Toulon en Pro D2 ?

Par Rugbyrama
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Découvrez le nouveau chroniqueur de rugbyrama.fr, Rodolphe Rolland, blogueur sur lemonde.fr, qui revient cette semaine sur la situation toulonnaise...

"Il n'y a pas de fumée sans feu", comme le chantait si pertinemment Ian Gillan, l'aède peroxydé, pompier de service du groupe Deep Purple, icône britannique du rock des seventies.

A propos, qui ne connaît pas l'anecdote célèbre à l'origine du hit mondial "Smoke on the water", hymne incandescent du groupe sus nommé?

Quel est l'énergumène qui n'a jamais entendu la moindre historiette relatant l'incendie qui flamba séance tenante le casino de Montreux au bord du lac Léman, pendant que Frank Zappa exécutait un concert flamboyant au Festival de jazz de Montreux ce 4 décembre 1971 ?

Un contadin troglodyte de l'Anatolie ?

Les indiens Kayapó de la forêt amazonienne ?

Quelque Martien, peut-être ?

Vous?

Las, du côté de Mayol, la fumée triomphale des fumigènes s'est volatilisée.

Le substrat brumeux enveloppant la rade n'est pas la manifestation congrue de l'allégresse supportrice, mais au contraire une nébuleuse accusant la confusion, la difficulté d'être d'un RC Toulon au bord de la crise de nerfs.

Avec seulement quatorze petits points en neuf matchs, le club varois pointe à l'antépénultième position du Top14 et ce, paradoxe des paradoxes, malgré un budget d'à peu près 14 millions d'euros, budget qui aurait pu faire du RCT 2008-2009 un outsider potentiel à la course aux premières places d'honneur de l'élite. Et dire que telle était, en substance, la justification de l'augmentation exponentielle du prix des abonnements dans les travées de Mayol !

Les récentes déclarations du président toulonnais Mourad Boudjellal, loin d'éteindre le feu qui couve, pourraient raviver les foyers que l'éviction de Jean-Jacques Crenca, dans l'incompréhension désappointée du groupe, avait allumés.

"Je prépare la Pro D2 tout en n'oubliant pas le Top 14. Beaucoup de joueurs sont en fin de contrat en juin et partiront. Je veux conserver les meilleurs éléments et faire revenir quelques anciens qui commencent à réfléchir à un retour sur la rade" , pouvait-on lire ce 4 novembre dans le quotidien Var-Matin.

Traduction, si le club redescend quelques têtes rouleront !

Sont visés dans l'ordre, le manager du club Tana Umaga, jugé par trop laxiste avec son effectif, et les joueurs de l'hémisphère sud, qui selon M. Boudjellal n'honoreraient pas leur contrat de joueurs.

"Tana Umaga terminera la saison à son poste. J'ai une problématique. Si on descend en Pro D2, Umaga ne sera plus au RCT l'an prochain. Idem si nous nous maintenons par la voie administrative. Si on obtient le maintien sur le terrain alors Umaga restera."

Après l'électrochoc Hueber, c'est l'hydrocution qui menace !

Or, sachant que "les immigrés pacifiques" soutiennent massivement Tana Umaga, mentor patenté des îliens du sud, les paroles du PDG des éditions du Soleil n'ont d'autre but que d'inciter "le lobbying" visé à mouiller le maillot pour sauver la peau de son manager.

Le coup de poker (coup de bluff ?) présidentiel ne pourrait être finalement qu'un coup d'épée dans l'eau supplémentaire, ajoutant qui plus est une maladresse au tableau noir de l'abécédaire boudjellalien.

Ainsi, si le groupe Rouge et Noir, divisé suite au premier dégraissage, avait paru totalement désemparé en terre montalbanaise et si le feu d'artifice attendu s'était révélé un feu de paille, la deuxième salve, survenant quelques dix jours après la première, risque d'ajouter au désenchantement ambiant et de plonger l'âme toulonnaise en combustion interne.

D'autant plus qu'à force de se vouer inopinément à d'autre Saint, Mourad Boudjellal jette une pierre dans la mare déjà encombrée de l'emblématique brin de muguet ; de là à dire qu'il n'est plus à une "Connelly" près...

Les joueurs au pied du mur, auront-ils cette réaction espérée, ces vertus guerrières fondatrices, qui sont le b.a.-ba du rugby et qui gomment volontiers les imprécisions stratégiques par l'envie collective manifestée ?

A Toulouse où d'aucuns promettent au RCT la valise sinon le cercueil, à Toulouse où Guy Novès fera tourner son effectif, les toulonnais, tournant perpétuellement sans entrevoir l'issue tels le Devos du "plaisir des sens", trouveront-ils enfin la sortie providentielle de leur sens giratoire?

Une fois de plus le jeu appartient aux joueurs, les propos malavisés s'effacent devant l'urgence et la vérité du terrain, aux acteurs maintenant de prendre leurs responsabilités et d'éteindre dans l'&oeliguf l'incendie qui menace, le "Smoke on the water" toulonnais qui pourrait précipiter le club vers la petite mort du Pro D2.

Car s'il est probable et selon Jacques Deray qu' "on ne meurt que deux fois", ce deuxième trépas du club varois, succédant à l'agonie de l'épisode 2005-2006, pourrait bien sonner le glas d'un grand Toulon version Boudjellal, Boudjellal auquel on peut surtout reprocher, outre ses humeurs à géométries variables, de n'avoir pas su s'entourer de compétences plus judicieuses là où l'argent seul ne suffit pas.

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