La tortue Lièvremont

Par Rugbyrama
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Pendant la trêve, nous vous proposons de revivre les faits marquants de l'année 2008. La vie de l'équipe de France a évidemment été marquée par les premiers pas de Marc Lièvremont. Au terme de cette première année, le nouveau sélectionneur semble mettre d

S'il fallait un mot pour résumer la première année de l'ère Marc Lièvremont à la tête de l'équipe de France, ce serait probablement "scepticisme". Certains doutaient de la pertinence du choix fédéral pour succéder à Bernard Laporte, avec en principal argumentaire un indéniable manque d'expérience d'entraineur de haut niveau. 12 mois et 10 matches après sa nomination, difficile d'affirmer que l'opinion à l'égard du sélectionneur, qu'elle émane du milieu ou du grand public, ait fondamentalement changé. Pour être clair, 2008 n'a pas permis au nouveau staff de faire l'unanimité. L'an un a parfois été ressenti comme une année zéro. Mais il a imposé une nouvelle patte, d'emblée, en intronisant Lionel Nallet comme capitaine. Un Nallet qui n'était même pas titulaire trois mois avant lors du Mondial...

Marc Lièvremont, à bien des égards, c'est d'ailleurs presque l'anti-Laporte. L'ancien demi de mêlée était arrivé chez les Bleus auréolé de ses succès avec le Stade français, quand Lièvremont n'avait que deux années à la tête de Dax derrière lui. Laporte, après huit années de règne, était devenu, malgré Michalak, malgré Chabal, la principale tête de gondole médiatique du rugby français. Laporte, l'homme de pub, l'homme de com', l'ami de Sarkozy, le futur ministre. Lièvremont, à côté, est un Prix Nobel de discrétion. Il est plus gant de velours que main de fer. Il fonctionne en trinôme, main dans la main avec Emile N'Tamack et Didier Retière, quand Laporte centralisait tous les pouvoirs.

Trop découvert puis trop frileux

Sur la forme, le changement a donc été assez radical. Le successeur de Bernard Laporte l'avait également promis sur le fond. Le style Laporte était jugé trop frileux, trop éloigné de la légende du french flair. A son arrivée, le nouveau staff a défini un plan de jeu extrêmement ambitieux. Un peu trop, peut-être. L'utopie, louable et aguichante, s'est vite retrouvée confrontée aux réalités du terrain pendant le Tournoi des 6 Nations. Le symbole fut le match perdu au Stade de France contre l'Angleterre, au cours duquel les Français se sont échinés à jouer au large, butant systématiquement sur le mur anglais. Un manque d'imagination et une absence de faculté d'adaptation rédhibitoire à ce niveau.

Désireux de retenir les leçons du Tournoi, Lièvremont est revenu depuis à un jeu plus traditionnel. Au final, on s'y perd un peu. Trop découvert en hiver, trop frileux en automne. Entre le Tournoi, la tournée de juin et les tests de novembre, le XV de France n'a pas dégagé de véritable identité. Les multiples essais effectués à tous les postes n'ont pas contribué à l'émergence d'une marque de fabrique. Une french touch, à défaut de french flair. Ce manque de personnalité de l'équipe, c'est peut-être le principal reproche que l'on puisse adresser au nouveau sélectionneur, qui assure pourtant savoir, lui, exactement où il va.

En quête d'un acte de naissance

L'autre point noir tient évidemment aux résultats. Les Bleus ont oscillé toute l'année entre gris clair et gris foncé. Cinq victoires et cinq défaites en dix matches, le bilan est tout juste moyen. A l'exception de la victoire à Marseille contre la bête noire argentine, la France a perdu tous ses gros matches: la revanche de la demi-finale de Coupe du monde contre l'Angleterre, la finale du Tournoi contre le pays de Galles et les trois tests contre l'Australie, même si les deux disputés aux Antipodes ne sont pas forcément significatifs compte tenu des nombreuses absences. Mais il manque incontestablement à cette équipe un match référence, un acte de naissance fondateur, qui puisse marquer un avant et un après.

Espérons qu'il viendra en 2009. La nouvelle année qui s'avance s'annonce en effet primordiale pour Lièvremont, aussi bien au plan des résultats bruts que de l'évolution collective. Le potentiel est là, et la ligne est tracée. La période des essais à tout va est sans doute révolue. Il serait étonnant que les Bleus jouent le prochain tournoi à 34, comme en 2008. On attendra de certains qu'ils s'affirment et démontrent leur capacité à devenir des leaders. Après tout, 2011, cap fixé par le nouveau sélectionneur à son arrivée, est un horizon de moins en moins lointain...

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