compensé par le fait qu'en équipe de France, vous êtes supposés disposer de ce qui se fait de mieux dans chaque club. Donc vous disposez de joueurs avec une énorme faculté d'adaptation, ce qui permet d'aller un peu plus vite et de compenser ce manque de temps justement. C'est l'intelligence situationnelle.

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