La chronique de P. Villepreux

Tout d"abord bonne année à tous. Je n"ai pas oublié d"écrire mais j"ai pris quelques vacances. Je soumets à votre réflexion le texte ci-dessous.

"Le foot de haut niveau est un business mais aussi un spectacle .

Même si cela doit avoir des effets collatéraux, l'avenir appartient aux équipes qui sauront faire preuve de courage et de prise d'initiative dans le jeu offensif.

C'est une évolution inéluctable. On ne peut jouer ni gagner n'importe comment.

Ce n'est pas par hasard si les podiums des récompenses post compétitions sont constitués de joueurs créatifs et inventifs :

On a eu besoin de former des entraîneurs qui maîtrisent les paramètres defensifs du haut niveau . On a ainsi eu des résultats (coupe du monde de 98).

Le moment est venu de passer à l'étape suivante, de se tourner vers un jeu qui va de l'avant. Il est temps d'avoir des techniciens qui passent du temps à expliquer comment mettre une défense en place mais comment la mettre hors de position. C'est en tentant que l'on progresse.

Sans renier tout ce qui touche à la puissance et à la vitesse, la technique individuelle et la tactique offensive sont aujourd'hui au coeur du débat. Il est impératif que tous les entraîneurs, à tous les échelons aient une réflexion différente.

Si nous n'avançons pas nous allons être très vite dépassés.

Le travail de la DTN est aujourd'hui de convaincre et non pas d'imposer. Ce qui déjà un vrai challenge.

Les entraîneurs doivent accepter que l'on oriente les séances vers des exercices plus ludiques et davantage axés vers l'offensive. Ensuite au niveau des jeunes, des Pôles et de la formation en général, nous devons nous donner les moyens de préparer des joueurs qui soient prêts à la prise de risque, au niveau de l'état d'esprit surtout.

C'est à la DTN de fournir un contenu pédagogique qui mette de nouveau l'accent sur la technique et qui encourage l'initiative individuelle comme c'était le cas à une époque.

En France on est toujours capable de sortir des joueurs de très haut niveau.

Il faut retrouver des joueurs qui présentent une fraîcheur psychologique. Comment être performant sans enthousiasme ?

Plus les gens adhère à une vision du jeu commune, plus on a de chance d'être efficace".

Morceaux choisis d'une interview de Gérard Houllier (DTN du football) qui peut s'appliquer sans rien y changer au rugby actuel. Si on reste sur cette voie la force de séduction que présentait le rugby offensif risque peu à peu de s'éteindre. Le jeu offensif doit redevenir une locomotive de formation pour retrouver des joueurs qui prennent des initiatives et ainsi accèdent à toujours plus de créativité.

Ce renversement de l'image du jeu est aujourd'hui nécessaire pour les joueurs, pour les spectateurs et forcement aussi pour les médias. Ce n'est pas gagné dans ce monde de "pros" qui réclame d'abord des résultats. Ceux-ci, pour beaucoup semblent plus faciles à atteindre sur des bases défensives, que par le choix d'un jeu d'attaque considéré à tort comme aventureux.

Réflexion négative par rapport au jeu défensif ? Absolument pas ! Il faut que ceux qui ont ce courage gagnent et en plus avec la manière. C'est ce que sont en train de réaliser depuis quelques temps Toulouse et Clermont-Ferrand et c'est ce qu'auraient dû accomplir les All blacks pendant la Coupe du monde. D'autres équipes doivent rentrer en lice et bouleverser les idées reçues, seule façon de donner envie aux formateurs d'enseigner autrement et aux jeunes joueurs d'en avoir une autre représentation. Seule façon aussi de faire saisir que le joueur efficace c'est celui qui sait jouer et se faire plaisir en étant, tout à la fois efficace en attaque et en défense et non pas seulement attaquant ou défenseur. Ceci, logiquement implique de placer le joueur dans une approche de formation tactique qui lui permettra de se développer dans la maîtrise toujours plus grande du lien tactique qui relie l'attaque et la défense et vice versa. Un vrai challenge pour la DTN du foot mais aussi pour celle du rugby, enfin maintenant au pouvoir.