Pas ridicules, ces Bleus

On leur promettait l'enfer et une défaite record mais les Bleus, composés pour un tiers de novices, n'en ont pas voulu. Alors oui, la défaite est large et les Néo-Zélandais, sans véritablement forcer leur talent et avec un Daniel Carter sur une patte, ont passé cinq essais. Oui, les Blacks ont dominé outrageusement, monopolisé le ballon et squatté le camp tricolore tandis que les Français ont passé leur temps à défendre avec parfois des ratés qui auraient pu être évités. Mais non, les Bleus n'ont pas été ridicules, loin de là. Ils n'ont rien lâché jusqu'à la dernière minute, craquant certes logiquement au fil du match sur le plan physique, sans pour autant sombrer.

Leur première demi-heure a été exemplaire. Face aux marées noires incessantes, les Bleus ont plié mais n'ont pas rompu. Après quelques minutes de flottement - le temps sans doute pour les petits nouveaux de se mettre dans le bain - la défense tricolore a résisté. Les Blacks ont pourtant donné le ton d'entrée, multipliant les mêlées pour prendre le dessus mais les hommes de Bernard Laporte les ont considérablement gêné dans leurs sorties de balle, Nicolas Durand jouant les filous de service. Privés de munitions, les arrières néo-zélandais s'en remettent donc à Carter et à Weepu pour concrétiser leurs premières incursions (7e, 11e).

Coux, première

Après vingt minutes de jeu et alors que Boyet a ouvert le compteur pour les Français (13e), Chabal - qui a bien rigolé pendant le Haka - rappelle à Masoe sur un placage énorme que lui et ses partenaires ne sont pas venus jouer les victimes expiatoires. Pourtant, une première brèche va s'ouvrir dans la défense tricolore et Mauger en profite pour aller aplatir le premier essai, après une magnifique croisée de Carter (30e). Dans la foulée, un coup de pied par dessus la défense française permet à Sivivatu d'aller à dame grâce à... son poignet, à la vidéo et malgré le retour désespéré de Castaignède (37e).

Au retour des vestiaires, les Blacks décident de ne pas prendre de risques. McCaw et Carter ne reviennent donc pas. Après une pénalité passée par Boyet (45e), les Blacks repartent à l'assaut sous la houlette de Nick Evans, qui est bien plus qu'une doublure de l'ouvreur néo-zélandais. La fatigue physique se fait sentir de plus en plus chez les Bleus, acculés sur leur en-but. Pour ne pas arranger les choses, Boyet prend un jaune et laisse ses partenaires à 14. Il ne faut pas cinq minutes à Sivivatu pour inscrire son deuxième essai suite à une grosse poussée en mêlée des Blacks (56e).

Pas découragés pour autant les Bleus réagissent dans la foulée. Sébastien Chabal, qui ne rechigne toujours pas à aller au contact permet à Castaignède, venu en soutien, de récupérer le ballon. Magne, alors en position... d'ouvreur, offre un magnifique caviar à Coux d'un coup de pied par dessus. Pour sa première cape, le Berjallien inscrit son premier essai en bleu (60e). Logiquement, les espaces s'ouvrent sur la fin pour des Blacks qui vont marquer par deux fois encore. D'abord par Mauger qui profite de l'isolement de Castaignède (63e) puis par So'oialo (73e). Fiers, les Bleus ne cèdent pas de nouveaux points. La défaite est là mais elle passe mieux que prévue.