Toulon - Lyon : Mignoni face à son ex-meute

Par Mathias Merlo
  • Top 14 - Pierre  Mignoni (Toulon)
    Top 14 - Pierre Mignoni (Toulon)
  • Pierre Mignoni, (Lou rugby).
    Pierre Mignoni, (Lou rugby).
  • Pierre Migoni a connu Lyon en Pro D2
    Pierre Migoni a connu Lyon en Pro D2
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TOP 14 - Jeudi soir, pour la 13e journée du Top 14, le directeur du Rugby Club toulonnais retrouvera le LOU Rugby, un club qu’il a marqué en son sein durant sept belles longues années. Un rendez-vous forcément particulier pour lui qui avait notamment amené Lyon au sommet de l'Europe, aux dépens de... Toulon.

Avec sa nouvelle bande marquée du muguet, Pierre Mignoni a décidé de préparer le rendez-vous lyonnais au Polo Club de Saint-Tropez – Harras de Gassin. Avec seulement cinq jours de préparation entre le succès face à Bath, en Challenge Cup, et la nouvelle réception des Rhodaniens, le staff varois a voulu optimiser le temps de récupération et de préparation.

Attablé en compagnie de James Coughlan, Romain Poite, Maxime Petitjean et de son nouvel ami Franck Azéma, Mignoni était du genre studieux face à ses ordinateurs. Après deux revers de rang à Mayol en Top 14 (Montpellier et Racing 92), Toulon a relevé la tête en Challenge Cup avec dix points récoltés sur dix possibles. Bien évidemment, le débriefing de la performance face à Bath était en cours, mais l’esprit était aussi braqué sur Lyon.

Pierre Mignoni, (Lou rugby).
Pierre Mignoni, (Lou rugby).

L’intéressé connaît l’effectif sur le bout des ongles. On n’oublie pas sept ans de vie commune, et surtout pas un club qu’il a façonné avec le soutien sans faille de Yann Roubert. Auréolé d’une troisième couronne continentale, le natif de Toulon avait surpris tout le monde en s’engageant avec le LOU, en 2015, alors pensionnaire de Pro D2. Le challenge était osé, et corsé : faire de Lyon un véritable club ambitieux au sein du relevé Top 14. Pour la première fois, l’actuel directeur du rugby du RCT était dans la peau du n°1, émancipé de Bernard Laporte. La sphère ovale pensait que Pierre Mignoni s’était mué en Pierrot le Fou. Et pourtant…

Dès sa première saison, il a marché sur le Pro D2 (117 points). D’années en années, en faisant marcher à plein régime la stratégie du "TouLyon" – de nombreux joueurs dirigés sur la Rade ont décidé de le rejoindre sur les bords du Rhône (Michalak, Bastareaud, Tuisova, Armitage, Bruni, Ivaldi, Taofifenua…) -, et grâce à des hommes fidèles autour de lui (Bruno, Gérard, Beal…), Mignoni a bâti un prétendant à la phase finale, puis au Brennus avec en point d’orgue deux demi-finales perdues face à Montpellier (2018) et Clermont (2019). Avant de céder face aux Cistes, son LOU avait fait tomber le Toulon de Galthié, à Mayol, au terme d’un quart de finale irrespirable (19-19 a.p., 2 essais à 1 pour Lyon).

Pierre Migoni a connu Lyon en Pro D2
Pierre Migoni a connu Lyon en Pro D2

Au bout du chemin, il y a eu l’heure de gloire avec des louveteaux formés ou post-formés (Barassi, Couilloud, Lambey, Cretin). L’an passé, Pierre Mignoni et les siens ont battu Toulon en finale de la Challenge Cup, dans un Vélodrome acquis aux Varois. Face à son futur club, il a eu le triomphe discret, se terrant dans les entrailles de l’enceinte olympienne : "Je n’avais pas envie de m’étaler vis-à-vis des Toulonnais."

Toulon, chevillé au corps

Car s’il a voyagé au gré de sa vie professionnelle (Béziers, Dax, Clermont), Mignoni est toujours resté proche de son Toulon, son HLM du Port-Marchand, sa tour K 3. Le fils d’André et de Francine, employés municipaux, a la gouaille du Méditerranéen et le caractère qui va avec. En 2015, il s'est juré "qu’il finirait ici", chez lui, où il a appris le rugby et à chanter le Pilou-Pilou avec l’emblématique Marcel Bodrero. "Toulon est le plus bel endroit du monde pour entraîner, confiait-il en juillet dernier. Ici, tu dois rendre aux gens. C’est la règle. Quand tu comprends ça, notre job, c’est de le faire. Si tu as peur de gagner, ne viens pas à Toulon !"

Il avait laissé le RCT au sommet de l’Europe, et toujours qualifié pour la phase finale, il retrouve une entité en souffrance. Le chantier est grand, et c’est aussi pour cela qu’il a eu le désir de partager la tâche en duo avec Franck Azéma. L’envie était commune. Aux supporters, dont il est extrêmement proche, il a livré un discours de vérité estimant qu’il faudrait probablement du temps pour réinstaller Toulon en haut de la pyramide.

Dans un environnement encore marqué par la passion, et non pas par la pression - l’homme de 45 ans tient à ce que l’on fasse la différence -, Toulon se doit de bien finir une année civile marquée par l’inconstance. "Il y aura un sentiment de revanche face à Lyon, a assumé Bruce Devaux au moment d’évoquer le LOU. On a toujours des difficultés à jouer cette équipe et on a perdu pas mal de fois contre elle notamment lors d’une finale... Il va falloir mettre le casque à pointe, surtout à Mayol." Un discours à l’accent toulonnais que ne renierait pas son entraîneur, vers qui les regards seront tournés ce jeudi, 21 heures. Il n’en aura que faire dans un moment de la saison où Toulon (9e) a besoin de recoller au top 6. Ainsi va la vie de Pierre Mignoni.

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