Toulouse : paroles de supporters en colère…

Ils n’aiment pas ce qu’ils voient en ce moment. Et ils le disent. Parce qu’ils sont "fatigués d’entendre et de lire que ça ira mieux demain" s’agace Laurence, 37 ans, une "habituée du Wallon". Président du "Huit", le principal groupe de supporters du Stade toulousain, Jean-Marc Arnaud le pense aussi, mais à mots feutrés : "On sent qu’il y a de la crainte et de l’inquiétude chez certains. Il serait peut-être temps de s’affoler un peu car les autres cavalent et nous on stagne".

Pas de grève, ni de sifflets…pour l’instant

Alors que certains attendent que "le Huit" appelle à la grève des abonnements ou cautionne les sifflets à l’encontre des joueurs, Jean-Marc Arnaud préfère "l’apaisement". Il émet quelques réserves quand même. Notamment "la grosse connerie d’avoir laissé partir Jean Bouilhou la saison dernière". "Tous ceux qui sont partis comme Jauzion, Poux ou d’autres connaissaient parfaitement la maison et ils n’ont pas été remplacés", rajoute-t-il. Plus inquiétant, ce passionné de rugby ne croit plus vraiment au modèle toulousain. "Il va falloir regarder la vérité en face et arrêter de dire que tout va bien au Stade toulousain. Pouvons-nous continuer à nous priver d’un mécène comme les autres ? Je ne crois pas", assène-t-il. Son alter ego des "Toulousains de Paris", Didier Saboulard a lui aussi vu "de la lassitude chez beaucoup d’entre nous" et, selon lui, tous "attendent avec impatience de revoir le vrai Stade toulousain".

"Si Novès laisse faire ça…"

Florent, abonné "depuis 10 ans", n’attend plus grand-chose en revanche. "On est devenu une équipe banale", souffle ce père de jumeaux, nés en 2011. "Ils ont vécu le dernier titre du Stade" rigole-t-il. Un qui rigole moins, c’est François, 55 ans, polo Rouge et Noir sur les épaules. "Ce sont des enfants gâtés qui n’ont plus faim, plus envie de se mettre minable car ils ont trop gagné" râle -t-il. Sans prendre de pincette, il prône "un coup de balai pour régénérer le groupe". "Que ceux qui n’ont plus envie s’en aillent au lieu de souiller le maillot" lâche-t-il énervé. Jean-Marc, 43 ans, est plus indulgent avec les joueurs "qui ne peuvent pas être devenus tous mauvais en deux ans". Ses griefs, il les réserve plutôt au staff : "Je ne vois aucune remise en question de leur part" accuse-t-il. "Dans toutes les entreprises, quand les responsables n’ont pas de résultat on leur demande de partir. J’ai toujours été un grand fan de Guy Novès mais c’est lui le chef et s’il laisse faire ça depuis deux ans, il faut se poser les bonnes questions et ne pas avoir d’états d’âme" estime-t-il. "Il faudrait aller voir ce qui se fait ailleurs, comme en Angleterre par exemple" préconise-t-il.

"Personne d’aussi mauvais" que Pulu et Tialata…

A l’instar de beaucoup d’autres supporteurs que nous avons croisé cette semaine, Jean-Marc pointe également du doigt "cette mêlée qui n’avance plus". "Coacher c’est un métier" estime-t-il. Sylvie, la trentaine, qui est du même avis et vise clairement l’entraîneur des avants : "Servat était un grand joueur mais il n’a aucun talent pour entraîner les autres". Pour Franck qui se souvient d’un "pack qui faisait peur à la France entière" la conquête toulousaine actuelle "est une insulte au passé". Laurent, lui, a trouvé ses têtes de Turc: "Quand je regarde l’effectif des autres clubs, je ne vois personne d’aussi mauvais que Pulu et Tialata". "On a eu du gâteau pendant si longtemps, il va peut-être falloir s’habituer au pain rassis" conclut un de nos interlocuteurs. La digestion s’annonce douloureuse…