Baky écrit : Sébastien Bertrank, l'homme qui entraînait les entraîneurs

Par Rugbyrama
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BAKY ÉCRIT - Retiré des terrains depuis l'été 2021, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby, des belles histoires du monde amateur aux exigences du secteur professionnel. Aujourd'hui, il nous emmène à la rencontre de Sébastien Bertrank, l’homme qui forme les entraîneurs du rugby français.

"Merci pour tout ce que vous faites pour la fédération française de rugby" Voilà la ritournelle avec laquelle Sébastien Bertrank conclut inlassablement ses interminables réunions Zoom. Le coordonnateur de formation du CREPS de Montpellier n’est pas à une facétie près. Prolixe et jamais avare de bons mots, Sébastien dirige avec bonhomie la formation DEJEPS Rugby à XV. Autrement dit : si vous voulez devenir entraîneur par le truchement d’un diplôme, il vous faudra passer entre ses mains expertes.

L’ancien capitaine du bataillon de Joinville donne la sensation d’avoir eu 1000 vies.

Si mon jeune âge m’empêche d’avoir des souvenirs de lui en tant que joueur (aussi parce qu’à l’époque où il jouait, j’étais plus passionné par la Dream Team de Michael Jordan que par les charges d’Abdelatif Benazzi) Sébastien mena une carrière de joueur plus qu’honnête et qui l’emmena à traverser la Corrèze et l’Auvergne. En long, en large et en travers. En passant des Coujoux aux Jaunards, sans sourciller…

Après avoir raccroché les crampons à bouts coqués et le maillot à manches longues, Sébastien s’est tourné tout naturellement vers l’entraînement et l’encadrement technique. En fin stratège qu’il était.

Il dispensera ses précieux préceptes au sein de son club de cœur, l’ASM Clermont-Ferrand, pendant quelques années. (A moins que ce ne soit Brive, son club de cœur ? Allez savoir)

Il posera même son barda brièvement à Carcassonne. L’expérience tournera court. "Divergence d’opinions" est l’expression consacrée dans ces cas-là.

Cette éphémère aventure en précéda une autre, dans l’hôtellerie et le conduisit à devenir directeur d’un club de vacances. 1000 vies vous dis-je !

Depuis 4 ans maintenant, il forme donc les individus qui choisissent le CREPS de Montpellier pour obtenir le précieux sésame, à brailler depuis le bord du terrain, leurs certitudes sur des joueurs qui ne les écoutent de toute façon pas.

Trêve de galéjade, Sébastien Bertrank est l’antithèse même de ça. Je dirais mieux encore, il incarne merveilleusement bien la célèbre citation de Socrate : Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien.

Tout au long de l’apprentissage, Sébastien exhorte les apprentis coachs à se questionner constamment et à se remettre en question. Il tente de casser la chaîne de reproduction qui veut qu’un ex-joueurs/néo-entraineur reproduise sans interrogations ce qu’on lui a asséné durant toute sa carrière.

Il conjure les arpètes du rugby à s’entourer de compétences extérieures, à se tourner vers les autres.

Il appelle de tous ses vœux les aspirants à traiter sur un même pied d’égalité la préparation physique et la préparation mentale.

Et si les faits et le temps lui donnent raison, il a dû passer pour un hurluberlu plus d’une fois.

Ce moulin a parole est entraînant. Il stimule les cerveaux. Tout au long de ma formation, j’ai été témoin de nombreuse déception au sein de l’auditoire. Les débutants, tristes de ne pas se voir dispenser de nouveaux exercices de "skills" piqués chez les All Blacks, devaient se contenter de devoir regarder Le cercle des poètes disparus. Pis encore, il leur était demandé de remplir une fiche de visionnage et de répondre à tout un tas de questions.

Récemment, il a annoncé s’envoler très prochainement pour l’Amérique du Nord. Le Canada précisément. Pour aller chercher du savoir et de la compétence. A moins que ce ne soit pour le sirop d’érable…

Son approche m’a séduit. A tel point que j’ai même pris le soin de traîner en route, en allongeant ma formation d’une année supplémentaire. Habile manière de qualifier mon année de redoublement.

À l’heure où j’écris ces lignes, j’appréhende ma dernière épreuve certificative. A l’heure où vous lirez ces lignes, je serai déjà passé devant un jury qui se sera montré impitoyable. Je serai peut-être diplômé, dans la foulée. Et ça, je le devrais très certainement à Sébastien Bertrank.

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