Laporte/Altrad : en 2017, comment les sanctions contre Montpellier ont été adoucies

Par Rugbyrama
  • Bernard Laporte et Mohed Altrad
    Bernard Laporte et Mohed Altrad
  • Mohed Altrad - MHR
    Mohed Altrad - MHR
Publié le Mis à jour
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Comment le club de rugby de Montpellier, propriété de Mohed Altrad, a vu ses sanctions disciplinaires revues à la baisse du jour au lendemain, fin juin 2017 ? Au coeur de l'enquête sur le patron du rugby français Bernard Laporte, l'épisode a déjà été ausculté par des inspecteurs généraux du ministère des Sports, confrontés à des témoignages contradictoires.

Dans ce rapport, rédigé fin 2017 et consulté par l'AFP, les fonctionnaires du ministère établissent une chronologie en deux temps.

Acte 1 : "les délibérés initialement arrêtés par la commission d'appel (de la fédération française de rugby, FFR) le 29 juin en milieu d'après-midi, à l'unanimité de ses trois membres, ont confirmé les décisions prises en première instance", le 8 juin, par la Ligue (LNR), contre le Montpellier Hérault Rugby, notamment 70.000 euros d'amende et un match à huis clos, conséquence d'une levée de sursis, écrivent les rapporteurs. Il s'agissait de sanctionner le déploiement de banderoles hostiles à la Ligue par des supporters montpelliérains.

Acte 2 : "les trois décisions" concernant le club propriété du groupe Altrad, sponsor maillot de l'équipe de France de rugby, et deux de ses joueurs (les frères Du Plessis, suspendus pour plusieurs matches) "ont été modifiées le 30 juin, entre 10h30 et 12h dans l'objectif d'alléger les sanctions initialement prononcées".

Pourquoi et comment ? Ce qui est sûr, c'est que le patron de la FFR, Bernard Laporte, a bien téléphoné à l'avocat Jean-Daniel Simonet, qui préside alors la commission d'appel, dans la matinée du 30 juin. Aux enquêteurs du ministère, Laporte a confirmé qu'il voulait s'enquérir de la décision et qu'après avoir tenté de joindre deux responsables à la fédération, il a appelé M. Simonet, depuis le portable d'un collaborateur.

"Hypothèse de décision"

Selon ses dires, ses propos n'auraient porté que sur "la nécessité de créer les conditions d'apaisement et de modération au sein du rugby professionnel", sur fond de tensions entre la FFR et la LNR. Une version confirmée par Simonet: ce dernier a assuré qu'il n'avait rien dit de la décision à Bernard Laporte, mais la conversation l'aurait conforté dans l'idée que sa commission a eu une analyse "trop sévère" du dossier. D'après lui, la commission n'a rendu la veille qu'une "hypothèse de décision", sous "la forme d'un projet de délibéré", écrivent les inspecteurs du ministère.

Alors que les trois membres de la commission se sont séparés, la veille, à Marcoussis, au siège de la FFR, Simonet décide de convaincre au téléphone ses deux collègues, les avocats Robert Malterre et Philippe Peyramaure. Si le premier se laisse gagner par ses arguments, le second est plus réticent, selon la chronologie établie par le rapport.

"M. Simonet semble, selon M. Peyramaure, troublé par l'appel du président de la FFR, qui aurait tenu des propos très brefs et très fermes, portant sur les enjeux liés à la candidature de la France pour l'organisation de la Coupe du monde 2023", soutenue par Altrad, "et évoquant l'intérêt supérieur du rugby".

Mohed Altrad - MHR
Mohed Altrad - MHR

En minorité, Peyramaure accepte à son tour de valider des sanctions réduites, en signant une décision datée du 29 juin, la seule, qui sera notifiée au club le 2 août. Problème, il a déjà informé ses interlocuteurs à la LNR qu'une première décision, plus sévère, avait été prise. Le 13 août, le Journal du Dimanche révèle l'affaire et met au jour un contrat entre une société de Bernard Laporte, BL Communication, et Altrad, en plus des liens de sponsoring entre le groupe de matériel de bâtiment et la FFR.

Dans leur rapport, les inspecteurs considèrent "que l'hypothèse d'un lien entre l'intervention" de Bernard Laporte et "le revirement (...) ne peut pas être écartée". Pour eux, le simple fait que le patron du rugby français ait appelé le président de la commission d'appel "contrevient au principe d'impartialité".

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