Une demie et Basta

La mine déconfite, Mathieu Bastareaud arrive en conférence de presse. Le pas lourd, le regard chargé mais jamais fuyant, l'imposant centre international du Stade français se fait petit. Il sait qu'il a, à l'instar de beaucoup de Parisiens, raté son match. "Je ne sais pas si c'est parce que je suis jeune, mais je prends cette défaite pour moi, lance-t-il d'un ton monocorde, la voix basse et peu audible. Il y a des jours avec et des jours sans. C'était un jour sans aujourd'hui. Dommage que ce soit tombé sur une demi-finale..."

Dommage oui. Les Parisiens comptaient sur leur arme fatale aux 8 essais en Top 14 pour faire la différence. Pour sauver ce match passé pas si loin que ça finalement. Pour emporter tous les espoirs catalans sur l'une de ses charges venues de l'espace. Mais la bombe humaine n'a pas fait la moindre étincelle, désamorcée tout le match durant par une défense perpignanaise survoltée. En témoignent ces quatre ballons "dégueulés" par le joueur pendant la rencontre. "Nous avons lâché beaucoup trop de ballons, moi en premier puisque j'en ai rendu quatre, et nous avons été beaucoup trop pénalisés... C'est insuffisant tout ça pour un match de haut niveau. On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes. Qu'à moi."

"Ce n'est pas ça, Paris"

L'image de cet ultime en-avant à la dernière seconde de jeu alors que Paris attaquait dans les 22 m de l'Usap a marqué beaucoup de monde et lui-même en premier lieu. Mais aussi touché soit-il, "Basta" fait front. Il sait que sa performance a été "médiocre" et qu'il sera montré du doigt mais il assume. "C'est navrant de finir notre saison comme ça, assène-t-il des regrets dans la voix. Quand tu joues à Paris, c'est pour gagner des titres. Au final, on ne se qualifie pas pour les phases finales de H Cup et on est sorti en demie de Top 14. Ça fait deux ans qu'on n'a pas joué de finale. Paris, ce n'est pas ça."

Pour lui, "le déclic a eu lieu après la défaite contre Toulouse. Nous étions dans une bonne dynamique, en confiance, et ce match nous a fait très mal. Ensuite, nous avons aussi perdu contre Clermont et tout s'est enchaîné." L'analyse est lucide, sans concession. Balle en main comme devant la vindicte populaire, le centre international ne "s'échappe" pas. Il tente même de positiver : "J'ai la chance de rebondir avec l'équipe de France en tournée (en Nouvelle-Zélande et en Australie, NDLR), on verra bien." Mathieu Bastareaud esquisse alors ce qui ressemble à un sourire et s'en va, aussi discrètement qu'il est arrivé. L'ancien joueur de Fédérale 1 sait qu'il lui reste des choses à apprendre. C'est normal, il a tout juste 20 ans.