Histoire de grand chelem - 1968, un triomphe baroque et foutraque pour la France

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    6 Nations - Walter Spanghero (France) lors du Cinq Nations 1968
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TOURNOI DES SIX NATIONS - Le premier Grand Chelem français de l'Histoire ne fut pas une marche implacable mais une série de quatre victoires sur le fil du rasoir avec pas mal de réussite et avec une équipe totalement bouleversée.

La France a réussi son premier grand chelem en 1968, au terme d’un parcours totalement foutraque. Il s’est terminé dans la "cour de ferme" de Cardiff, c'est-à-dire dans un cloaque innommable avec un essai contesté du capitaine Christian Carrère, venu suivre un drop curieux manqué de Lilian Cambérabéro qui était passé sous la barre. Hors-jeu ? Pas hors-jeu ? La presse galloise se déchaîna mais l'arbitre écossais avait levé le bras. Victoire des Français 14 à 9. Le match avait été assez terne c’est vrai, et les maillots tout maculés d’une épaisse bouillasse. De toute façon, ce triomphe fut une suite de quatre matchs gagnés sur le fil du rasoir avec une belle dose de réussite et de mansuétudes arbitrales. Il y eut aussi cet incongru match amical de Grenoble à mi-parcours qui a tout bouleversé. En marge des JO de Grenoble, le XV de France affronta une sélection du Sud-Est, et baissa pavillon. On se doute bien que la motivation n‘était pas la même d’un camp à l’autre, mais les sélectionneurs choisirent quand-même d’incorporer une partie des vainqueurs en sélection nationale pour les deux derniers matchs. Parmi eux les frères Cambérabéro, Lilian et Guy, meneurs de jeu de La Voulte, ils avaient été virés après le premier match gagné de justesse en Ecosse. Avec Carrère, ils sont restés dans la mémoire collective comme les porte-drapeaux de ce tournoi foutraque et génial qui remboursait les injustices du passé.

Pas d'entraîneur

27 joueurs y ont participé alors que les remplacements n’étaient pas autorisés et seuls quatre joueurs ont disputé les quatre levées en intégralité. Walter Spanghéro, Elie Cester, André Campaès et bien sûr le capitaine Christian Carrère. Il avait 24 ans et jouait à Toulon troisième ligne-aile, joueur de classe à tous les sens du terme. " Il avait su créer une vraie ambiance.Et il essayait de s’occuper de chacun d’entre nous. Nous étions loin du professionnalisme, mais il discutait avec des partenaires pour qu’on puisse avoir, par exemple, une voiture dans de bonnes conditions " se souvient Jean Gachassin, feu follet d’une équipe qui… n’avait pas d’entraîneur. Ça paraît fou... Les choix tombaient comme un verdict prononcé par un nébuleux comité de sélection : " Nous étions livrés à nous-mêmes. On répétait nos gammes sous la coupe du capitaine. Le président de la FFR venait manger avec nous et quelques élus s’occupaient des questions d’hôtel et de déplacements. "

Les quatre matchs de ce Grand Chelem de 1968 mériteraient chacune un roman. En Ecosse (8-6), ils furent assiégés mais bénéficièrent de la maladresse du buteur Stewart Wilson. Face à l’Irlande (16-6), ils furent dominés devant, mais les deux meilleurs Irlandais Ken Kennedy et M.G. Molloy furent frappés par de grosses blessures (genou et péroné) mais terminèrent le match avec des bandages et en boitant bas. Mais, personne ne peut le contester, les deux essais français furent très jolis (Campaès et Dauga).

Contre l’Angleterre, les Français dominèrent la touche, mais les Anglais furent les plus brillants ballon en main, mais l’arbitre M. Laidlaw (seizième homme) leur refusa deux essais : le premier à West pour un en-avant, le second à Savage pour un "rampé" qu'il aurait pu considérer comme un "glissé". Ceci dit , le coup de pied de recentrage de Campaès pour Gachassin méritait bien le déplacement. Et il y eut donc pour finir ce voyage à Cardiff pour finir, l’essai contesté de Carrère et deux pénalités faciles manquées par l’arrière adverse Doug Rees. Ceci dit Lilian Cambérabéro avait su exploiter un bon côté fermé sur passe de Michel Greffe, l’un des "promus" de Grenoble, un numéro 8 d’1m 78.

Mais de ce Grand Chelem, on se souvient aussi de la grande bringue qui suivit, un monument du genre. Le talonneur Michel Yachvili se souvient " Nous allions souvent rue Princesse, notamment chez Tony. Le patron nous avait dit : "si vous gagnez, vous serez mes hôtes." Les festivités furent exceptionnelles, très longues puisque moi, je ne suis revenu dans mon club de Tulle que le… jeudi matin. ". Dans les différents établissements du quartier, chez Castel par exemple, les joueurs croisèrent d’autres célébrités venues les féliciter comme la regrettée et bien nommée… France Gall : " Une photo est sortie où elle est avec Walter Spanghéro et moi… "

6 Nations - Walter Spanghero (France) lors du Cinq Nations 1968
6 Nations - Walter Spanghero (France) lors du Cinq Nations 1968

LES 27 CHELEMARDS

Avants : André Abadie, Aldo Gruarin, Jean-Claude Noble, Michel Lasserre ; Michel Yachvili, Jean-Michel Cabanier ; Elie Cester, Benoit Dauga, Alain Plantefol, Jean Salut, Jean-Jacques Rupert, Michel Greffe, Walter Spanghéro, Christian Carrère (capitaine).

Demis : Jean-Henri Mir, Jean Gachassin, Lilian Cambérabéro, Guy Cambérabéro.

Trois-quarts : Pierre Villepreux, Claude Lacaze ; Bernard Duprat, André Campaès, Jean-Marie Bonal, Claude Dourthe, Jean-Pierre Lux, Jean Trillo, Joseph Maso.

LES RÉSULTATS

Ecosse-France : 6-8

France-Irlande : 16-6

France-Angleterre : 14-9

Galles-France : 9-14

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