L'édito de Jacques Verdier

Par Rugbyrama
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Le Directeur des Rédactions de Midi Olympique, Jacques Verdier, dresse un premier bilan de la Coupe du monde à l'orée d'un week-end décisif pour les Bleus.

Quel premier bilan pourrait-on dresser de cette Coupe du Monde ? La question, il me semble, mérite bien d'être posée. Procédons par ordre :

1 - les petites équipes ou prétendues telles sont au rendez-vous. Personne ne m'a enthousiasmé, depuis le début de la compétition, comme le Portugal, la Géorgie, le Japon, les Samoans, le Tonga ! Vous pouvez toujours vous gausser. Sans eux le Mondial aurait perdu de son sel. Et j'enrage, dans une certaine mesure, que le Portugal, hier soir, n'ait pas pu battre la Roumanie. Sur le plan de l'enthousiasme, de la fraîcheur d'âme, du plaisir de jouer, sans épate ni calcul, les Portugais s'étaient montrés les plus forts. Et le Japon ! Leur retour, en toute fin de match contre le Canada, fut une merveille du genre. C'est à ces comportements que l'on juge si une compétition est réussie ou non. Le Board commettrait donc une erreur historique (non seulement politique, sportive, économique) mais réellement historique en décidant de réduire le prochain Mondial à seize équipes. Il faut leur permettre d'accéder à cette Coupe du Monde, mais aussi leur favoriser autant que faire se peut les échanges internationaux entre temps. C'est la seule façon de les voir progresser, la seule façon de permettre au rugby d'étendre sa toile et de renouveler un peu ses cadres.

2 - l'autre bilan, c'est évidemment la domination des nations de l'hémisphère Sud. Elle est si nette, si tranchée, si implacable, que l'on ne voit pas bien, à ce jour, qui pourrait la contester. La France ? Il faut le souhaiter, bien sûr, de toutes nos forces. Mais peut-on sérieusement y croire ? Le jeu produit par les équipes de deux hémisphères est si différent, que l'on se croirait nous autres encalminés dans un jeu contraignant, condamnés au cabotage, quand nos rivaux, à contrario, hissent les voiles. Le vent s'engouffre dans leur jeu, pas dans le nôtre.
Un exemple, ici, me frappe : c'est cette façon devenue chez nous systématique d'aller chercher le contact (par Traille, par exemple, au sortir d'une touche rapide) pour créer un point de fixation qui, du reste, n'en est plus un, un passage au sol supplémentaire, quand les All-Blacks, pour ne citer qu'eux, s'ingénient dans la recherche des intervalles, les crochets avant contact et fuient de toute leur science ces foutus passages au sol, cancer de notre jeu. De là, la vitesse qu'ils parviennent à mettre à leur rugby, quand nous sommes tenus, par opposition, à nos sempiternels "temps de jeu" pour espérer démobiliser une défense qui ne demande finalement que ça.

3 - comment passer sous silence la légèreté de nos dirigeants ? Si rien ne change les Français seront tenus d'aller jouer leur quart de finale à Cardiff, devant plus de 30 000 supporters néo-zélandais, parce que leurs dirigeants n'ont pas anticipé une seconde (prétention ou bêtise ?) que l'on pourrait finir deuxième de poule... Autre chose : nos Bleus, comme Midi Olympique le redoutait dès juin dernier, seront bel et bien tenus de quitter le centre de Linas-Marcoussis, pour un hôtel du centre de la capitale dès la semaine prochaine, faute d'avoir négocié fermement sur les principes : moyennant quoi ils vont se taper deux heures (au bas mot) de bus par jour entre le lieu d'entraînement et le centre d'hébergement. Enfin, le triptyque, comme l'indiquait François Pesenti, hier soir, sur RMC, ne serait pas complet, si les dirigeants en charge de cette Coupe du Monde ne s'étaient débrouillés pour que les deux matchs essentiels à la qualification de la poule D, ne se jouent pas à la même heure. De sorte qu'Argentins et Irlandais seront prévenus de l'attitude à adopter, des points qu'ils devront impérativement prendre, au moment de s'affronter, puisque la France, elle, aura combattu la Géorgie quelques heures plus tôt...

Entre satisfactions et ridicules, le bilan pourrait donc être mitigé ?...

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