Chazal : "On peut très bien calibrer les joueurs"

Par Rugbyrama
  • Jean Chazal
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Une semaine après le long entretien accordé à Midi Olympique, dans lequel il tirait la sonette d'alarme sur la violence du rugby et les risques pris par ses acteurs, le professeur Jean Chazal reprend la parole pour l'AFP.

Désormais à la retraite, l'ancien médecin de référence de l'ASM Clermont affirme avoir été évincé des travaux de l'Observatoire médical du rugby, qui a proposé 45 mesures afin de renforcer la santé des joueurs, en raison de vérités trop crument affichées.

Louis Fajfrowski est mort à 21 ans après un match, trois mois après un précédent cas, moins évident, chez un joueur de 17 ans. Le rugby français prend-il seulement maintenant conscience de la gravité de ces commotions cérébrales ?

Jean Chazal : On parle de ces deux gamins qui sont morts et d'Ezeala (joueur de Clermont blessé en janvier, NDLR) qui a failli y laisser la peau mais il y a aussi des gamins qui ont été opéré d'une hémorragie cérébrale. On a mis la poussière sous le tapis mais c'est déjà arrivé. Quand j'ai dit que les commotions chez les Espoirs avaient été multiplié par 2, par 3, on m'a dit : "oui mais ça, ça va effrayer les papas, les mamans". C'est la réalité. J'ai demandé un discours de vérité, objectif. Je n'ai pas été très suivi, je crois.

Que doivent faire les instances dirigeantes?

J.C. : Il faut créer une cellule indépendante d'analyse de ce qui s'est passé, de tous ces drames. Il est temps de revoir toutes ces analyses vidéo, les raisons des violences et de prendre des mesures préventives. Il faut qu'on travaille tous ensemble: entraîneurs, préparateurs physiques, médecins, représentants des joueurs, présidents. Au Grenelle de la santé, je n'ai jamais vu ni Laporte (président de la Fédération) ni Goze (président de la Ligue) à aucune de nos réunions. Et puis après, je n'ai plus eu de nouvelles. On m'a dit que ce que je disais était trop dur, presque politiquement incorrect. Les affaires ont été pliées ainsi.

C'est l'éthique du jeu même qu'il faut revoir

Concrètement, quelle solution viable serait envisageable pour diminuer le nombre de commotions ?

J.C. : Il faut absolument se pencher sur le problème de la biologie et de la physiologie des sportifs. Est-ce qu'il faut autoriser un joueur qui mesure 2 m et qui pèse 130, 135 kilos jouer trois-quarts aile ou centre? Je n'en suis pas sûr. On peut très bien calibrer les joueurs. On a calibré les voitures en course automobile, il n'y a pratiquement plus de mort. En boxe, on ne fait pas jouer des poids lourds contre des poids plume. Alors que dans le rugby, on voit de tout: 130 kg contre 80, par exemple. Il faut peut-être interdire les joueurs de 100 kg dans les lignes arrières. Ensuite, il y a l'éducation. Il faut mettre en place un système dès l'école de rugby. Le nombre de télescopages entre joueurs sans ballon et par derrière, il y en a des dizaines par week-end et ils ne sont pas assez sanctionnés. C'est l'éthique du jeu même qu'il faut revoir. Il y a trop d'iniquité dans les sanctions prises.

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