Charvet : "La passerelle avec le XV de France fonctionne"

  • Denis Charvet - Barbarians (france)
    Denis Charvet - Barbarians (france)
  • Xavier Garbajosa (La Rochelle)
    Xavier Garbajosa (La Rochelle)
  • Bernard Laporte
    Bernard Laporte
  • Christophe Urios - Castres
    Christophe Urios - Castres
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Le manager des Barbarians évoque le nouveau fonctionnement de son entité.

Rugbyrama : Quelles sont les attentes sur ce second test-match ?

Denis Charvet : Le premier match était compliqué, on s'y attendait. Je l'ai dit à Christophe (Urios) et Xavier (Garbajosa) au lendemain du match : on ne peut rien reprocher aux mecs, pour ce qui est de l'état d'esprit. Mais le manque de rythme, avec une coupure de quatre semaines, nous a fait du mal. Au départ, à 14-0 après un quart d'heure, j'ai eu peur de la catastrophe. Les garçons se sont bien repris, heureusement. Mais désormais, avec une semaine d'entraînement en plus, on aimerait bien gagner.

Xavier Garbajosa (La Rochelle)
Xavier Garbajosa (La Rochelle)

On parle donc de victoire face aux Highlanders ?

D.C. : Une tournée est réussie si on gagne un match. L'an dernier en Afrique du sud, on aurait dû gagner le premier. On ne l'a pas fait et ça enlève un peu à la fête.

Vous avez récupéré quatre joueurs du XV de France cette semaine. Nécessaire ?

D.C. : La passerelle qu'on souhaitait établir avec le XV de France fonctionne. Je sais que les garçons qui nous rejoignent auraient préféré jouer en Bleu. Évidemment que leur déception et leur frustration sont grandes. Je les ai accueillis en leur disant que, chez nous, ils devaient trouver du plaisir. Revenir aux sources, en quelque sorte. Jouer plus libre, avec moins de pression.

Sachant que les Barbarians intéressent désormais le sélectionneur, qui participe à la constitution des groupes, y a-t-il réellement moins de pression ?

D.C. : C'est toute notre difficulté pour trouver un équilibre entre les Baa-Baas d'avant et ceux d'aujourd'hui. Là, je vois que les mecs se préparent plus sérieusement, s'entraînent, font attention pendant la semaine. Il n'y a plus le choix.

Pourquoi ?

D.C. : Quand vous venez affronter des provinces de Nouvelle-Zélande, si vous n'êtes pas préparé physiquement et mentalement, vous chargez. Ce qu'on a pu faire par le passé, en Argentine par exemple, avec quelques moments festifs pendant la semaine, ce n'est plus possible. L'exigence du haut niveau réclame ce sérieux. Ne serait-ce que pour protéger les joueurs. Si on sort d'une semaine de bringue, on met les joueurs en danger. On ne peut plus avoir cette approche amateur.

L'esprit Baa-Baas est-il mort ?

D.C. : Non, il est là. Par exemple, nous sommes la seule équipe au monde qui ne paie pas les joueurs. J'y tiens, Bernard (Laporte) aussi. Et aucun joueur n'a jamais réclamé d'argent. Cette démarche intellectuelle doit perdurer, malgré le sérieux qui est arrivé dans nos rangs.

Bernard Laporte
Bernard Laporte

Est-ce compatible ?

D.C. : Ce n'est pas mon sport qui a changé, c'est la société. Jean-Pierre Rives dit souvent : "on rend grave ce qui n'est que sérieux." Je vois par exemple que tous ces gamins sont pollués par les réseaux sociaux. Pourtant, ils devraient faire tout l'inverse, ne pas y aller. C'est un endroit où on crache son venin. Eux, ils passent leur temps à lire cela. Ils sont dans un monde virtuel et ils se polluent le cerveau. J'aimerais qu'ils gardent ce clown dans la tête. Qu'ils n'oublient pas que le rugby est une histoire de copains. L'humain doit toujours être au centre. C'est ce qu'a réussi avec Castres Christophe (Urios), qui est très attentif à cet aspect.

C'est ce qu'a loupé Galthié, à Toulon. Il est certainement un des plus grands techniciens, mais il a oublié l'humain. Ce n'est pas le critiquer que de dire cela. Je dis juste que l'humain est essentiel et on l'oublie trop. Les Néo-Zélandais, eux, ne l'oublient pas. On s'est baladé dans des écoles, depuis notre arrivée. Ici, le rugby est une école de la vie et ce n'est pas que des mots, comme chez nous.

Christophe Urios - Castres
Christophe Urios - Castres

Personnellement, trouvez-vous vos marques dans votre nouvelle organisation, sous l'égide de la FFR ?

D.C. : On s'en fout de savoir si Denis Charvet trouve ses marques, ou non. Ce n'est pas important. Si nous n'étions pas rentrés dans ce fonctionnement avec la FFR, les Barbarians n'existeraient plus dans cinq ans. Peut-être même avant. C'est notre réalité, il faut arrêter de se mentir. Depuis dix ans, il était de plus en plus dur de constituer une équipe. Avec le temps, je n'aurais plus eu un seul joueur mis à disposition par les clubs. Quand Bernard (Laporte) m'a proposé ce statut de deuxième équipe de France, j'ai sauté dessus. C'était du pain béni. Bien sûr, il y a des équilibres à trouver. Entre ce qu'on avait vécu en Argentine, en 2015, et la tournée de cette année, c'est le jour et la nuit. Tout est devenu plus sérieux. On se bat pour préserver notre identité, notre rapport au maillot. L'esprit Baa-Baas perdurera au travers de ce maillot.

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