Bareigts : « J’en appelle à la raison »

Par Gérard PIFFETEAU
  • Avant la crise, Jean-Louis Bareigts (à gauche) et son club avaient été honorés par la visite de Michel Macary. Photo DR
    Avant la crise, Jean-Louis Bareigts (à gauche) et son club avaient été honorés par la visite de Michel Macary. Photo DR
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Jean-Louis Bareigts est le Président d’un club fier de son passé et des hommes qui l’ont servi. Il affirme des raisons de croire en l’avenir.

Mon appel téléphonique à Jean-Louis Bareigts n’avait d’autre but que d’évoquer avec le président du Peyrehorade Sport le bon parcours de son club. Autour de nous, la situation sanitaire était grave et le thème rugby est naturellement devenu secondaire, presque dérisoire, alors, Jean-Louis Bareigts d’ordinaire discret sur ses considérations personnelles s’est ouvert.

Dans le flot de ce bel échange empreint d’une grande sincérité, j’ai découvert une personnalité forte qui ne peut laisser indifférent. Sa première remarque sur l’après crise avait valeur d’utile leçon : "J’en appelle à la raison. La FFR a beau prendre des mesures, si on ne fait pas le travail de formation et d’éducation, le club dont nous avons la charge sera pénalisé et nous allons dans le mur. Le rugby ne sera plus un sport de masse... Mais je crois à la sagesse des hommes."

C’est en ouvrant sa sphère personnelle, plus intime, que le président révèle la sagesse qui l’habite, forgée dans les obstacles qu’il a dû surmonter. Lui seul peut raconter la souffrance endurée et le retour à la vie : "En 1980, à 22 ans, sur le terrain d’Orthez, j’ai été victime d’un accident de jeu qui m’a laissé tétraplégique à 80 %. Au bout d’un an d’un combat quotidien j’ai eu la chance de pouvoir me mettre debout. J’ai été accompagné par ma famille et tous les membres du club."

Quatre titres nationaux

Durant toute une année, pas un seul soir il est resté sans visite. "Je ne pourrai jamais oublier la rencontre de ces gens qui m’ont donné l’envie de me battre. Je peux maintenant en parler des heures tellement l’accident qui m’a paralysé alors que je vivais ma passion est toujours très présent dans mon esprit. J’ai beaucoup de chance d’avoir croisé dans ces moments-là les bonnes personnes. C’est ainsi que le rugby prend tout son sens et j’ai envie d’en faire encore plus pour lui rendre ce qu’il m’a apporté."

Avant son accident, Jean-Louis Bareigts était agriculteur, le voici sur les bancs de la Fac pour décrocher un diplôme de secrétaire de mairie. Le temps a passé, en mai, il a fait valoir ses droits à la retraite de Directeur Général des Services de la mairie de Peyrehorade (DGS). Il se projette : "J’aurai un peu plus de temps à consacrer au club." Comprenez que le rugby va continuer d’occuper sa vie. De 1980 à 88, il lui a fallu huit ans pour revenir dans le giron ovale, mais la suite du "PS" s’est écrite avec lui. De 1989 à 2000 Jean-Louis Bareigts a été champion de France avec les quatre équipes du club. Exceptionnel. En Fédérale 2 (1994) il a battu le Stade français de Max Guazzini. Avant que nous nous quittions, il nous a fait cet aveu : "L’important c’est demain. Je ne serai jamais président d’un club professionnel mais le professionnalisme qui gagnera sera celui qui aura le plus conservé son visage humain." à méditer…

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