10 ans de Crunch

Par Rugbyrama
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En 1998, le XV tricolore découvrait le Stade de France. Face à l'Angleterre. De cette victoire initiale à la cruelle défaite en demi-finale de la Coupe du monde, les Bleus ont croisé cinq fois la route des Anglais à Saint-Denis. Retour sur 10 ans de Crunc

. TOURNOI 1998 – FRANCE-ANGLETERRE: 24-17

Moins d'un mois après l'inauguration en grandes pompes du Stade de France par les manchots du foot (victoire 1-0 face à l'Espagne, but de Zidane), c'est au tour des rugbymen d'investir l'enceinte dionysienne pour la première fois. Quoi de mieux qu'un bon vieux Crunch face à l'ennemi anglais pour fêter ça? Cette équipe de France est encore celle du tandem Skrela-Villepreux. Un duo contesté après la monumentale et historique gifle (10-52) reçue de la main des Springboks, au mois de novembre 1997, au Parc des Princes.

Heureusement, les débuts au Stade de France vont mieux se passer que les adieux au Parc. Deux essais de Bernat-Salles et Dominici (le premier de l'ailier parisien pour sa première sélection), deux drops de Castaignède et Sadourny et huit points de Titou Lamaison permettent aux Bleus de célébrer dignement cette première en s'imposant 24-17. La France est en route vers son deuxième Grand Chelem consécutif. Une première dans son histoire.

. TOURNOI 2000 – FRANCE-ANGLETERRE: 9-15

La fête est finie. Quelques mois après une brillante Coupe du monde, où il a atteint la finale, le XV de France entame une nouvelle ère, celle de Bernard Laporte. Deux semaines après des débuts probants mais en trompe-l'oeil (victoire 36-3 à Cardiff), le nouveau sélectionneur va vivre sa première grande désillusion. Face à l'Angleterre, qui sera la cause de bien des tourments pour le futur ministre tout au long de son mandat de huit années. Déjà, tout Laporte est contenu dans ce premier Tournoi: la défense érigée en nec plus ultra du rugby moderne, exit les joueurs trop limités physiquement, type Bernat-Salles, tout pour le physique. La paire de centres alignée, Venditti-Lombard, en est la meilleure preuve. La présence incongrue du trentenaire d'origine samoane, Legi Matiu, est un autre symbole. Mais le fiasco est total. Les Bleus viennent s'enferrer toute la journée dans la défense anglaise. Pas une once d'imagination, et un revers frustrant: cinq pénalités à trois pour les Anglais, un non-match et la première victoire anglaise au Stade de France.

. TOURNOI 2002 – FRANCE-ANGLETERRE: 20-15

Après deux succès à domicile contre l'Italie et au pays de Galles, le XV tricolore reçoit l'Angleterre pour la véritable finale avant l'heure du Tournoi. Les Bleus savent qu'un succès leur ouvrirait les portes d'un possible Grand Chelem. Ce match, les hommes de Bernard Laporte ne vont mettre qu'un quart d'heure pour le plier. Un premier essai de Gérald Merceron à la 10e minute, puis un second, quatre minutes plus tard, du tout jeune troisième ligne Imanol Harnordoquy, qui fête ce jour-là sa deuxième cape. 14-0, les Anglais sont groggys. Ils ne se relèveront jamais de cette entame de rencontre calamiteuse. Ils sauvent toutefois les meubles avec deux essais de Jason Robinson et Ben Cohen (à la dernière minute) sans jamais envisager la victoire. Deux semaines plus tard, la France s'offre son septième Grand Chelem.

. TOURNOI 2004 – FRANCE-ANGLETERRE: 24-21

Nous sommes quatre mois après la Coupe du monde. L'Angleterre étrenne son titre mondial. Mais sans Martin Johnson, parti à la retraite, ni Jonny Wilkinson, blessé, il manque à la fois du talent et du charisme aux champions du monde. Le XV de France va en profiter, en s'offrant son huitième Grand Chelem, le quatrième en sept ans, mais le dernier à ce jour. L'homme-clé clé de ce match, c'est Dimitri Yachvili, enfin révélé au grand public par cette "finale" du Tournoi.

Un sans-faute pour le Biarrot, auteur de 19 des 24 points des Bleus, dont un essai lumineux avec un coup de pied à suivre pour lui-même. Quand il ne marque pas, Yach' offre un caviar sur une diagonale au pied pour son pote Harinordoquy. Groggy, les Anglais ne voient pas le jour en première période. A l'orgueil, ils vont revenir après la pause (essais de Cohen et Lewsey) pour faire trembler le public de Saint-Denis. Mais les Bleus tiennent bon. L'échec de Sydney n'est pas effacé, mais en cette douce soirée de printemps, il est au moins atténué.

. TOURNOI 2006 – FRANCE-ANGLETERRE: 31-6

25 points d'écart. La plus large victoire française de l'histoire face à l'Angleterre. Sous un soleil d'hiver tondu comme un moine et par une température glaciale, ce 12 mars restera comme un jour sombre pour le rugby anglais. Sans âme, dominés dans tous les secteurs, les hommes d'Andy Robinson touchent le fond. Charlie Hodgson, pétrifié par la pression de la défense française et par l'ombre plus que jamais pesant du grand absent Jonny Wilkinson, rate tout. Il sortira à la mi-temps. Les Bleus, d'un froid réalisme, frappent d'entrée par Florian Fritz. Dimitri Yachvili endosse à nouveau sa tenue de bourreau des Anglais pour enquiller trois pénalités et donner une marge confortable aux Tricolores à la pause (16-3). Le deuxième acte, tendu, est marqué par une grosse présence défensive française, puis par un feu d'artifice final sous la forme de deux essais dans les cinq dernières minutes, signés Traille et Dominici. Ce dimanche-là, il n'y avait personne, pas même un Anglais, pour imaginer que le XV de la Rose disputerait sur la même pelouse, 19 mois plus tard, une nouvelle finale de Coupe du monde.

. COUPE DU MONDE 2007 – FRANCE-ANGLETERRE: 9-14

Crispation. Frustration. Désillusion. Une semaine après un exploit mémorable face aux All Blacks à Cardiff, les Bleus retrouvent leur public du Stade de France pour une improbable demi-finale contre l'Angleterre. La revanche de 2003. Revanche? En rêve, oui. Le cauchemar commence dès la 2e minute. Un long coup de pied de Gomarsall, une hésitation coupable et fatale de Damien Traille, et l'essai de Lewsey. Comme un premier coup au coeur. La botte de Lionel Beauxis entretiendra l'illusion.

Une pénalité, puis deux, puis trois et les Bleus mènent 9-5 en début de seconde période. Mais faute de jeu, les hommes de Bernard Laporte resteront toujours dans le viseur anglais. Une cuiller sur Vincent Clerc, une charge de Chabal trop courte de deux mètres, et c'est la finale qui ne veut pas s'offrir. Elle se dérobe même pour de bon à six minutes de la fin. Une cravate de Szarzewski offre la pénalité qui tue à Wilkinson. Animal à sang froid, Wilko frappe sans état d'âme, avant de crucifier le rugby français d'un drop. Triste fin d'aventure…

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