La chronique de P.Villepreux

Par Rugbyrama
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Fraîchement revenu d'Ecosse, Pierre Villepreux, notre chroniqueur, vous décrit les changements auxquels les rugbymen vont se préparer.

De retour d'Edimbourg où j'ai participé à une réunion de l'IRB concernant les propositions de nouvelles règles qui sont actuellement testées dans différents pays, j'ai assisté à un match particulièrement intéressant. On a pu apprécier la volonté de la part des deux équipes de produire du jeu et la résolution clairement affirmée d'utiliser les nouvelles options et alternatives tactiques offertes par les règles expérimentales.

L'objectif clairement affiché par la commission vise à rendre les règles plus accessibles pour les spectateurs, plus confortables pour les arbitres, plus exploitables pour les joueurs et entraîneurs, en tout cas pour ceux qui voudront bien faire preuve d'imagination et de créativité. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il s'agit de dénaturer le rugby, ce qui en fait son essence, à savoir l'affrontement qu'il génère.

L'histoire nous a enseigné que la reconnaissance du jeu et sa légitimité sont forcement passées par l'acceptation de règles communes qui ont été édictées à force de conquête, d'accords et de négociations. Il n'a pas été simple d'obtenir du nord au sud un terrain d'entente afin d'harmoniser les divergences, et il est possible que le débat avec les propositions de modification qui seront faites, après la Coupe du monde engendreront forcement des appréciations diverses, ce qui est plutôt sain.

Soulignons que ce sont bien les comportements des joueurs qui ont fait et continueront à faire évoluer le règlement. L'intelligibilité de leur conduite tant individuelle que coopérative a un lien direct et logique avec l'évolution des règles. Les comportements en jeu ne sont explicables que dans le cadre du système d'interactions que génère le règlement.

Pour le législateur, la modification des règles répond toujours à un besoin, celui de ne pas voir le jeu se scléroser dans des formes qui deviendraient lassantes pour les spectateurs. C'est aussi entre autres pourquoi elles ont toujours pour objectif de favoriser la dynamique du jeu donc le mouvement du ballon et des joueurs sans oublier en priorité de préserver la sécurité du joueur. Précisons que la dynamique du jeu n'a de sens que si les joueurs ont la capacité à intégrer à la vitesse de l'action, les subtilités réglementaires.

Ce qui veut aussi dire que seule une application intelligente permettra d'éprouver la richesse du changement. Certes, cela n'évitera pas pour autant les effets pervers. Mais si les entraîneurs savent en tirer la quintessence sans aller rechercher des menaces là où elles ne sont pas, et si la réussite est au rendez vous, les présumés effets perçus alors négativement seront vite gommés.

Les règles testées concernent 8 points du règlement. Les aménagements sont bien sûr d'importance variables, ce qui ne veut pas dire pour autant moins riches Celles qui interpellent plus que d'autres sont aussi celles qui posent le plus de problèmes aux arbitres et joueurs. Je veux parler bien sûr :

- de la règle plaqueur plaqué qui actuellement propose aux joueurs et arbitres des situations complexes. Accorder à la défense la possibilité de récupérer la balle dans le cadre d'un équitable contexte devenait une nécessité. Il est logique que le législateur ait toujours cherché à rendre équitable cette situation de contestation du ballon qui vise pour les attaquants comme pour les défenseurs la réutilisation de la balle. Autrement dit, sur chaque situation de plaquage, la règle doit donner aux premiers les moyens tactiques et techniques pour conserver la balle et assurer la continuité du jeu, mais, tout en même temps, doit permettre aux seconds les mêmes possibilités pour se l'approprier.

- De celle du maul qui devrait, si la possibilité de l'écrouler est retenue, évoluer vers des options de jeu plus dynamiques (maul fugitif) et accorder en partie les moyens de défendre sur les "pénal touches", donnera un sens différent à cette phase de jeu créant la nécessité d'autres formes de déséquilibre.

- De celles concernant la touche et de la mêlée qui devraient donner aux attaquants la possibilité d'options de jeu innovantes, à même de créer plus d'incertitude à la défense, redonnant ainsi au 1er temps de jeu une efficacité aujourd'hui un peu perdue.

Mais tout en même temps, il convenait, dans le cadre du règlement, de donner à certaines infractions un autre sens. Accorder sur ces fautes un "coup franc" au lieu d'une "pénalité" devrait faire apparaître des choix de relance du jeu plus variées, adaptées à chaque situation (prise en compte du rapport de force momentané et du positionnement dans l'espace de jeu, du score, etc.). Entre jeu réactif (jouer rapidement le coup franc) qui demande d'entreprendre collectivement en réponse à l'initiative individuelle et choix d'un jeu plus calculé, il est permis de penser que ces orientations permettront de renforcer à l'esprit du jeu attendu pour le rugby de demain.

Autant d'expérimentations réalisées dans les diverses fédérations. La FFR va tester prochainement dans la Coupe de la Fédération la règle du maul.

Les entraineurs, les joueurs et les arbitres impliqués dans ce "test" devront répondre à un questionnaire permettant d'évaluer comment ils ont vécu le changement.

Ce ne sont que des expérimentations, donc sujettes à des modifications voire annulations pures et simples. Mais il me parait important que chaque fédération se sente concernée pour anticiper ce que sera le jeu demain et donc quel profil de joueur utile pour y répondre.

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