Toulon a de l'appétit

Toulon a déjà réussi son pari en s'invitant dans le dernier carré. Seul nouveau du quatuor, le RCT a réussi sa saison en bouleversant la hiérarchie du Top 14. Surtout, les objectifs du début de saison sont atteints depuis longtemps puisque le président Mourad Boudjellal avait demandé à ses troupes de se qualifier pour la prochaine Coupe d'Europe. La mission est remplie depuis bien longtemps et ses joueurs peuvent même lui faire un cadeau en lui offrant un titre dès sa deuxième saison au plus haut niveau, que ce soit en remportant le Challenge européen, ou alors en remportant le Bouclier de Brennus. Cela tiendrait presque du miracle.

"Dès le début de saison, nous nous sommes fixés comme objectif de finir dans les six premiers," reprend Philippe Saint-André pour expliquer la présence de son équipe en demi-finale, "Au vu de la qualité des joueurs, de l'organisation et des structures mises en place, je pensais que c'était possible. Et puis, notre excellente fin de saison a fait que nous avons commencé à nous battre pour la cinquième place, la troisième et enfin la première. Je crois que la victoire obtenue à Toulouse, fin février (6-3) a déclenché quelque chose. Le groupe s'est découvert de l'ambition et s'est montré de plus en plus gourmand." Le manager, qui vit sa première année aux commandes du club varois, reconnaît que la saison sera réussie même en cas de défaite ce samedi face à Clermont : "Elle sera positive. Je suis content des progrès réalisés dans le jeu, d'autant que nous avons connu une inter-saison agitée avec vingt-quatre départs et dix-sept arrivées. On signe onze victoires d'affilée en fin de saison, on a remis de la flamme dans la ville de Toulon. Quand tu as commencé le repas, tu a envie de manger le dessert. Alors, quand tu joues une finale européenne et une demi-finale de championnat, tu veux forcément ramener quelque chose."

Envie contre inexpérience

Mais si les Toulonnais ont réussi un formidable parcours en saison régulière, ils doivent maintenant appréhender la phase finale. Un exercice nouveau pour eux et ils vont se mesurer à des habitués : "Au niveau du coeur, de l'envie et de l'engagement physique, on sera là," assure Philippe Saint-André, "mais le gros point d'interrogation réside dans le fait que beaucoup de mecs n'ont jamais joué de demi-finales. Il ne va pas falloir passer à travers individuellement et se montrer fébriles." Les inquiétudes du manager du RCT ont été confortées par le match de barrage entre Toulouse et Castres. Le club tarnais, de retour en phase finale après de longues années de disette, n'a pas réussi à montrer son véritable visage. "Face à Clermont, on aura besoin de rééditer le même match que contre Perpignan (victoire 33-23 le 17 avril dernier, ndlr)," prévient l'ancien patron de Sale, "que ce soit dans l'intensité, l'engagement, la lucidité et la discipline. Mon groupe est nouveau et il n'a pas de vécu de ce genre de matches." Son groupe non, mais beaucoup de joueurs qui le composent ont l'habitude de briller dans les grands matchs. Bien que néophyte, Toulon peut rêver du Stade de France.