Top 14 - Maxime Machenaud (Bayonne) : “J’ai peut-être sous-estimé ce changement de vie”

  • Maxime Machenaud au stade Aimé Giral de Perpignan
    Maxime Machenaud au stade Aimé Giral de Perpignan Icon Sport - Icon Sport
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Après dix ans passés au Racing 92, Maxime Machenaud (34 ans) a posé ses valises sur la Côte basque l’été dernier. Blessé en début de saison, puis auteur de performances en demi-teinte, le numéro neuf international (38 sélections) n’a pas évolué à son meilleur niveau. Mardi matin, sous le soleil de Jean Dauger, le demi de mêlée est revenu sur ses débuts compliqués avec l’Aviron, nous a parlé de son adaptation à son nouveau club et s’est projeté sur une fin de championnat pendant laquelle il va avoir beaucoup de temps de jeu, puisqu’il est désormais le seul joueur valide au poste dans l’effectif professionnel.

Qu’est-ce qui est ressorti de l’analyse du match face à La Rochelle ?

Nous avons eu peu d’occasions dans la zone de marque, mais nous avons échappé deux ou trois munitions. Elles auraient pu nous permettre de rester collés au score. Nous avons fait un match, défensivement, bon dans l’ensemble. Nous avons été pas mal pénalisés, c’est un domaine sur lequel il faudra progresser pour exister face à Montpellier. La Rochelle a beaucoup de puissance, nous a mis à la faute rapidement.

Vous avez affiché un bel état d’esprit. Était-ce le minimum ?

C’était important. On voulait vraiment être irréprochable dans l’état d’esprit. Je pense que tout le monde s’est envoyé. On a existé dans ce secteur. C’était la moindre des choses, mais il fallait le faire. On a pu voir une équipe solidaire, qui ne va rien lâcher jusqu’à la fin de la saison.

Comment vous êtes-vous senti personnellement ?

En tant que demi de mêlée, j’ai eu beaucoup de ballons ralentis. Les Rochelais étaient peut-être à la limite de la faute, mais ils n’ont pas été pénalisés. C’est leur force de tenir debout et d’avoir des rucks ralentis, une défense oppressante. Nous avons eu peu de munitions offensives, il a fallu beaucoup défendre. J’ai essayé d’apporter ma pierre à l’édifice en beaucoup défendant. J’ai fait une ou deux fautes techniques que j’aurais pu éviter. À part ça, je suis content, pour l’équipe, de l’état d’esprit affiché. Jusqu’à la 60e, nous n’étions pas loin au score. C’est une défaite, mais on peut en tirer du positif.

Vous avez joué face à un de vos meilleurs amis, Teddy Thomas. Pouvez-vous nous raconter ?

C’est toujours un plaisir de jouer face à des personnes qu’on apprécie et qui sont plus que des simples coéquipiers ou adversaires. Il y avait aussi Yoan Tanga, avec qui je m’entendais très bien au Racing. Quand tu joues face à des têtes que tu connais, c’est agréable. Ça montre que ça reste du sport, du rugby et qu’il faut, avant tout, prendre du plaisir.

Avec la blessure de Guillaume Rouet, vous allez avoir du temps de jeu. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

Je vais avoir du temps de jeu, je vais avoir l’occasion de prendre du plaisir sur le terrain pour qu’on finisse au mieux la saison collectivement et personnellement. C’est triste pour Guillaume. Déjà, c’est douloureux et il aurait mérité de finir la saison avec le groupe. L’objectif collectif est forcément atteint, donc il y aura peut-être moins de crainte que si on avait dû jouer le maintien.

Vous allez pouvoir enchaîner plusieurs matchs en tant que titulaire, ce que vous n’avez pas eu l’occasion de faire cette saison…

C’est vrai. Entre les pépins physiques et les contre-performances en début de saison, j’ai eu peu d’occasions pour enchaîner. Je suis très content de pouvoir le faire. C’est à moi, maintenant, de bien travailler pour avoir des performances abouties.

Vous avez été blessé en début de saison, puis avez effectué des performances en demi-teinte. Jusqu’ici, comment analysez-vous votre saison avec l’Aviron ?

J’ai eu aussi quelques bonnes performances en début de saison (sourire). Il y avait beaucoup d’attente envers moi, j’en avais aussi beaucoup envers moi-même. J’aurais aimé avoir un rôle plus important, mais c’est difficile lorsque tu arrives blessé dans un club. Tu en prends un petit coup au moral. Après, le plus important, c’est de ne rien lâcher et d’essayer de revenir à mon meilleur niveau pour aider l’équipe. Je veux me faire plaisir. C’est en ayant cette notion que je retrouverai mon niveau.

Après le match contre les Scarlets à domicile, vous aviez pris la parole sur les réseaux sociaux pour parler de vos prestations décevantes. Était-ce important ?

Tu sens que, des fois, tu peux décevoir certaines personnes. C’est toujours difficile. Mais j’étais plus en colère envers moi-même. Si c’était à refaire, peut-être que je ne l’aurais pas refait. À chaque fois, quand même, j’essaye de ne pas tricher, de tout donner. Mais il y a des fois où ça ne marche pas, où tu es dans une spirale négative. Tu essayes alors de trouver cette confiance avec des images positives dans la tête pour réenclencher une dynamique. C’est ce que j’essaye de faire actuellement pour arriver à aider l’équipe au maximum.

Maxime Machenaud lors du match contre La Rochelle
Maxime Machenaud lors du match contre La Rochelle Icon Sport - Icon Sport

Vous avez découvert un nouveau cadre, un nouveau club après dix ans au Racing. Cela a-t-il eu un impact sur vos performances ?

Bien sûr. J’ai peut-être sous-estimé ce changement de vie, que ce soit personnel au niveau d’un club, mais aussi le changement familial. Quand tu as trois enfants, tu changes toutes tes habitudes, tes repères. Peut-être que je ne les ai pas trouvés rapidement. Je n’étais pas forcément bien dans mon quotidien, au niveau de l'extra-sportif. J’ai retrouvé un certain confort depuis février ou mars. Dans la tête, ça me permet de me libérer, de retrouver des repères et de me sentir mieux dans un collectif. C’est un tout. Maintenant, c’est derrière moi et je regarde vers l’avant.

Avez-vous sous-estimé, aussi, l’impact d’un public bayonnais souvent critique lorsque les performances ne sont pas bonnes sur le terrain ?

J’essaye de ne pas y faire attention, car c’est quelque chose que je ne peux pas contrôler. Je ne l’ai pas forcément ressenti aussi. Bayonne est un club avec beaucoup de ferveur et au contraire, c’est ce que je suis venu chercher aussi. Je ne vais pas m’en plaindre, au contraire. Ça me tire plus vers le haut.

D’autant que vous avez eu l’habitude de jouer des matchs à pression, avec le Racing ou le XV de France…

Exactement, donc ce n’est pas ça le problème. C’est vraiment le manque de repères au niveau extra-sportif et collectif dans le rugby. J’ai complètement changé de structure rugbystique, de lancements. J’étais dans mon confort depuis dix ans, je connaissais tout par coeur. Des fois, un peu trop. Maintenant, c’est à moi de regarder vers l’avant.

Vous êtes-vous demandé si vous aviez fait le bon choix en quittant le Racing ?

Non ! Je suis persuadé que j’ai fait le bon choix. C’est ce dont j’avais envie. Il suffisait de retrouver des repères personnels et familiaux, pour que je me sente bien dans ce nouveau club.

Il y a eu plusieurs jolis matchs à Dauger cette saison. Avez-vous apprécié ces fêtes ?

Oui ! C’est pour ça, j’ai dit qu’il n’y avait pas que des mauvaises choses. Je me souviens de cette rencontre face à La Rochelle, où nous avions fait un très gros match. Mais encore une fois, les blessures ne m’ont pas forcément aidé. J’ai eu cette talonnade, les gens ne savent pas, mais j’ai joué beaucoup de matchs avec des appréhensions et des douleurs. Ça m'a un peu desservi, mais je ne regrette rien. C’est derrière moi et je regarde vers l’avant pour bien finir cette saison.

Vous êtes, aujourd’hui, le seul numéro neuf de l’effectif professionnel, puisque Guillaume Rouet est blessé, Michael Ruru est parti à Vannes et Hugo Zabalza à Bordeaux. Que pouvez-vous nous dire sur les jeunes espoirs qui s’entraînent avec vous ?

Thibaut Carrié s’entraîne avec nous depuis trois ou quatre mois. Il revient d’une blessure que j’ai connue et ce n’est pas évident d’en revenir. Lucas Sudre fait, ce mardi, son premier entraînement avec nous. Je vais essayer de bien les accompagner. C’est mon rôle, aussi, de les mettre dans les meilleures conditions pour pouvoir performer et que l’équipe soit la meilleure possible. Avec Thibaut, j’essaye de lui donner quelques conseils, si je peux lui en donner. Je serai toujours là pour les jeunes s’ils sont demandeurs. Pour un joueur d’expérience, le fait de pouvoir partager et échanger est le plus important.

Comment sont-ils avec vous ? Demandeurs ? Timides ? Au moment où vous avez démarré votre carrière, ils n’avaient que cinq ans.

Tu sens un peu plus de timidité, mais j’essaye de les mettre à l’aise. Je n’ai pas l’impression d’avoir 34 ans. C’est pour ça que, des fois, j’essaye de faire le premier pas et d’aller vers eux pour les mettre en confiance. Je pense que ça se passe très bien depuis trois ou quatre mois avec Thibaut. On arrive à beaucoup échanger et à s’entraîner pour qu’il progresse. D’une certaine manière, c’est toujours enrichissant de partager, car ça permet de se poser les bonnes questions.

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