Les raisons d'une marée noire

Par Rugbyrama
  • France All Blacks Marseille Chabal Dupuy
    France All Blacks Marseille Chabal Dupuy
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Dépassés, les Bleus n’ont pas su endiguer la marée noire qui s’est abattue sur Marseille samedi soir. Voici, en quelques points, les principales raisons de cette défaite (12-39), que certains qualifient même de naufrage.

L’un des "gros regrets" de Marc Lièvremont après la défaite contre les All Blacks tenait dans l’absence d’essais côté français. Les Bleus ont eu des occasions mais ils ne les ont jamais concrétisées. Pire, ils ont laissé leurs adversaires franchir la ligne à cinq reprises et leur infliger un cinglant 39-12. Pourquoi ? Parce qu’ils ont péché dans des secteurs clé. Réponse en détails.

Une défense débordée

C’était flagrant samedi à Marseille : dès qu’ils accéléraient le jeu, les All Blacks prenaient la défense française de vitesse. Au centre du terrain, les franchissements, de Nonu notamment, ont fait très mal aux Bleus. "Nous ne les avons pas assez pressés dans nos montées défensives", analyse le flanker Fulgence Ouedraogo. "On ne se replaçait pas assez vite, on n’a pas mis assez de pression sur Carter notamment, qui a fait un grand match. Il a fait un peu ce qu’il voulait. Il jouait en avançant à chaque fois et après c’était dur de combler les espaces. Il aurait fallu monter avec beaucoup plus d’agressivité pour ne pas les laisser manœuvrer." Mais les ballons arrivaient aussi très vite sur les extérieurs et les Néo-Zélandais ont pu exploiter de nombreux surnombres. Le pilier Nicolas Mas confirme : "Les ballons arrivaient vite sur les ailes, ils ont mis beaucoup de rythme et cela nous a un peu déstabilisés".

Des difficultés dans la conservation du ballon

"C’est là qu’il faut qu’on soit plus performant : dans la conservation du ballon. Cela les aurait empêchés de jouer." Damien Traille, au moment d’analyser la défaite des siens, insistait avant tout sur le nombre hallucinant de munitions rendues par les Bleus et dont les Blacks se sont délectés. Le jeu au pied, notamment, a été déficient, mais les Français ont aussi rendu des ballons à l’impact ou dans les rucks. Un véritable hara-kiri. "Ils ont su utiliser nos ballons perdus, poursuit l’arrière biarrot. On savait que c’était leur points fort et ça n’a pas loupé, notamment en première mi-temps. On s’est trop vite débarrassé du ballon et on a pris un essai qui nous a fait mal (Muliaina, 23e, après un coup de pied inopportun de Clerc NDLR)."

La bataille des rucks perdue

Les Français avaient en partie construit leur victoire contre l’Afrique du Sud sur leur domination dans les zones de rucks. Agressifs en diable, ils avaient ralenti les ballons des champions du monde et les avaient empêché de jouer. Ils avaient d’ailleurs récupéré de nombreuses munitions sur des turn-over. Samedi à Marseille, c’est exactement l’inverse qui s’est produit. Ce sont les Blacks qui sont sortis gagnants du combat au sol. "Nous avons perdu la bataille des rucks, nos sorties de balles étaient ralenties et nous n’avons pas contesté le ballon. Nous ne les avons pas agressés" , déplorait le capitaine Thierry Dusautoir devant les journalistes en conférence de presse. L’entraîneur des avants Didier Retière lui ne parlait pas d’un manque d’agressivité mais plutôt d’une énergie mal canalisée : "Nous avons été présents dans le combat, nous avons essayé de déplacer le jeu mais nous nous sommes usés dans ces phases de combat stériles et eux ont mis de la vitesse derrière. Nous avons laissé trop de forces dans ce secteur. Cela s’est par exemple ressenti sur les soutiens. Les joueurs n’étaient plus réactifs à ce niveau."

Les mauvais lancements de jeu

En début de match, la mêlée française a été dominatrice. Elle a même récolté une pénalité dès le premier affrontement direct des deux packs, à la 2e minute de jeu. Pourtant, les Bleus n’ont jamais su réellement mettre à profit les bons ballons captés en touche ou en mêlée et la prise de la ligne d'avantage n'a été qu'épisodique sur les premiers temps de jeu. Au contraire des Blacks, qui ont notamment marqué le premier essai à la 8e minute sur leur première touche dans les 30 m tricolores. La mêlée française si performante lors des deux premiers tests, a ensuite été bien maîtrisée par ses adversaires. "Elle nous a permis de bénéficier de quelques pénalités et de bras cassés mais c’est vrai que ça ne leur a pas fait aussi mal qu’aux Sud-Africains", avouait le pilier le plus capé de l’histoire du rugby français, Sylvain Marconnet. "Ils se sont nourris de nos fautes."

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