Etcheto : "Ça ressemblera à un match de phases finales"

  • Pro D2 - Vincent Etcheto (Bayonne)
    Pro D2 - Vincent Etcheto (Bayonne)
  • Pro D2 - Jean-Baptiste Aldigé (Bayonne) et Philippe Tayeb (Biarritz)
    Pro D2 - Jean-Baptiste Aldigé (Bayonne) et Philippe Tayeb (Biarritz)
  • Vincent Etcheto (Bayonne) - 16 avril 2017
    Vincent Etcheto (Bayonne) - 16 avril 2017
Publié le Mis à jour
Partager :

PRO D2 - Il a passé quatre ans sur le banc de l’Aviron. Un petit exploit quand on énumère la liste des entraîneurs qui se sont succédé à Bayonne sur les quinze dernières années. Même si l’aventure s’arrêtera dans deux mois, Vincent Etcheto assure n’avoir aucune frustration. Dans cet entretien, il parle aussi de ce qui sera certainement son dernier derby et de ses projets de demain.

Avec trois défaites sur les quatre derniers matchs, comment appréhendez-vous le rendez-vous de jeudi ?

V.E. : Les Biarrots ont fait un super résultat à Béziers, ils ont atomisé Oyonnax, donc ils sont en confiance. C’est normal. De notre côté, nous avons fait le minimum contre Colomiers, deux matchs corrects à l’extérieur que ce soit à Mont-de-Marsan ou à Vannes, et un très faible à Aurillac. Nous sommes sur une dynamique un peu moins positive. Après, ça ne change rien. Ça reste le derby. Le seul truc, c’est qu’il devient très important parce qu’il est dans le money time, en fin de saison, avec Biarritz qui peut encore se qualifier et nous qui devons gagner pour rester dans les quatre.

Estimez-vous avoir plus à perdre que le BO, ce jeudi ?

V.E. : Nous sommes devant le BO. Nous avons quinze points d’avance, donc nous n’avons rien à perdre. C’est quasiment sûr que nous allons nous qualifier. Une contre-performance ferait que nous ne serions peut-être pas dans les quatre, c’est tout ce qui peut nous arriver. Il vaut mieux le gagner pour le symbole du derby et pour le classement. Les Biarrots ont une chance de se qualifier, mais s’ils le perdent, ils n’en auront quasiment plus aucune. Ce derby n’est pas plus facile à gérer pour eux, que pour nous. Il a lieu à Bayonne, c’est nous qui devons nous imposer, tout simplement.

Que pensez-vous de cette équipe de Biarritz ?

V.E. : Elle est bonne. Elle s’est qualifiée l’an dernier. Cette année, ça a été un peu plus compliqué. Ils ont connu un changement de staff avec des nouvelles méthodes d’entraînement, je suppose. Le staff est jeune, entre Matthew Clarkin, Heini Adams et Jacques Cronje. Il y a peut-être une année de transition, mais c’est un groupe qui est riche. L’équipe a des joueurs d’expérience avec la famille Lucu et des jeunes prometteurs. Si elle est allée gagner à Béziers et en a mis 50 à Oyonnax, ce n’est pas par hasard.

Selon vous, sont-ils à leur place ?

V.E. : L’an dernier, ils se qualifient logiquement et ne sortent pas derrière. Nous, à un match près, nous nous qualifions. Ce championnat est quand même serré. Ils sont à leur place parce qu’ils n’ont pas su gagner des matchs qu’ils auraient pu gagner. Après, c’est sûr que s’ils avaient eu un peu plus de réussite, ils seraient plus haut dans le classement. Mais si on va par là, nous aussi.

Comment avez-vous vécu les dernières semaines mouvementées sur le plan extra-sportif ?

V.E. : On s’en fout et d’un point de vue personnel, je trouve ça ridicule des deux côtés. J’aime le côté chambreur, sympa, rigolo. Là, on touche le fond. Entre les insultes, l’envie de faire des procès à tout-va et les répliques, ça ne vole pas très haut. Donc ça ne m’intéresse pas du tout.

Vous voudrez donc remettre, jeudi, le sportif au centre des débats...

V.E. : De toute façon, il n’y a que ça qui m’intéresse. Une minute avant, je serai cool, une minute après aussi, et pendant le match, j’aurai envie de gagner, c’est tout. Je relativise, ça reste un jeu, c’est du rugby. Il ne faut pas qu’il y ait des insultes. L’an dernier, il y en avait eu à l’arrivée du car de l’Aviron à Biarritz. Il y avait eu une bagarre dans les tribunes. Là, il s’agit de propos ridicules en coulisses. J’espère qu’on ne va pas tomber plus bas que ça.

Pro D2 - Jean-Baptiste Aldigé (Bayonne) et Philippe Tayeb (Biarritz)
Pro D2 - Jean-Baptiste Aldigé (Bayonne) et Philippe Tayeb (Biarritz)

Vous avez décidé de faire une semaine à huis-clos partiel. Pourquoi ?

V.E. : On a ouvert l’entraînement pour les abonnés. C’est un symbole, pour marquer le coup. Ça ne change pas grand chose. Je ne crois pas que beaucoup de Biarrots viennent nous espionner. Ils savent comment on joue. On sait comment ils jouent aussi, surtout qu’avec Heini Adams et Matthew Clarkin, on se connaît puisque je les ai entraînés. On s’était fait avoir au match aller puisque nous avions beaucoup joué, eux peu, et ils avaient été très efficaces. Le derby, c’est une partie de poker ou d’échec. Il faudra sortir les bons coups ou la bonne carte au bon moment.

Espérez-vous des retours dans le XV de départ ?

V.E. : Nous avions mis des gens au repos, donc ceux-là sont prêts. À part la blessure de Manuel Ordas que nous avons perdu à Vannes, il n’y aura pas de retour. Julien Jané risque de revenir dans le groupe. Après, nous avons 90% de l’effectif qui est apte et je vous assure que cette semaine, on n’entend plus parler des petits bobos. On aura le choix.

Pour vous aussi, ce sera vraisemblablement votre dernier derby. Comment l’appréhendez-vous ?

V.E. : J’étais déjà serein l’an dernier, même si on les a perdus. Autant les deux premiers, en tant que manager, s’étaient déroulés dans un contexte particulier pour moi. On avait gagné, c’était super, et j’étais un peu plus tendu parce que je savais que c’était important pour le groupe de l’emporter. Là, je suis très serein. Bien sûr, on l’a préparé minutieusement, mais j’ai vraiment envie de l’apprécier, donc d’être plutôt calme sur le bord de touche. Je veux que ce soit respectueux par rapport au sport. J’ai envie que ça reste sain, serein et que ce soit un beau match de rugby. Sur un bilan des quatre ans, si on gagne celui-là, je serai à 3-3. J’aurai fait mieux que la moyenne de Bayonne depuis des années, puisque nous avons dix défaites de retard, je crois. J’espère équilibrer avant de, pourquoi pas, les retrouver en barrages. Ce serait sympa.

Pour vous, ce derby n’engendre pas plus de pression que les autres ?

V.E. : Non, il n’y a pas plus de pression ! Tu arrives dans un moment important de la saison. Il faut, à la fois, comptablement qu’on le gagne parce que ça nous assurerait quasiment une place dans les 4 et j’ai envie qu’on joue bien ! On prépare des phases finales, et sur ces rencontres, on sait très bien que même si ça se joue sur des coups de dés, il faut être prêt à jouer, à tenir le ballon, à avoir un rugby complet ! Ce qui est bien, c’est qu’au niveau de l’atmosphère, de la pression qu’il y a autour, ça ressemblera à un match de phases finales. Il est donc placé idéalement dans la saison. Ce n’était pas le cas des précédents. On a une semaine très courte donc c’est quasiment un match de phases finales. Pour les Biarrots, ce sera ou 64e ou un 128e de finale. Pour nous, c’est un 16e ou un 8e. Il y a tout pour que ce soit une belle fête. On doit l’aborder comme un match de phases finales et c’est ça qui est excitant. On y est depuis le mois de juin, ça a travaillé dur, on a été quasiment toute la saison dans les 2-3 premiers, donc il ne faut pas lâcher maintenant. On va voir si notre travail va payer. Ce ne serait pas une catastrophe si on le perdait, mais il faudrait se remettre en question à trois journées de la fin de la phase régulière.

De nombreux jeunes formés au club font partie du groupe professionnel. Qu’est-ce que ça implique sur ce derby ?

V.E. : Ce matin (lundi, NDLR), Peyo Muscarditz était à l’entraînement et il était prêt. Tristan Tedder m’a alors dit "Wahou, Peyo il est…" et oui Peyo est prêt ! Les mecs connaissent ça. Les nouveaux, comme Tristan vont le vivre un peu plus détachés. Mais ils vont s’apercevoir, deux ou trois heures avant le coup d’envoi - parce qu’ils ne vont pas traîner dans les rues de Bayonne cette semaine - que l’ambiance est différente. Je ne pense pas que ces joueurs-là lisent trop les journaux ou écoutent la radio, mais quand ils vont arriver au stade, sur l’accueil des supporters, ils vont s’apercevoir que c’est un beau rendez-vous. On les a prévenus sans en faire des tonnes. Pour Yannick, pour le staff, c’est aussi la première fois qu’ils vont jouer un derby à Bayonne. Certains vont découvrir, d’autres connaissent. C’est ce mélange qui va faire qu’on va se tenir prêt.

Vous serez, sauf cataclysme, en phases finales. Bien que l’aventure soit totalement différente de celle vécue lors de la montée il y a trois ans, y trouvez-vous des similitudes ?

V.E. : Il y a quatre ans, nous avions récupéré des joueurs, mais il y avait de l’expérience avec les Haare, Taele, Lovobalavu, Bustos. Là, c’est plus jeune. Si on prend la ligne de trois-quarts avec Tedder, Ordas, Muscarditz, Tisseron, Luc, c’est jeune ! Il y a 22 ans de moyenne d’âge. Il y a un nouveau manager, donc une façon de voir les choses différente. Mais elle est tout aussi belle et excitante.

L’Aviron semble parti sur une nouvelle dynamique. Est-ce frustrant, pour vous, de savoir que tout va s’arrêter dans deux mois ?

V.E. : Non. Il n’y a pas de frustration puisque c’est quelque chose de réfléchi et acté depuis un petit moment. Je ne pars pas en retraite. Je vais m’arrêter un peu. J’espère retrouver vite la compétition, j’espère que je retrouverai ces joueurs-là et pourquoi pas à l’Aviron dans quelques années ? On ne tire pas un trait. Il faut passer à autre chose et je pense que c’est bien pour eux d’avoir un autre son de cloche, une autre vision du rugby. Il y en a ça fait quatre ans qu’ils me pratiquent. Ça va parfaire leur formation et je crois que c’est important. On a chacun une vision du rugby et le joueur intelligent qui veut progresser prend le meilleur de chaque coach. J’espère que j’aurai laissé quelque chose dont ils se souviendront. Je vais les suivre. J’ai recroisé Martin Laveau, Baptiste Chouzenoux, ils savent ce qu’on a vécu ensemble. Il n’y a ni mélancolie, ni nostalgie. Juste des bons souvenirs comme l’aventure de la montée. Ce fut un moment exceptionnel. Même la descente de Top 14 ne nous l’a pas fait oublier. On en parle souvent, ça ne fait pas vieux con ou vieux nostalgique. Ça fait du bien de se remémorer des bons moments et ce serait génial de les revivre.

Vincent Etcheto (Bayonne) - 16 avril 2017
Vincent Etcheto (Bayonne) - 16 avril 2017

Quel va être votre programme à partir de juin ?

V.E. : J’ai des projets sur l’étranger, pour assister des équipes ou suivre des entraînements ailleurs. Je vais me préparer aussi à aller à la Coupe du Monde en tant que spectateur avec mon sac à dos. Je vais même faire une pige dans une université là-bas. Je veux faire des petites piges, mais de façon complètement bénévole et désintéressée. Juste pour me former, apprendre et voir le rugby d’une autre façon. Ça fait dix ans que j’entraîne chez les professionnels, douze avec l’Italie et seize si je compte les années chez les jeunes avec les amateurs. Ce rythme d’entraînement et de compétition, de juillet à juin, est prenant et pesant, bien que génial. J’ai envie de couper au moins une année, tout en gardant un pied, voire les deux dans le rugby, mais avec un regard différent. Après, on verra. Je ne sais pas si le rugby français a besoin de gens comme moi. Je ne suis pas en attente d’un nouveau contrat en France. Par contre, je suis en attente de nouvelles aventures rugbystiques.

Vous avez donc encore cette volonté d’entraîner…

V.E. : Oui, de former, de m’informer, de m’enrichir aussi au niveau rugby. Je suis passionné de ce qui se fait au haut niveau. Je regarde beaucoup de matchs internationaux de tous les hémisphères. Il y a des choses à partager, à échanger. La Côte Basque est belle, mais il y a d’autres beaux endroits. Mon expérience italienne m’a donné envie de bouger et d’échanger. C’est le but que nous nous sommes donné familialement avec ma femme.

Propos recueillis par Pablo Ordas

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?