Ouedraogo ciste dans l'âme

Par Rugbyrama
  • Fulgence Ouedraogo - Montpellier
    Fulgence Ouedraogo - Montpellier
  • Mamuka Gorgodze - Toulon
    Mamuka Gorgodze - Toulon
  • Louis Picamoles et Fulgence Ouedraogo (Montpellier)
    Louis Picamoles et Fulgence Ouedraogo (Montpellier)
  • Geoffrey Doumayrou (La Rochelle)
    Geoffrey Doumayrou (La Rochelle)
  • Julien Tomas de Pau
    Julien Tomas de Pau
  • Fulgence Ouedraogo
    Fulgence Ouedraogo
Publié le Mis à jour
Partager :

Seul rescapé de la finale de 2011 aligné ce soir à 21h face à Castres (Paillaugue blessé et Nagusa non retenu), Fulgence Ouedraogo, présent au club depuis quatorze ans et capitaine emblématique durant huit saisons (remplacé par Louis Picamoles cette année), est un l’étendard du MHR. Un leader incontournable raconté par trois de ses anciens coéquipiers.

"Pour moi il est toujours un aussi bon joueur qu’avant !", s’exclame le Toulonnais Mamuka Gorgodze, qui a côtoyé durant neuf saisons le flanker à Montpellier (2005-2014) : ""Fufu" est un élément clé pour le club. Il sera sur le podium de ses joueurs les plus emblématiques jusqu’à la fin de sa carrière et même après. Il y a beaucoup de personnes qui ont marqué l’histoire du MHR, mais lui l’a "vraiment" fait. "Fufu" et le club ont grandi ensemble. C’est l’âme de Montpellier. J’espère que les supporters se rendent compte à quel point c’est un "ancien" du club qui est en plus toujours en forme."

Mamuka Gorgodze - Toulon
Mamuka Gorgodze - Toulon

Taiseux de nature, le Géorgien n’a habituellement pas la flatterie facile. Hormis pour les joueurs qui ont gagné son respect et son devenu ses amis : "Il est arrivé avant moi en équipe première au MHR (2004 pour Ouedraogo et 2005 pour Gorgodze). "Fufu" était toujours disponible pour les mecs et moi. Il avait constamment le sourire et si tu avais besoin de quelque chose, il se démenait pour toi. Si tu voulais discuter avec lui, il était présent au téléphone ou sur les réseaux sociaux. C’était aussi mon capitaine, un très bon capitaine. Il savait où il devait intervenir et là où il ne devait pas le faire. Je n’aime pas les capitaines qui se prennent pour d’autres dans ce rôle, en se croyant au-dessus des autres. Fulgence était l’inverse. Il demandait à chaque fois l’opinion du groupe et brillait par l’exemple sur le terrain. Son successeur, Louis (Picamoles) est quelqu’un que j’adore aussi et avec lequel je suis toujours en contact."

Louis Picamoles et Fulgence Ouedraogo (Montpellier)
Louis Picamoles et Fulgence Ouedraogo (Montpellier)

Capitaine courage du MHR durant huit années, Fulgence Ouedraogo a laissé son brassard à son ami d’enfance, Louis Picamoles, revenu à la "maison" cette saison. Mais pour Julien Tomas, qui affrontait Ouedraogo (Pic-Saint-Loup) dans les catégories jeunes sous les couleurs de Montpellier avec Picamoles, "Fufu" reste un leader affirmé du groupe. Il replonge dans sa mémoire pour retracer leur parcours commun et décrire avec humour l’homme qu’il a rencontré à l’époque : "Il a rejoint le club en cadets, mais nous n’étions pas dans la même catégorie. Mais à partir des Espoirs et le centre de formation, on s’est côtoyés et rapprochés. Même choses chez les équipes de France jeunes où on a gagné en 2006 la Coupe du monde moins de 21 ans ensemble. A partir de 2004, on commencé aussi à s’entraîner avec l’équipe fanion et à gratter du temps de jeu. A l’époque, "Fufu" avait déjà un tempérament de gagneur. Il était assez réservé et entretenait le mystère sur sa vie privée. Il aimait rester avec nous, s’entourer de ses amis mais en parallèle, on n’avait pas d’informations sur ses petites histoires sentimentales. Alors qu’on était tout le temps ensemble ! Il a toujours été discret et un peu plus réservé lors des bringues."

2011 : main cassée et mental d’acier

Une image de garçon modèle qui a changé par la suite selon Geoffrey Doumayrou, présent au côté du numéro six héraultais à Montpellier, de 2008 à 2012. Le centre international note aussi l’importance du troisième ligne au sein du groupe : "Quel destin ! Il est arrivé du Pic-Saint-Loup au MHR comme François (Trinh-Duc) et moi, sauf que contrairement à nous, il est toujours resté là-bas. Malgré les années qui passent il termine encore cette saison second meilleur plaqueur du Top14, alors qu’on pensait que ça serait dur pour lui (arrivée de Camara et Bardy à son poste). Il est très important au sein du groupe car il aime bien passer du temps avec les joueurs, les inviter à manger chez lui. Il fédère autour de lui. Il très bien avec les Français comme les "étrangers". Il est remarquable à tous les niveaux ! J’ai beaucoup d’anecdotes sur lui en soirée en 2011, mais je ne peux plus rien dire aujourd’hui, car il s’est calmé. Mais il y a quelques années, il était "foufou"."

Geoffrey Doumayrou (La Rochelle)
Geoffrey Doumayrou (La Rochelle)

Le Rochelais n’en dira pas plus sur ses secrets de vestiaire, mais a noté un point important sur la personnalité de son ami : sa capacité à fédérer autour de lui. Julien Tomas poursuit : "Aujourd’hui, "Fufu", c’est le papa du MHR et le papa dans la vie. Il est l’ADN du club, et son socle. Il représente l’excellence, car malgré les nombreux changements au club et les périodes difficiles, il est resté. Il transmet toujours aujourd’hui aux nouveaux joueurs français et étrangers qui arrivent au club, l’identité héraultaise."

Julien Tomas de Pau
Julien Tomas de Pau

Un homme entier d’après le numéro neuf, prêt à se sacrifier pour ses proches : "C’est un mec franc qui ne triche jamais. Et lorsqu’il a vu un ami qui partage son ADN (Trinh-Duc) partir de cette façon du club (2016), ça l’a tellement touché, qu’il n’a pas pu s’empêcher de pousser son coup de gueule (référence à son tweet en 2016 en faveur de Trinh-Duc) pour défendre cette amitié fraternelle. Son coup de gueule a été reçu et entendu par le club, sans avoir d’incidences graves sur lui. Car il n’avait pas tord et surtout, il est le dernier à représenter l’ADN du club. Tu ne pouvais donc pas le lui reprocher à mon sens. (…) Cette saison, il n’a certes plus le capitanat mais si tu en mets un à Louis (Picamoles) et à lui le jour du match ou dans la semaine, c’est pareil ! Je pense qu’ils se complètent bien."

Fulgence Ouedraogo
Fulgence Ouedraogo

Fulgence Ouedraogo, l’âme de Montpellier, qui avait disputé en 2011 la finale du Top14 avec une fracture de la main. Julien Tomas : "C’est un guerrier ! Il a disputé les phases finales de 2011 avec une fracture du métacarpe. Il avait tellement mal… Mais c’était trop beau d’être là ! Je me souviens qu’il s’était strappé comme un malade pour la "demie" puis la finale et qu’il avait serré les dents s’en rien dire. Et je me rappelle qu’après la petite fête sur la Comédie à Montpellier sans le bouclier malheureusement, il avait une main comme une "patate". Pendant une semaine, il n’arrivait même pas à porter son verre… Cette anecdote résume parfaitement son caractère et son sens du dévouement."

Un joueur et un homme d’exception, devenu le combattant le plus emblématique de tous les temps à Montpellier. Un géant de l’Hérault, qui a une nouvelle-fois rendez-vous avec sa destinée ce soir au Stade de France face à Castres : "S’il pouvait être champion de France samedi, ça serait une très belle récompense. J’espère vraiment pour lui car le club s’est construit avec et autour de lui", conclut Geoffrey Doumayrou.

Par Julien Louis.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?