Le duel des Couilloud, interview croisée : "On aurait dû faire arbitrer notre mère"

  • Top 14 - Lou Rugby - Baptiste Couilloud
    Top 14 - Lou Rugby - Baptiste Couilloud
  • Barnabé Couilloud (Biarritz)
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Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Biarritz et Lyon seront opposés ce samedi (15h) à Aguiléra, et ce sera l’occasion de voir les frères Couilloud pour la première fois face à face sur un terrain. Barnabé face à Baptiste, le petit frère face au grand. Et les deux se sont prêtés au jeu de l’interview croisée, pour Rugbyrama.

Barnabé face à Baptiste, ou bien l’on peut dire "Babé" face à "Titou". Ce sera quoi qu’il arrive un autre duel fratricide, ce genre d’affrontement qu’aime le rugby français et qui a accompagné son histoire au fil des années. Rares sont quand même les affrontements entre frères évoluant au même poste…

578 jours séparent Barnabé (22 ans) de Baptiste (24 ans), tous les deux formés au LOU, mais alors que le grand frère a eu une progression éclair pour devenir capitaine et international (8 sélections), le petit frère s’est émancipé au Pays Basque, où il joue en pro depuis 2019. Leurs retrouvailles seront symboliques.

Cela fait combien de sollicitations journalistiques pour vous cette semaine ?

Baptiste : Un paquet aujourd’hui !

Barnabé : Ça va, que deux pour l’instant…

Comment vivez-vous cet évènement, le fait de vous retrouver face à face !

Barnabé : C’est forcément un peu particulier. Il y a beaucoup d’excitation et l’envie d’être samedi. Mais il faut préparer ce match comme les autres. Au-delà du fait que mon frère est dans l’équipe en face, il y a quatorze autres mecs sur le terrain.

C’est évidemment la première fois que vous vous affrontez en match officiel ?

Baptiste : Oui, première fois. On n’a même jamais joué ensemble, ni même joué l’un contre l’autre. Même dans les catégories de jeunes. C’est à peine arrivé lors d’entrainements, lorsque "Babé" est un peu monté avec le groupe professionnel pendant une ou deux semaines. Pour dire, je n’en garde que peu de souvenirs.

Top 14 - Lou Rugby - Baptiste Couilloud
Top 14 - Lou Rugby - Baptiste Couilloud

Vous l’aviez un jour souhaité, imaginé, rêvé ?

Baptiste : Je n’y ai jamais trop pensé. Quand on était petit, c’était dans un coin de notre tête de jouer au rugby plus tard, mais je ne suis même pas sûr que l’on y ait vraiment cru. Maintenant que l’on est professionnel et que "Babé" est dans l’élite, on attendait ce moment avec impatience.

Barnabé : Quand j’étais à Lyon et que l’on jouait tous les deux au LOU, j’avais ce rêve de jouer avec mon frère, de défendre les mêmes couleurs que lui, dans un sport où tu te bats pour les autres sur le terrain, et donc pour mon frère. Malheureusement cela n’est pas arrivé, je suis parti et jouer contre lui est déjà très bien. Si jamais on peut un jour se retrouver, ce sera bien mais ce qui est chiant c’est qu’il joue au même poste que moi, et il va y avoir un souci (rires).

Vous aviez vu que ce match allait vite arriver dans la saison et j’imagine que vous aviez rapidement coché cette case…

Baptiste : Ça monte fort ! Même notre famille commence à s’organiser pour faire le déplacement, pour savoir comment ils vont s’habiller. C’est marrant. Nos parents sont très heureux, ainsi que toute la famille. Tout le monde a coché la date pour faire le déplacement. Cela va être un bel évènement.

Barnabé : Forcément, on avait tous les deux coché cette date car on savait que cela pouvait être un bon moment. On m’en avait déjà beaucoup parlé dès que le BO est monté (en TOP 14), et j’ai voulu calmer, car je n’y étais pas encore et il pouvait se passer beaucoup de choses sur le début de saison.

On vous sait très proches, Baptiste étant venu à Biarritz voir des matchs…

Barnabé : Quand la famille vient me voir, c’est particulier, car c’est un déplacement pour eux. Ils sont venus sur des matchs importants comme lors de la phase finale de PRO D2. Et mon frère avait pu venir sur l’Access Match face à Bayonne. Je n’ai jamais eu tout ça pour moi, et samedi je pense que ce sera encore plus fort.

Il ne faut surtout pas nous croiser en même temps en dehors d’un terrain, car tu peux passer un très mauvais moment (Barnabé Couilloud)

Comment vivez-vous la comparaison : duel de frères / de demi-de-mêlées ?

Baptiste : Je trouve que c’est agréable d’être comparé d’égal à égal avec son frère. Cela veut dire que l’on est au même niveau, on a la chance d’évoluer tous les deux dans l’élite du rugby français. C’est bien. On a des qualités différentes, même si je pense que nos profils de jeu se ressemblent beaucoup. C’est agréable. Il vaut mieux être comparé à quelqu’un que l’on apprécie que quelqu’un que l’on n’aime pas.

Barnabé : Je le vis plutôt bien, puis ça reste un petit évènement quand même. Deux frères qui se rencontrent, ça n’arrive pas souvent. Alors deux frères qui jouent au même poste, c’est encore moins souvent je pense ! La comparaison se fait car il y a des matchs dans le match, et je pense que les gens auront un œil plus avisé.

On connait la malice des demis de mêlées entre eux, comment cela va se passer ? Cela ne va pas vous empêcher de vous chambrer, ou plus ?

Baptiste : C’est ça, on va pouvoir mettre deux ou trois gifles (rires). Il faut que l’arbitre soit conciliant. On aurait dû faire arbitrer notre mère, elle aurait su comment nous manager. Plus sérieusement, bien sûr que l’on est tous les deux chambreurs et on a cette facette dans notre jeu, qui fait partie de notre poste. L’objectif restera le rugby pour essayer de profiter un maximum de l’évènement. En fonction des circonstances, l’un ne pourra peut-être pas se permettre de chambrer l’autre.

Barnabé : (rires). Il a totalement raison, on est tous les deux chambreurs. On adore ça. Je pense que ça n’ira pas trop loin. On s’apprécie beaucoup en tant que frères. Je pense qu’on sera capable de se contenir pour ne pas dépasser les limites.

Dans ces circonstances, comment cela se traduit cette semaine entre vous ?

Baptiste : Pour l’instant, c’est assez calme. Je n’ai pas trop envie d’ouvrir mon clairon pour me trouer ce week-end. J’ai un statut à assumer, je vais rester humble et attendre le coup d’envoi. On aura le temps de se chambrer sur le terrain ou après.

Barnabé : Dans la vie, mon frère est très chambreur mais sur le terrain, je peux l’être aussi... Il ne faut surtout pas nous croiser en même temps en dehors d’un terrain, car tu peux passer un très mauvais moment (sourires).

Alors il faut plaindre l’arbitre de samedi ?

Baptiste : Ce n’est pas pareil mais on peut plaindre nos parents et nos potes…

Mais comment vous réagiriez en cas de bagarre durant le match et si le frangin est embêté par un "gros" de l’équipe adverse ?

Barnabé : Avec nos physiques, on est rarement dans les bagarres.

Baptiste : C’est vrai !

Barnabé : Si ça arrive, ça peut être un peu compliqué.

Baptiste : La famille avant tout. C’est le grand frère qui parle.

On débriefe et on parle régulièrement. On a cette analyse pour se rassurer, se conseiller, dans la bienveillance (Baptiste Couilloud)

Barnabé, votre frère jouait déjà en équipe première au LOU mais quitter Lyon, c’est ce qui vous a été le plus bénéfique ?

Barnabé : Bien sûr ! Si je suis parti du LOU, et que j’ai eu cette grosse opportunité de venir à Biarritz, c’est aussi car j’avais fait le choix de partir. Je savais que la route, au LOU, allait être un peu compliquée, au regard de la concurrence… S’exiler en PRO D2 a été une chance. Je ne dirais pas que cela fut un échec à Lyon mais quand tu commences à jouer en Espoirs et à réaliser de bonnes performances, tu as envie d’être dans ce milieu professionnel que tu touches du bout des doigts. Finalement quand tu n’y arrives pas, tu vas dans un club où tu ne veux pas revivre ce genre de chose. Il faut alors être le meilleur pour jouer.

Il y a eu une forme d’émancipation ?

Barnabé : C’est sûr. Plus jeune, il y a eu quelques saisons où la comparaison a parfois été compliquée. On parlait beaucoup de mon frère, et l’on se demandait pourquoi je n’avais pas le même niveau que lui. Il m’a fallu peut-être plus de temps et de travail, et c’est ce que je me suis promis de faire. J’ai travaillé pour arriver à ce niveau actuel. J’ai encore beaucoup de progrès à faire mais cela m’a donné une certaine rage de me battre.

Barnabé Couilloud (Biarritz)
Barnabé Couilloud (Biarritz)

En tant que grand frère, Baptiste, vous avez été dans l’accompagnement et le conseil. L’êtes-vous d’ailleurs toujours ?

Baptiste : Évidemment que je le suis encore. Je regarde tous les matchs de "Babé" et c’est vrai que l’on débriefe et que l’on parle régulièrement. On a cette analyse pour se rassurer, se conseiller, dans la bienveillance. Ce n’est pas dans la critique. Il y a des remarques mais on l’aborde en surface. On n’analyse pas dans la profondeur, on parle de petits détails.

Vous vous connaissez parfaitement, alors quelles sont les qualités de l’autre ?

Baptiste : "Babé" a une qualité certaine de leadership. C’est un joueur qui sait se faire apprécier des joueurs qui l’entoure, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Et ça, c’est une qualité indispensable pour notre poste. C’est un point hyper positif dans sa qualité d’homme et de joueur. Maintenant, il a complété sa palette de joueur, en étant très complet, avec un bon jeu au pied, rapide et dynamique. Il a tout pour être un très bon n°9 du TOP 14.

Barnabé : "Titou", c’est un joueur qui est assez complet, très fort physiquement, capable de courir et de jouer 80 minutes sans aucun souci (Baptiste rit, ndlr). Là où il est aussi très fort, c’est qu’il est capable de faire la différence à tout moment, tout seul sur un éclair de génie. Il peut faire basculer un match à lui tout seul. C’est vraiment intéressant et en plus de ça, il a une certaine expérience qui lui permet de gérer les matchs. C’est un international qui a connu des moments difficiles et qui sait comment les gérer.

Du coup, qu’est-ce que cela peut changer pour le match de ce week-end, sachant que vous vous connaissez parfaitement…

Baptiste : Je pense que l’on est tous les deux en phase là-dessus. L’objectif est que rien ne change, mais évidemment que l’on ne va pas trop se lâcher car on se connait parfaitement. Il a regardé beaucoup de mes matchs, j’ai regardé la plupart des siens aussi. On ne va pas laisser beaucoup d’espaces à l’autre. Tu confirmes ? Tu veux peut-être me laisser des espaces ?

Barnabé : Je n’ai pas trop l’intention de le faire (rires). On se connait parfaitement, on sait nos qualités. Cela peut être un avantage mais tu as beau connaitre le mec en face de toi, il peut faire la différence sur un exploit individuel et je ne pourrai alors pas faire grande chose…

Si l’on évoque ce match sous le prisme du résultat de votre équipe, il y a un gros enjeu pour chacun d’entre vous !

Baptiste : On a déjà ce souci de marquer des points, car on en a laissé échapper pas mal et on a des regrets sur ce début de saison. Forcément, on va venir avec des intentions à Biarritz, pour ramener des points.

Barnabé : Je pense que notre situation est différente. On vient de monter, on ne joue pas dans la même cour, les objectifs ne sont pas les mêmes. On a un petit peu moins besoin de points mais l’on sait qu’une équipe qui monte a besoin de gagner à domicile, d’autant que l’on vient de perdre (contre Toulouse) face à la meilleure équipe d’Europe. Il y a des regrets car on méritait surement mieux sur ce match, mais pas énormément de regrets sur l’état d’esprit.

On termine léger, qui a le plus de succès ?

Baptiste : Le plus beau gosse et charmeur ? Moi.

Barnabé : Le plus riche, c’est lui (rires)

Baptiste : "Babé" a plus de succès (rires)…

Barnabé : Je suis en couple. Et Baptiste a plus d’abonnés sur les réseaux sociaux…

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