L'orgie toulousaine

Ce n'était certes pas le match le plus important de l'année. Ni le plus difficile. Mais il n'y a jamais de mal à se faire du bien et Toulouse a pris un énorme plaisir vendredi. Larges vainqueurs de la lanterne rouge auscitaine, qui n'avait que son courage à opposer, les Toulousains se sont régalés en inscrivant 11 essais et en battant le record de points de la saison, 73 au total. Cette équipe qui paraissait à bout de souffle voilà deux semaines a retrouvé une forme de fraicheur, physique et mentale, qui s'est retrouvée dans son jeu. Le public d'Ernest-Wallon, très nombreux pour cette "affiche", ne s'y est pas trompé en réservant une énorme ovation à ses troupes.

De ce match qui n'en a jamais été un, il n'y a pas grand chose à dire, tant la différence entre les deux équipes était grande. Toulouse, en inscrivant quatre essais dans la première demi-heure, s'est rapidement mis à l'abri d'une mauvaise surprise. Du coup, la suite fut beaucoup plus simple et derrière un pack souverain, les trois-quarts ont pu lier l'agréable à l'utile, avec quelques mouvements somptueux.

Triplé pour Donguy

A première vue, le XV de départ aligné par Guy Novès pouvait pourtant sembler quelque peu expérimental. Le manager haut-garonnais avait procédé à 12 changements par rapport à l'équipe victorieuse des London Irish une semaine plus tôt. De plus, la charnière composée des deux jeunots Nicolas Bézy et Mathieu Bélie, évoluait pour la première fois ensemble à ce niveau. Mais la machine est apparue huilée comme jamais. Même si l'opposition n'était pas exceptionnelle, la qualité du jeu proposé fut souvent savoureuse.

De ces 11 essais, qu'il serait trop long de raconter, on retiendra le hat-trick d'Yves Donguy, formidable finisseur, en première période, ou le doublé de Maxime Médard, qui n'a pas renoncé à finir meilleur marqueur du Top 14. On soulignera aussi l'avant-dernière réalisation toulousaine, partie d'une relance de Cédric Heymans depuis ses 22 mètres, avec Yannick Jauzion à la conclusion 85 mètres plus loin. Heymans, Jauzion, deux remplaçants de luxe vendredi, mais dont l'envie a semblé décuplée à leur entrée en jeu. Et que dire de ce mouvement à mille à l'heure, ce mouvement du "mille-passes" toulousain, concrétisé par Jean-Baptiste Poux au coeur du deuxième acte? Un régal.

Evidemment? L'addition est salée pour les Auscitains, qui ont toujours essayé de jouer, eux aussi, quand ils en ont eu l'occasion, c'est-à-dire trop rarement. Le promu et futur relégué, qui alignait également une équipe rajeunie, a su exploiter deux accalmies de la tornade toulousaine pour inscrire deux essais. Mais la marche était trop haute vendredi soir. Auch, qui avait tenu la route à Paris et Perpignan en ramenant deux bonus défensifs, a vécu un calvaire défensif en subissant la plus lourde de ses 18 défaites de la saison.