PRO D2 - Laurent Cardona : "J'ai accepté cette mission pour sauver Soyaux-Angoulême, mon club de cœur"

  • Laurent Cardona, intervenant arbitre de l'Union Bordeaux-Bègles lors du déplacement de l'UBB sur la pelouse rochalaise.
    Laurent Cardona, intervenant arbitre de l'Union Bordeaux-Bègles lors du déplacement de l'UBB sur la pelouse rochalaise. Icon Sport
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PRO D2 - Nouvel intervenant de choix pour Soyaux-Angoulême XV, Laurent Cardona compte bien aider son club de cœur à se maintenir en Pro D2. Il occupera ce poste d'"intervenant arbitrage" jusqu’à la fin de la saison. Il revient aussi sur son activité avec la formation de l'Union Bordeaux-Bègles.

Laurent, pour quelles raisons tentez-vous ce nouveau défi ?

À la mi-décembre, Vincent Etcheto appelait à monter un commando pour sauver le club. J’ai accepté cette mission pour aider à sauver mon club de cœur. Je ne me voyais pas rester spectateur du mauvais chemin qu'il prend. On va échanger rapidement avec les joueurs, on ne peut pas rester l’équipe la plus pénalisée de Pro D2, ce n’est pas possible. C’est une mission ponctuelle, je ne poursuivrai pas l’année prochaine. Un autre club m’aurait contacté pour ce type de mission, j’aurai sûrement refusé.

Votre mission à Bordeaux, votre vie d’entrepreneur et maintenant le SA XV, comment conciliez-vous tout cela ?

D’abord, et contrairement à Bordeaux, je ne ferai pas les déplacements avec Soyaux-Angoulême. J’analyserai les matchs en direct ou après coup. Nous avons prévu que j’intervienne le lundi avec le SA XV. Le reste du temps, je suis pleinement consacré à l’UBB. Puis quand le groupe lève le pied, j’ai mon entreprise à faire tourner. Ça fait des semaines bien chargées mais la passion fait qu’on s’adapte.

Vous êtes déjà au travail donc ?

Oui, j’ai commencé par un échange avec les joueurs et j’ai eu une partie d’analyse vidéo et de lectures de data. Je vais regarder les zones à cibler très rapidement même si j’ai ma petite idée. Les phases de jeu au sol et de maul sont les plus importantes à rectifier, mais je veux vérifier avec les chiffres. Ma mission est simple : identifier les situations d’indisciplines et donner les clés aux joueurs pour les empêcher de faire des fautes.

Que ce soit à Bordeaux-Bègles ou maintenant à Soyaux-Angoulême, vous êtes évalué sur quoi précisément ?

Le nombre de fautes concédées et les cartons reçus sont une partie des critères d’évaluation. Si un arbitre intervient et que la discipline ne s’améliore pas, c’est que ça ne va pas, que le message ne passe pas. Mais on apprend surtout aux joueurs à bien connaître la règle pour s’en servir à bon escient. À récupérer des ballons dans des phases de jeu où ils n’allaient pas forcément avant, où les joueurs avaient une méconnaissance de la règle.

"Les joueurs du XV de France sont très demandeurs de l'amélioration de la discipline"

Vous avez quelles relations avec les arbitres ?

Je communique beaucoup avec eux et ils savent que mes joueurs connaissent très bien les règles. J’ai toujours un échange avant et après les matchs, que ça se soit bien ou mal passé pour nous. Je considère que ces échanges permettent de faire avancer les choses. Dans mon passé d’arbitre, je n’aimais pas lorsque l’on m’envoyait des clips vidéo uniquement quand ça n’allait pas. Après, ce sont des discussions encadrées évidemment. Le patron des arbitres lit les échanges entre les clubs et les arbitres.

Laurent Cardona lors d'un match de Challenge Cup lorsqu'il était arbitre.
Laurent Cardona lors d'un match de Challenge Cup lorsqu'il était arbitre. Icon Sport - Icon Sport

Plusieurs de vos anciens collègues sont aussi dans des staffs de Top 14, vous échangez régulièrement ?

On s’appelle, on échange sur nos fonctions oui. Nous avons chacun des façons différentes de travailler mais on préserve chacun nos petits secrets pour aider à faire gagner nos clubs.

Les joueurs sont-ils réceptifs à vos échanges ?

Le ressenti des joueurs est important sur notre travail et je constate qu’ils sont très curieux. À chaque fois que je suis au club le mardi, je m’entretiens avec des joueurs pour que l’on travaille la précision de la règle. Ce qu’ils ont mal fait mais aussi ce qui a marché. Les joueurs qui sont en équipe de France sont demandeurs de l'amélioration de leur discipline. Ils savent que leur capacité à ne pas faire de faute fait partie de ce qu’on attend du joueur du haut niveau. Et ça vient déteindre sur le reste du groupe.

Vous avez un exemple concret d’amélioration sur un joueur ?

Oui, typiquement, nous avions un pilier trop souvent pénalisé en mêlée. Ce n’était pas bon pour lui, pour la suite de sa carrière et pour le groupe. Il avait été mis sur la touche suite à cette indiscipline répétée. Avec l’entraîneur de la mêlée, Jean-Baptiste Poux, nous avions échangé sur son cas. Il a modifié quelques habitudes et, tenez-vous bien, il est désormais le moins pénalisé.

Si vous deviez faire un petit bilan, qu’est-ce que vous retenez de votre mission à Bordeaux ?

En tant qu’arbitre, nous sommes souvent isolés. Ce qui est un réel plaisir ici, c’est d’être dans un groupe, on tire tous dans le même sens, on a des objectifs communs. Ce qui a été intéressant pour moi, c’est d’échanger avec les membres du staff et avec les joueurs. Il y a toujours une émulation, c’est ce qui est excitant.

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