Parra attend son heure

Morgan Parra est un cas à part dans le groupe des 22 dévoilé par Marc Lièvremont pour les deux premiers matchs du Tournoi, en Ecosse et face à l'Irlande. Il est sera le seul à ne pas avoir débuté une de ces deux rencontres. Tous les autres auront droit à cet honneur, y compris les autres novices, Brugnaut, Méla, Faure, Trinh-Duc et Malzieu. Le petit de mêlée berjallien, lui, devra encore attendre son heure. "Je suis déjà super content d'être là ", assure-t-il, comme pour chasser toute idée de déception. "Je ne peux quand même pas me plaindre. Je ne pensais pas être appelé pour le Tournoi." A 19 ans, il a effectivement tout le temps de goûter à sa première titularisation.

Pour l'heure, le staff a estimé que le risque de le griller était trop important. "On croit énormément en lui pour l'avenir, mais, même s'il possède une grande maturité par rapport à son âge, c'est peut-être encore un peu tôt pour qu'il débute ce match, confiait Marc Lièvremont mercredi. Puis Jean-Baptiste Elissalde sait gérer comme personne la dimension stratégique d'un match." Pas de souci pour Parra, qui ne se voit d'ailleurs pas comme un concurrent du taulier toulousain. "Jean-Baptiste sait que je suis derrière lui, que je suis là pour apprendre."

Gérer l'attente

Le contact entre l'ancien et le jeunot s'est noué progressivement depuis 10 jours. Peut-être, justement, parce que Morgan Parra a parlé "d'ancien" à propos d'Elissalde. Ce dernier a fait semblant de s'en émouvoir. "Ce n'était pas méchant, sourit le prodige du CSBJ. Mais il n'y a aucun souci. Si j'ai des questions, des doutes, je n'hésite pas à lui parler et il est tout à fait prêt à m'aider. Tout se passe bien. Mais j'ai surtout posé des questions sur l'organisation ici à Marcoussis, sur la vie du groupe, plus que sur le jeu lui-même".

En attendant sa première titularisation, il observe, écoute, et découvre. Après sa première cape, longue d'un petit quart d'heure à Murrayfield, il s'apprête à connaître le frisson du Stade de France. "Ce sera la première fois que j'y joue. Je ne le connais que comme spectateur. Je suis impatient bien sûr, mais je dois faire attention à ne pas tomber dans l'euphorie ambiante." Il semble à l'abri d'un tel écueil. On le sent extrêmement calme, en dépit de son ascension ultra-rapide. "Je ne ressens pas de stress particulier, je ne vois pas de raison pour ça d'ailleurs ", assure-t-il tout naturellement.

En Ecosse, l'affaire était pliée à son entrée en jeu. Si l'affaire s'avère plus corsée contre les Irlandais, pas sûr que Lièvremont le jette dans l'arène. Peut-être aura-t-il trop besoin d'Elissalde. Mais sait-on jamais? Morgan, lui, se prépare comme si de rien n'était. "Titulaire ou remplaçant, j'aborde le match de la même manière. La seule chose un peu difficile, c'est de ne pas savoir quand on va rentrer. Il faut gérer l'attente, ça crée un peu de flottement. Pendant lematch, sur la touche, il faut observer, analyser, surtout à mon poste." A l'entendre parler ainsi, on a peine à croire que Morgan Parra n'a que 19 ans. On mesure mieux alors de quoi parle Marc Lièvremont quand il évoque sa maturité si précoce…