Albi : Plongée au coeur de l'exploit

Par Rugbyrama
  • Albi joie Top 14 2010
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  • Kevin BOULOGNE Stade français Albi Top 14
    Kevin BOULOGNE Stade français Albi Top 14
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Samedi, pour son dernier match de Top 14 à domicile, le SCA s'est offert face au Stade français sa quatrième victoire de la saison en championnat (38-24). Une journée particulière, chargée d'émotion que Rugbyrama vous invite à revivre de l'intérieur, dans l'intimité des vestiaires.

Il flotte comme un parfum étrange dans le vestiaire albigeois avant la rencontre. Pour avoir trop souffert cette saison, pour avoir vu trop souvent leurs rêves se transformer en cauchemar, les Tarnais abordent leur ultime rencontre à domicile sur la pointe des pieds, sans certitude. Avec tant de doutes. Des doutes qui volent en éclat dans la demi-heure précédant la rencontre. Dans le vestiaires, les mots de Jean-Christophe Bacca touchent au coeur. Simples, directs, qui n'épargnent personne. Il est question de passion, de collectif, d'engagement, d'abnégation et de combat. Des valeurs héritées de son père, Roland. Des valeurs partagées pendant dix ans avec Eric Béchu, cet entraîneur devenu complice. Aujourd'hui, Jean-Christophe a pris le relais.

A l'écouter, les Albigeois se libèrent. Philippe Laurent insiste, met chacun devant ses responsabilités. Vincent Clément s'avance, fait se lever les hommes qui se serrent immédiatement. Pagès tourne autour des gros, invite chacun à se multiplier en défense. A se replacer, à ne pas baisser les bras. D'un coup, Lakafia hurle, verbalise le ressenti d'un vestiaire en quête de revanche et d'honneur. "Ecoutez les Parisiens, ils ont mis la musique à fond dans leur vestiaire. Vous avez compris ou quoi ! Ils pensent que ça va être facile de gagner chez nous. Il y en a marre de ça. Faut leur montrer." Lakafia hurle, encore, plus fort. Les yeux exorbités, le poing frappant la poitrine. Le futur Toulousain exhorte ses partenaires au combat. Des cris, libérateurs, font écho.

Les larmes de Boulogne

A trois minutes du coup de sifflet arbitral, les secondes semblent durer des journées entières. Ponnau à Sore et Correia : "En mêlée, on les amènent bas, très bas. On ne cède pas." Epaules contre épaules, tapes dans le dos, regards brûlants, crampons qui claquent sur le pavé...ainsi va toujours la vie d'un vestiaire.

Kevin BOULOGNE Stade français Albi Top 14
Kevin BOULOGNE Stade français Albi Top 14

Assis, Kevin Boulogne est resté en retrait. Figé, transporté par l'émotion. En larmes. Pendant une minute, ou deux, il revoit le film de ses quatre saisons passées en Jaune et Noir. "Les bons et les mauvais souvenirs, tout... Ce fut dur, intense à vivre", livre-t-il après la victoire, gorge nouée. A cet instant, il n'a que faire de l'issue. Il sait simplement que dans quatre-vingt minutes il en aura terminé avec le Stadium et son public.

Quand Boulogne se leve, tout est terminé. Le joueur a pris le pas sur l'homme. Action, réaction. Comme ses partenaires, quand il entre en jeu, le demi de mêlée passe des paroles aux actes. Dos au mur, sans joker ni excuse, tous retrouvent l'énergie qu'ils n'imaginaient même plus posséder. Pendant quatre-vingt minutes, les Parisiens vont payer l'addition. Les Albigeois règnent sur le jeu au sol, sur la mêlée. Lapeyre s'offre un récital au pied. Pagès manoeuvre parfaitement pour envoyer Vainqueur à l'essai. La confiance est revenue. Boulogne s'échappe, plusieurs fois. Pour offrir l'essai des adieux à Lapeyre. Pour marquer, sentiment forcément égoïste. Ultimes plaisirs. 38-24 : quatrième succès des Albigeois en Top 14 et énorme fessée parisienne. Tour d'honneur pour les Albigeois et réconciliation populaire.

Qui pour la succession ?

Retour aux vestiaires. Celui du Stade français est silencieux, pas de musique. Celui d'Albi est en liesse. En feu. Cris, embrassades. Maillots offerts. Hurlements de joie. Les yeux qui pétillent. Les bières qui coulent à flot. Dans le couloir, les dirigeants défilent. Il est question d'avenir, d'entraîneur à recruter. Silence. Secret d'état qui n'en est plus un. Jacques Delmas, le coach battu, fait partie des "possibles" ; il botte en touche, usé. Reste le favori, Henry Broncan. Réponse à venir, très vite. Derrière la porte, à cet instant, les joueurs sont à des années lumière de ces préoccupations. Eux qui sont pourtant dans le doute depuis trop longtemps. Autographes, interviewes. Bières, encore. Farani, sorti k.o. peu avant la fin du match, a retrouvé ses esprits. Comme d'habitude, c'est lui qui s'y colle pour la programmation musicale. Son Ipod est connecté à un caisson qui crache les watts. Les basses font vibrer les corps. La troisième mi-temps a débuté, elle durera jusqu'à tard dans la nuit. Par petits groupes, les Albigeois voyagent entre la réception d'après-match et les buvettes du stade pour partager leur bonheur. Premières chaleurs : très vite, les futs se vident.

Enfermés depuis 16h30 dans les vestiaires, Pierre Correia, Frédéric Manca, Tim Bowker, Yohann Misse, Bastien Marut, Anthony Poujol, Yogane Correa, Daniel Farani et Vincent Clément prolongent le plaisir, comme s'il n'était pas possible d'en terminer. Musique à fond. Dernières pressions. 19h30 : le Stadium est désert. Rendez-vous chez Pagès et Guffroy, pour débuter la tournée des grands ducs. Samedi prochain, il sera temps d'aller défier l'Usap sur ses terres. Le champion de France est offert aux Albigeois en guise de bouquet final. Qu'importe, ils n'ont plus rien à perdre.

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