Bleu, noir, rouge

Ce n'est pas une première. Encore moins une surprise. Comme souvent, le XV de France aura le coeur et les jambes rouges et noires samedi soir à Marseille. Plus de la moitié de l'équipe de départ face à l'Argentine sera issue du Stade toulousain. Les huit joueurs haut-garonnais retenus par le staff tricolore dans le groupe des 23 ont été titularisés. De la première ligne au poste 15, ils seront omniprésents d'un bout à l'autre de l'équipe de France. Le pack portera l'empreinte toulousaine, avec un joueur dans chaque ligne (Le pilier Benoît Lecouls, le deuxième ligne Romain Millo-Chluski et le flanker Thierry Dusautoir). L'impact sera plus saisissant encore au niveau des lignes arrières, où figurent cinq Toulousains parmi les sept titulaires, avec la charnière Elissalde-Skrela, Heymans à l'aile, Jauzion au centre et Médard à l'arrière.

Pour l'encadrement du XV de France, il n'y a pas dans cette abondance toulousaine une volonté délibérée de donner une empreinte particulière à la sélection. Simplement, une logique s'est imposée à lui. "Je pense qu'il n'a échappé à personne que les Toulousains sont un peu au-dessus du lot depuis quelques semaines , assure Emile N'Tamack. Quand nous avons formé notre XV, nous n'avons pas forcément regardé d'où venaient les joueurs, nous avons retenu ceux qui étaient le plus en forme." Toulouse est champion de France en titre, et à nouveau leader du Top 14 depuis ce week-end. "C'est de ne pas voir de Toulousains qui aurait été anormal", renchérit Marc Lièvremont.

Médard: "Un confort supplémentaire pour moi"

Quoi qu'il en soit, la forte coloration toulousaine offre quelques garanties au sélectionneur, surtout derrière. "Il est clair que pour la mise en place à l'entrainement, tout est simplifié. On gagne du temps car on déjà nos automatismes, note David Skrela. Contre les Argentins, il faut souvent être capable de s'adapter très vite. Le fait qu'on se connaisse tous très bien, ça ne peut pas faire de mal." D'autant que Benoît Baby fera presque office de neuvième toulousain. Le Clermontois, même s'il a quitté Ernest-Wallon en juin 2007, a conservé suffisamment de repères. "J'ai joué très souvent avec Yannick, rappelle-t-il. Je ne serai pas perdu. Puis j'ai essayé de garder la culture toulousaine, même si je ne joue plus là-bas."

L'intégration du petit dernier de la bande, Maxime Médard, devrait par ailleurs elle aussi se trouver grandement facilitée. Sujet au stress depuis son arrivée à Marcoussis, l'arrière toulousain, d'un naturel inquiet, avoue être rassuré par la présence autour de lui d'Heymans ou Jauzion. "Bien sûr que c'est un confort supplémentaire pour moi. Si j'avais été balancé dans une équipe où il n'y avait pas un seul de mes coéquipiers de club, la situation aurait été beaucoup plus difficile à gérer pour moi" , confie le petit dernier de la bande.

Pour autant, est-il possible de transposer au XV de France les vertus du jeu toulousain? Ce serait trop simple. Ni le staff ni les joueurs concernés ne posent le problème de cette façon. "La question n'est pas là. Nous sommes 15 dans l'équipe et 23 dans le groupe. On forme un tout. Ici, ce n'est pas Toulouse, c'est l'équipe de France", tranche le pilier Benoît Lecouls. " L'équipe de France a sa propre identité de jeu, souligne Marc Lièvremont. On ne cherche pas à jouer comme tel ou tel équipe de club, car la problématique est très différente. Mais on ne va pas se passer de joueurs qui ont du talent et dont la philosophie se rapproche de la notre." On leur demandera donc d'être eux-mêmes, tout en s'adaptant aux circonstances et au contexte. "Ça, c'est le boulot de n'importe quel joueur, qu'il soit de Toulouse ou d'ailleurs", conclut Cédric Heymans.