Les étrangers en question

Le débat n'est pas nouveau mais il rebondit sans cesse. Le rugby européen souffre-t-il de l'arrivée massive des joueurs de l'hémisphère sud ? Avec des salaires nettement supérieur - de 30 à 100 % ! - dans les championnats anglais et français, les "sudistes" n'hésitent pas à traverser l'équateur pour venir évoluer dans le Nord. Smit, Matfield, Gregan, Kelleher, ... les stars affluent.

Il y a quelques jours, Bernard Lapasset, le nouveau patron de l'IRB, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, a menacé d'intervenir. "C'est un problème. Les joueurs français d'une vingtaine d'années ne jouent pas dans les équipes premières pour les compétitions professionnelles et c'est une question pour la France" a-t-il expliqué pour justifier sa volonté de limiter les arrivées : "c'est un problème très difficile pour nous et nous devons mettre en place des régulations pour contrôler le mouvement des joueurs" .

Plus de 150 joueurs étrangers évoluent chaque week-end dans le Top14 et le nombre total de professionnels serait de 330 comme le révélait Midi Olympique en juillet. Entre les arrêts Bosman, Malaja ou Cotonou, la limitation de joueurs étrangers paraît bien improbable. Au contraire, la proportion semble croître et du coup, bon nombre d'espoirs du rugby français font banquette tous les week-end ou se contentent d'une place dans l'effectif des Espoirs. Même Montpellier, qui a lancé des jeunes prometteurs (François Trinh-Duc, Fulgence Ouedraogo, Louis Picamoles, Julien Tomas), compte aujourd'hui 16 étrangers dont une moitié de Sud-Africains.

Le dernier a avoir réagi est Mark McCafferty, le patron du Premier Rugby, association qui regroupe les clubs anglais de l'élite. Il a pris le contre-pied de la tendance actuelle en défendant les clubs contre les accusations d'imports massifs de joueurs étrangers : "les chiffres ne changent pas, l'Angleterre a toujours un énorme vivier de talents", précisant dans la foulée "la norme progresse mais le nombre est le même et nous voulons rester sur cette voie". Selon lui, l'arrivée de joueurs étrangers permet le renforcement du championnat anglais et consolide l'équipe nationale... une voix dissonante qui montre que la question reviendra sûrement dans les semaines à venir sur le devant de la scène.