Top 14 – "Il y a forcément une question de mental et de caractère", estime Vincent Rattez

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Alors que les Lyonnais s’apprêtent à jouer dans l’incandescent stade Aimé-Giral de Perpignan samedi, l’expérimenté ailier Vincent Rattez revient sur les lacunes du Lou hors de ses bases. Il espère que son équipe va enfin réussir à faire un coup à l’extérieur pour s’éloigner de la zone rouge.

Quel regard portez-vous sur votre saison à titre collectif ?

C’est délicat, nous sommes une équipe à deux visages. À domicile, nous tournons bien et sommes quasiment intraitables, à part une défaite de peu contre le Stade français. À l’extérieur, nous sommes une équipe qui s’exporte mal, qui est fébrile en défense. C’est rageant que ce soit pour le staff ou pour nous de ne pas pouvoir enchaîner (les victoires), ce qui nous permettrait de sortir de cette zone rouge dans laquelle nous stagnons depuis pas mal de temps. À domicile, nous avons un très beau visage mais à l’extérieur nous péchons et ne faisons pas assez preuve de caractère à mon goût.

Et au niveau individuel ?

Je suis content de pouvoir enchaîner les matchs car nous sommes nombreux à mon poste, avec des joueurs de qualité. J’ai su avoir pas mal de temps de jeu cette saison, passer entre les gouttes des blessures.

Est-ce que les difficultés rencontrées sur la première partie de saison peuvent-elles vous servir pour le sprint final ?

Je ne sais pas car chaque semaine nous nous sommes demandé si nous avions appris de nos erreurs. Et nous n’avons pas forcément réussi. À part la rencontre au Racing en début de saison qui était quasiment notre match référence à l’extérieur, nous n’avons jamais réussi à refaire une performance de la sorte en déplacement. Il nous reste trois matchs à l’extérieur et trois à domicile : si nous voulons nous sortir un peu de cette zone rouge, il faut impérativement tout gagner à Gerland et faire un coup à l’extérieur, notamment contre des concurrents directs que sont Perpignan ou Montpellier. Mais pour le moment, c’est vrai que nous n’avons pas encore appris de toutes ces défaites concédées à l’extérieur.

Rattez a disputé 14 matchs de Top 14 cette saison (tous comme titulaire) et a inscrit un essai.
Rattez a disputé 14 matchs de Top 14 cette saison (tous comme titulaire) et a inscrit un essai. Icon Sport - Anthony Dibon

Comment expliquer la différence entre le Lou à domicile, si fort en caractère et celui qui est submergé à l’extérieur ? La question est-elle mentale ?

Si nous avions la réponse exacte, nous aurions sûrement réussi à switcher plus tôt et à faire un coup. Nous avons fait plusieurs réunions en équipe pour essayer de trouver les clés de la réussite à l’extérieur et pourquoi nous étions cette équipe à deux visages. Pour moi, il y a forcément une question de mental et de caractère. Il faut essayer d’être plus tueurs et se dire que c’est du rugby, qu’il y a quinze joueurs en face et qu’il faut faire abstraction de tout ce qui est externe au match : supporters, trajet et tout ce qui va avec. À nous de grandir un peu là-dessus.

Et le challenge s’annonce encore plus grand lorsque l’on connaît l’ambiance du stade dans lequel vous allez jouer ce week-end…

Aimé-Giral est un stade particulier avec des supporters avec beaucoup d’engouement et une fierté assez énorme. Ils s’appuient là-dessus et c’est très bien pour cette équipe. À voir si cela va nous transcender ou nous tétaniser un peu. C’est un peu l’enjeu de ce match : si dans les moments difficiles, nous allons réussir à nous souder ou bien nous éparpiller comme nous avons pu le faire. Nous savons que ce sont nos petites phases finales à nous. À voir si nous arrivons à franchir ce cap.

Dans ce genre de contexte, êtes-vous dans votre bulle ou finalement, vous nourrissez-vous aussi de l’ambiance pour vous transcender ?

Dans tous les cas, tu ne peux pas ignorer le contexte, dans le sens où il y a tellement de bruit. Ce sont des ambiances qui sortent de l’ordinaire. En tant qu’équipe, nous allons essayer d’en faire un peu plus abstraction…

Au match aller (36-24 en faveur du Lou), certaines séquences défensives lyonnaises avaient fait la différence. La gestion des temps faibles sera-t-elle encore la clé de cette rencontre ?

J’ai coutume de dire qu’une grande équipe est disciplinée, défend bien et a le souci du détail. Jusqu’à présent, notre gros point faible a été la défense. Nous avons tout de même réussi à axer notre progression sur celui-ci et prendre un peu plus confiance en nous. L’USAP est joueuse, fait pas mal de passes après contact, il faudra vite les stopper. Ils ont cet engouement autour de leur équipe qui fait que lors de moments forts ils peuvent s’emballer et si en face tu subis, tu peux vite prendre la marée. À nous de rester forts et de subir le moins possible sur les impacts. Si défensivement nous sommes bons, nous ne serons pas loin de la vérité sur ce match-là.

Est-ce que cette saison est usante psychologiquement ?

Bien sûr, tu laisses beaucoup plus d’énergie quand tu joues le maintien. Les semaines sont forcément moins joyeuses. Tu n’arrives pas à enchaîner deux lundis avec le sourire car un week-end tu gagnes puis un week-end tu perds. La saison est longue et si toutes les deux semaines, c’est un peu soupe à la grimace et remise en question, c’est encore plus usant. Nous restons sur un fil, avec la pression du résultat quand tu reçois. Jouer une phase finale, c’est plus long mais au moins tu as l’impression d’avoir joué la saison pour quelque chose.

Vous débarquiez l’été dernier avec l’idée d’aider le Lou à gagner des titres, vous vous retrouvez à lutter pour le maintien. Est-ce une forme de douche froide ?

Non car dans le monde idéal, si sur les six derniers matchs à domicile, tu gagnes tes trois matchs à domicile et que tu arrives bien à t’exporter chez tes deux concurrents directs, tu es aux portes du top 6. Le championnat est tellement relevé et serré, chaque semaine tu as des chamboulements dans le classement. Malheureusement, notre championnat actuel, c’est le maintien et nous en sommes conscients. Ce sont les aléas du sport, nous n’allons rien lâcher. Bien sûr que j’aurai préféré une autre saison où nous serions quatrièmes ou deuxième avec dix points d’avance. Mais malheureusement ou heureusement, c’est ce qui fait la particularité de notre championnat : d’une année sur l’autre, tu peux en te loupant sur deux-trois matchs jouer le maintien plutôt que le top 6. Nous ne savons pas de quoi demain est fait. Au fond de moi et même si je sais que nous jouons le maintien, je garde un petit espoir (de top 6, N.D.L.R.) dans un coin de ma tête. Cela va super vite dans les deux sens, c’est bien pour le suspense, parfois un peu moins pour nous joueurs.

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Les commentaires (1)
aleka77 Il y a 12 jours Le 17/04/2024 à 18:58

Si Garba n'avait pas eu l'idée saugrenue de virer le coach mental de l'équipe et si les dirigeants après son départ auraient eu l'idée simple d'en réengager un, à mon humble avis on serait pas dans la même posture.