Des Boks sous pression

Tout un symbole. Un match pour rendre honneur à l'ex-président de l'Afrique du Sud qui a lutté durant une grande partie de sa vie contre l'Apartheid et passé 28 années en prison. En février, à l'heure de chercher un adversaire pour fêter cette date, la fédération sud-africaine s'est naturellement tournée vers son homologue argentine. En effet, grâce au rugby, les deux nations entretiennent une amitié de longue date (depuis les années 30). Et les Pumas ont logiquement répondu présent. Au-delà du bénéfice financier que représente cette rencontre, Mario Ledesma explique cette décision : "Beaucoup de pays ont dit qu'ils aideraient le rugby argentin, mais le seul qui l'ait vraiment fait, c'est l'Afrique du Sud". Voilà pour la portée affective du match. Car il reste un combat entre deux grandes nations du rugby actuel. Et un véritable défi sportif à relever de chaque côté.

Les Argentins essayeront évidemment de confirmer leur performance lors de la dernière Coupe du monde. Et surtout de se rassurer après deux défaites face à l'Ecosse et l'Italie. Et après l'annonce de la retraite internationale de leur capitaine Augustin Pichot et la blessure de leur maître à jouer Juan Hernandez. Côté springbok, l'occasion sera également donné de préparer le match des Tri Nations face aux All Blacks. Car les champions du monde ont besoin de gagner en régularité pour confirmer leur statut. Malgré une belle victoire le 12 juillet dernier en terres néo-zélandaises, ils ont ainsi chuté la semaine suivante en Australie. Et à l'arrivée, difficile de définir un véritable projet de jeu. Autant d'incertitudes qui placent Peter De Villiers, le sélectionneur des Boks, dans une position inconfortable.

Obligation de victoire pour De Villiers

Critiqué pour certains de ses choix, De Villiers se voit surtout reprocher son manque de cohésion dans ses décisions. Si bien que ce match de gala contre l'Argentine se transforme en obligation de succès pour lui. En effet, une victoire, qui plus est obtenue avec la manière, lui offrirait une semaine de répit non négligeable avant de défier des All Blacks rassurés par leur large victoire sur les Wallabies samedi dernier. Un match, en tout cas, pour lequel ses choix auront encore fait couler beaucoup d'encre. François Steyn, le jeune prodige des Sharks, héros de la dernière Coupe du monde à seulement 20 ans et promis à un avenir doré en sélection, a tout simplement été écarté du groupe. Grant forfait, Butch James sera donc l'unique ouvreur de métier pour cette rencontre.

Et si le salut du sélectionneur sud-africain venait d'un illustre inconnu sur le plan international ? Bryan Habana ménagé, c'est une autre 'flèche noire' qui prendra place sur l'aile de l'attaque sud-africaine : Jongi Nokwe. Le joueur des Cheetahs fêtera ainsi sa toute première sélection chez les Sprongboks. Un sacré pari pour De Villiers qui prouve là encore qu'il peut être imprévisible. Il comptera également sur les retours de blessure de Fourie du Preez et de Jaque Fourie même si ces derniers s'installeront sur le banc. L'essentiel pour l'Afrique du Sud reste bien de se rassurer. Et pour De Villiers de prouver qu'il est en train de mettre en place une équipe et un jeu aussi ambitieux qu'efficaces. En tout cas, assez pour venir une nouvelle fois à bout des Blacks. Bref, contre l'Argentine, le match n'aura certainement d'amical que le nom...

Le XV des Springboks : Jantjes ; Pietersen, Jacobs, de Villiers, Nokwe ; (o) James, (m) Januarie ; Smith, Spies, Watson ; Matfield (cap.), Botha ; van der Linde, du Plessis, Mtawarira.

Le XV des Pumas : Stortoni ; Piossek, Aramburu, Avramovic, Agulla ; (o) F Contepomi, (m) Vergallo ; Durand, Leguizamon, Fernandez Lobbe ; Albacete, Alvarez Kairelis ; P Ledesma, M Ledesma, Roncero.