Messina attend son heure

C'est un peu celui qu'on n'attendait pas, qui est là, non pas par le fruit du hasard, mais en tout cas grâce à un joli coup de chance. Si Geoffroy Messina fait partie des 40 pour ce Tournoi, c'est parce que le Biarrot Romain Cabannes a déclaré forfait quelques jours avant le début du rassemblement. Et le Parisien a eu la bonne idée de forcer son talent au bon moment. Depuis la saison dernière, il casse la baraque au Stade français. Alors il veut prouver qu'il peut faire partie des trente pour la Coupe du monde.

C'est dans cette optique qu'il est arrivé à Marcoussis le 29 janvier. Il était persuadé d'en avoir l'occasion : le staff tricolore avait assuré que les quarante pensionnaires du CNR auraient leur chance pendant le Tournoi.

Un mois plus tard, toujours pas la moindre minute de jeu sous le maillot bleu. Mais le Grenoblois ne désespère pas. "Peut-être que je jouerai. Je l'espère. En tout cas, je travaille dur pour ça. Je suis un bon soldat."

Qui enchaîne les séances de musculation, d'opposition, de lutte et les levers aux aurores sans broncher (comme tout le monde) pendant que ses coéquipiers du Stade français s'amusent dans les Alpes. "Ils me téléphonent pour me raconter combien ils s'éclatent au ski. Ça fout les boules! " Pas de regrets quand même ? "Bien sûr que non ! Il y a des limites ! Pour l'instant, je garde une énorme motivation parce qu'il reste deux matchs et que j'ai toujours l'espoir d'être sélectionné. Mais c'est sûr que si je ne suis pas dans le groupe pour le match contre l'Ecosse, ce sera difficile de trouver les ressources pour s'entraîner comme un fou..." Pas langue de bois, il avoue même que "ne pas jouer un seul match sera une très grande déception".

"Tout le monde devait jouer"

On pourrait penser qu'il se contenterait de vivre cette expérience inédite de sept semaines au milieu des Bleus. Lui, l'invité de dernière minute, le jeune (25 ans). Il reste compétiteur avant tout : "Je serais déçu dans le sens où le discours de départ prévoyait de faire jouer tout le monde."

A six mois de la Coupe du monde, il sait que chaque jour compte. Surtout quand on fait partie d'un club qui sera, à part cataclysme, qualifié pour les demi-finales du Top 14 et qu'on ne participera pas à la tournée en Nouvelle-Zélande. Geoffroy Messina le sait, s'il ne joue pas pendant le Tournoi, les chances de jouer le Mondial seront très très minces.

Alors le match contre les Barbarians samedi sera tout sauf une partie de rigolade. Cette rencontre, contre des Pumas au top physiquement et en pleine tournée, ressemble bien à un cadeau empoisonné. Mais le centre parisien refuse de se mettre la pression : "Nous n'avons pas joué depuis cinq semaines et nous n'aurons que trois entraînements en commun, alors j'ai du mal à croire qu'on pourra nous juger sévèrement là-dessus... De toute façon, ce sera un grand plaisir de jouer avec les Barbarians. Ce sera une bonne expérience." Même s'il n'aime pas attendre, le natif de La Tronche ne fait pas sa mauvaise tête et prend tout ce qu'on lui donne.