Saint-André: "Jusqu’à présent, le XV de France fonctionnait comme la Roumanie ou les Fidji..."

Ce qui est horrible en France, c’est qu’il faut un échec ou une tragédie pour que l’on réagisse. S’il a pris du recul avec le monde du rugby, Philippe Saint-André garde toujours un œil sur ce qu’il se passe en France. Et comme bon nombre de personnes, il déplore le fonctionnement du rugby français. Surtout en matière de formation. L’une des bases des résultats catastrophiques des Bleus depuis des années. Pour lui, il est urgent que les choses changent. Et il donne du crédit à la nouvelle convention LNR/FFR.

C’est une vraie avancée !, se réjouit même l’ancien sélectionneur dans Midi Olympique. Je remarque que, sur les 15 mesures phares, il y en a une douzaine que je réclamais depuis le début de mon mandat. A l’époque, je passais pour un fou et je prenais des tirs de toutes parts. La convention va donner les moyens à Guy Novès de travailler à égalité avec les autres nations. Avant d’enchaîner. Il était urgent de réformer la gestion des joueurs internationaux. Le rugby français est l’une des deux économies les plus importantes à l’échelle mondiale, aussi bien de par ses clubs que sa sélection. Or, jusqu’à présent, l’équipe de France fonctionnait comme la Roumanie, les Fidji ou les Samoa. Je dis tout ça sans leur manquer de respect.

On aura réalisé un sacré bond en avant le jour où le ballon ne sera plus une contrainte pour le joueur

Bien sûr, PSA regrette de ne pas avoir bénéficié de ces avancés. Et souligne aussi que le potentiel français s’est amenuisé. Il est pour lui indispensable de se pencher sur le cas des jeunes. Avouant au passage ne pas avoir trouvé tous les clés avec cette génération, au tempérament différent de leurs ainés. Il pointe du doigt la technique individuelle. Il faut la travailler au quotidien et ne pas se contenter de mouvement général. Faire 200 passes dans l’année ou en faire 200 chaque semaine, ce n’est pas la même chose. On aura réalisé un sacré bond en avant le jour où le ballon ne sera plus une contrainte pour le joueur, mais appréhendé comme une partie de son corps.

Il faut privilégier les Français sur les feuilles de match pour qu’ils soient régulièrement titulaires en Top 14 alors qu’aujourd’hui, ils sont en concurrence avec des joueurs de classe mondiale, souligne également Saint-André, satisfait qu’avec la nouvelle convention adoptée, le sélectionneur ne subisse plus le calendrier du Top 14 comme nous l’avions fait depuis dix ans. Histoire de ne pas revivre l’humiliation du Mondial 2015. Une trace indélébile pour Saint-André. Je resterai à jamais l’entraîneur qui a pris 60 points face aux All Blacks en quarts de finale de Coupe du monde...

Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Philippe Saint-André en pages 2-3 de Midi Olympique...