Le président de la République face au(x) XV de France

  • Emmanuel Macron en visite à Marcoussis avec le XV de France
    Emmanuel Macron en visite à Marcoussis avec le XV de France
  • XV de France - Emmanuel Macron avec le XV de France
    XV de France - Emmanuel Macron avec le XV de France
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XV DE FRANCE - Ce lundi, Emmanuel Macron a rendu visite aux équipes de France masculine et féminine. L'occasion d'un repas, d'une rencontre et d'un échange à bâtons rompus terminés par ces mots du président de la République : "La gagne". Dans la ligne de mire des Bleu(e)s : le titre mondial.

C’est un rendez-vous en terrain connu. Celui des présidents de la république qui viennent régulièrement, selon l’actualité, à la rencontre des sportifs français qui préparent leurs grandes compétitions internationales. La valse des photos et des mots d’encouragements pour incarner le soutien du pays derrière ses incarnations sportives, hélas sans que le regard que porte notre société sur le sport n’en soit jamais bouleversé.

Emmanuel Macron ne déroge pas à la règle. Il est un habitué des lieux, pour avoir déjà poussé les portes du domaine des Bleus, au Centre National du Rugby à Marcoussis. C’était en 2019, alors que l’équipe de Jacques Brunel préparait le Mondial au Japon. Sa nouvelle visite aux joueuses et joueurs des XV de France, à quelques jours des affrontements face à la Nouvelle-Zélande (samedi à Castres pour les filles ; le soir au Stade de France pour les hommes), s’inscrit forcément dans une forme de tradition.

Ce qui change, c’est le format. Le président de la République n’a pas fait que passer à table, aux côtés de Bernard Laporte, Serge Simon, Fabien Galthié, son staff et de l’ensemble des joueurs. En compagnie de son épouse Brigitte, il a honoré une promesse faite le 14 décembre 2020 jour du tirage au sort de la Coupe du monde 2023. Avant de retrouver les Bleus, il a d’abord rencontré les féminines de la capitaine Gaëlle Hermet pendant un gros quart d’heure au cœur de la résidence du XV de France. Instants décontractés. Sourires des internationales fières de l’honneur qui leur était ainsi fait. Gaëlle Hermet et la manager Annick Hayraud œuvrent aux discours de circonstance. Remerciements et applaudissements. Derrière, le président pose l’ambition et le cap à suivre : 2022, année de Coupe du monde des Bleues en Nouvelle-Zélande (8 octobre – 12 novembre). L’invitation est enfin lancée pour venir assister à un match sur l’île au long nuage blanc en Nouvelle-Zélande. "D’accord, mais ça ne dépend pas de moi… (rires de la salle, rapport à l’élection présidentielle). Mais, promis, je viendrai vous voir pendant le prochain Tournoi. C’est le bon timing. Promis."

En cette froide journée d’automne au ciel de craie sans lumière, le CNR s’était longtemps figé dans l’attente de cette visite. Baigné par le silence à l’extérieur, bouillonnant à l’intérieur. Depuis les premières heures du matin, les lieux avaient été pris d’assaut par les services de sécurité : aucune livraison acceptée, et des entrées sur le site qui se font au compte-goutte. C’est un drôle de ballet qui s’est formé au gré des arrivées au poste de garde (vérification des identités et des Pass Sanitaires) et dans le grand hall du bâtiment entre flics, démineurs (il faut avoir vécu l’expérience de se retrouver aux toilettes, avec les chiens qui font la visite de sécurité), services de com’, infirmière en charge des tests PCR, employés de Marcoussis, préfet, dirigeants fédéraux et autres joueurs ou entraîneurs en survêtement tricolore. Même pour les Bleus, ce n’est pas toujours facile de trouver son chemin, et de garder ses habitudes...

Un vrai partage d'expériences

Surtout quand le Président vient s’asseoir à votre table et qu’il passe ensuite une bonne heure auprès des partenaires d’Antoine Dupont, dont il fêta l’anniversaire à son arrivée, pour une conférence inspirante si chère à Fabien Galthié (l’an dernier les navigateurs François Gabart et Thomas Coville, puis le chef Guy Savoy et Max Guazzini avaient ainsi échangé). L’idée ? Partager un peu d’expérience, apporter le témoignage d’un parcours, des facteurs clé d’un succès, des erreurs, réussites et, pour cette fois, du combat qu’induit l’arène politique. "Oui, c’est un vrai combat." pose d’emblée le président assis face aux joueurs, très attentifs. A ses côtés, Bernard Laporte, Serge Simon, Antoine Dupont, Fabien Galthié et Raphaël Ibanez, qui présente l’esprit de la rencontre. Aux murs, s’affiche un défi, une vision : "Objectifs champions".

XV de France - Emmanuel Macron avec le XV de France
XV de France - Emmanuel Macron avec le XV de France

A côté, la fameuse flèche du temps qui doit guider le parcours des Bleus jusqu’en 2023, avec les matchs et leurs résultats. Plus de victoires que de défaites. Le pool "médias" qui entoure les sorties présidentielles s’éclipsent. Décontracté, le président pose le cadre de son parcours jusqu’en 2017. Il insiste sur les mots. Cohérence, d’abord. "Parce que tout ce que l’on fait se construit en amont, pour moi ce fut bien avant le combat pour la Présidentielle." Point de rupture, ensuite. "Si j’étais resté dans ma zone de confort, je ne serais pas là. Il faut savoir prendre des risques, faire bouger les choses." Plus loin, il partage à propos de son engagement : "Ne jamais être l’otage des schémas établis, du passé. Ne jamais vivre dans le regard des autres, moi je n’ai jamais cherché à savoir ce que les gens pensaient de moi mais plutôt ce que je devais faire (...) On peut se tromper, mais jamais reproduire les mêmes erreurs. Et puis, il faut avoir l’esprit disponible. Pour gagner une compétition comme 2023, il faut se nourrir de l’expérience mais être disponible aux conditions qui sont devant vous. Le contexte est toujours radicalement différent."

Le président parle, écoute, jongle avec les questions de Karim Ghezal, Serge Simon, Grégory Alldritt ou Matthieu Jalibert, à propos de son avenir et d’un éventuel second mandat. Le message est construit autour du collectif, de la planification autour de l’objectif à atteindre et de la générosité. "Cette notion est essentielle : on la doit à ceux qui viennent nous voir et qui nous donnent du temps. C’est une question éthique, humaine et d'élégance."

Dans la salle de vie des Bleus, la demi-heure s’est écoulée d’un trait. Avant de poser pour la photo officielle et qu’Antoine Dupont offre au président les maillots dédicacés par le XV de France, Fabien Galthié termine la rencontre avec ses mots : "Je ne sais pas si l’on mesure le cadeau que vous nous faites. Chacun prendra sans doute beaucoup de ce moment que vous nous avez donné, c’est comme ça qu’une équipe grandit. Les joueurs étaient très attentifs, très impressionnés. Depuis le début de l’aventure, on a vécu de grands moments dans des stades combles. Là, dans une séquence plus intime, nous venons de vivre un très grand moment. Au nom de tous, je vous remercie chaleureusement." Et le Président de conclure : "Bâtissez cette évidence, c’est ce qui fera que quelque chose va s’imposer à vous et aux autres. Ensuite, continuez à grandir individuellement ; parce qu’il n’y a pas de grande équipe sans grands bonhommes (…) Je ne pense pas que l’on puisse gagner quelque grande compétition que ce soit si l’on se ment à soi-même ou que l’on oublie d’où l’on vient, qui on est et les valeurs qui nous ont forgées. Enfin, n’oubliez jamais que vous portez les couleurs d’un très grand pays. Ce pays qui nous dépasse, les couleurs qui sont les nôtres et le collectif que vous représentez, c’est aussi ce qui doit vous conduire à vous transcender. C’est cette part d’idéal qui, à un moment, doit vous porter."

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