La chronique de Broncan (2)

Par Rugbyrama
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Suite de la chronique d'Henry Broncan avec, cette fois, un hommage au MTGXV et un délice de troisième mi-temps.

Mercredi 29 octobre

J'apprends... par mon épouse... cette exilée qui sait ressusciter quand l'épreuve est douloureuse - que Jean-Pierre Elissalde viendra donner -bénévolement - son aide à Pierre-Henri lors des entraînements du jeudi. Depuis une saison qu'ils ont passé ensemble à Béziers, je sais les liens quasi-familiaux qui unissent le coach et son ancien élève... C'est avec un grand bonheur que je constate que le rugby conserve quand même beaucoup de ses valeurs. Parfois, il est bien le plus beau sport du monde et c'est, sans doute, parce qu'on l'aime trop qu'il peut parfois nous décevoir.

Vendredi 31 octobre

Autre histoire de cœur et de rugby, Raymond Barrière est donc redevenu Président de l'USM. Depuis que j'ai porté les couleurs vertes et noires - c'était au lendemain des évènements de Mai 68 - c'est le coéquipier de l'époque avec lequel j'ai gardé les liens les plus solides. Avec un peu d'amertume, j'avais connu sa mise à l'écart du secteur professionnel. Face aux difficultés que connaît le club du Tarn-et-Garonne, je m'aperçois qu'il est monté vaillamment au créneau pour les affronter. Raymond n'était pas un génie de l'attaque mais, au centre de celle-ci, c'était une véritable "barrière", dur au mal, féroce au plaquage, les dents plantées dans les mollets des meilleurs manieurs de l'ovale. Le voilà, avec son cœur énorme, - toujours le cœur - en charge d'une situation difficile alors que d'autres si sages, si prudents, si peureux, restent assis sur leurs canapés devant des écrans encore plus plats qu'eux !

En attendant l'USM régale Sapiac : Delasau certes mais Marc Raynaud aussi, quelle classe ! une pénalité vite jouée transformée en essai : la marque de l'expérience au service de l'audace mais aussi une merveille de petit coup de pied lobé à la Hernandez, de reprise en pleine course comme Heymans, de service dans le bon tempo sic Jauzion ; l'âge ne fait donc rien à l'affaire. Très bonne surprise aussi avec un Sapiac qui ne siffle pas les tentatives de pénalité de Fauqué, un public si vert et pourtant si Irlandais : l'USM est bien entré dans la cour des Grands ! Allez Raymond !

Samedi 1er novembre

C'est la Toussaint ; jeudi, nous avons fait le tour des cimetières gersois. Aujourd'hui, le Petit Bleu consacre deux pages au fleurissement des sépultures lot et garonnaises. Dans celles du Passage, je suis marqué par ce ballon ovale en marbre offert par des juniors à leur entraîneur parti dans l'au-delà : encore une belle image du rugby.

Grenoble et le SUA nous offrent un spectacle de qualité avec beaucoup de suspense jusqu'au coup de sifflet sans faille de M. Pomarède. Bruno m'avait averti : "Nous venons pour gagner !" et je pense bien qu'il a longtemps conservé son espérance. Les Isérois bien organisés en touche autour de l'aérien Sève ont des lancements intéressants sur ces phases de jeu. Côté Lot-et-Garonne, la mêlée, comme à Narbonne, impose sa puissance malgré la jeunesse de ses piliers et comme Fonua, revenu au poids des belles années, joue aux quilles avec le Grenoblois, la victoire sourit, non sans mal ni sans crainte.

Après Bourg, lors de la réception d'après match, j'avais découvert les dessous de panier de la tribune Basquet. A Auch, nous avions deux chapiteaux différents : celui des partenaires réservé au bon chic bon genre et celui du "peuple". Cette séparation date de 2004 où le premier titre de D2 va entraîner la construction de ce "mur" que nous franchissions facilement puisque les deux entités étaient collées l'une à l'autre et que les vigiles fermaient les yeux sur les clandestins, ce qui n'avait pas empêché lors de la "sécession", mes profs et collègues de Carnot, socialistes bien sûr, de protester contre la démarcation entre "le Gers d'en haut et le Gers d'en bas".

A Agen, lors de la venue des Bressans, sur l'invitation de Robert, me voilà donc sous Basquet et non plus sous Ferrasse. Je vais y passer une magnifique troisième mi-temps au milieu de bénévoles du club et parmi une table d'anciens joueurs. Ici, on vante sans vergogne et on n'hésite pas à gesticuler aux sons d'une banda endiablée : c'est le paradis des amoureux du SUA sans costume, sans cravate, sans talons aiguilles, sans l'aide du coiffeur et du maquilleur de l'après-midi. On n'a pas le temps, il faut travailler. La soirée est aux rires, la "bouffe" excellente et on peut manger avec les doigts ! En plus, l'amateur préféré des historiettes, mon ami en ski, - il fut sacré roi des menteurs à Moncrabeau et se servit de ce titre pour devenir conseiller général - me conte celle-ci que vous devez connaître déjà mais qui m'amuse beaucoup : 

"Quand un diplomate dit oui, cela signifie peut-être ; quand il dit peut-être, c'est non ; quand il dit non, ce n'est pas un diplomate.

Quand une femme dit non, cela signifie peut-être ; quand elle dit peut-être, c'est oui, et quand elle dit oui, ce n'est pas une femme !"

J'espère que j'aurai l'honneur d'être réinvité sous la tribune Basquet !

Dimanche 2 novembre

Il pleut sur le Pistre : 5 seulement pour jouer à toucher. Rive droite, ils doivent être une vingtaine !

Départ pour Colomiers et dix minutes de retard pour la vedette du week-end précédent : ici, c'est vraiment pas gagné !

Annexe du Selery ; des jeunes ardents côté Colombes, des jeunes, moral en berne côté SUA : On ne joue pas sur le terrain d'honneur ; il pleut ; le terrain est gras ; le vent balaye la plaine... La victoire récompense les plus humbles et les plus déterminés... Rugby de toujours...

C'est une ancienne élève et je m'aperçois un brin surpris que mes anciennes élèves peuvent avoir dépassé la cinquantaine... Elle m'intercepte sur le chemin des vestiaires et connaît mes humeurs après une défaite : Ah, les lundis matins de Samatan quand l'Histoire débutait la semaine après un échec du LSC ! Joyeuse, impudique, sûre d'elle, elle me raconte les déboires amoureux de son demi siècle qui ne la rend que plus belle. De l'humour, la politesse des... du recul..., de la tendresse aussi : nous tombons dans les fous rires ; c'est vraiment une très belle femme et il n'y a pas que le rugby dans la vie... Les Espoirs du SUA se doutent-ils pourquoi ils ont échappé à la plus terrible des colères !

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