Clermont, alerte rouge

Le compte n'y est pas. Alors que la phase aller touche à sa fin, Clermont affiche un bilan comptable très décevant, loin des attentes d'un double vice-champion de France en titre. En 12 journées, les Auvergnats ont déjà perdu autant de matches que dans toute la saison dernière. Certes, l'ASM pointe à la 5e place, et ses six points de retard sur Bayonne, le quatrième, ne sont pas rédhibitoires. Mais à force de griller des jokers, elle joue avec le feu, car les matches retour s'annoncent très compliqués. Les Clermontois devront en effet se déplacer chez pratiquement tous les gros (Toulouse, Paris, Perpignan) et ils ont déjà perdu des points précieux chez des équipes de bas de tableau, avec des défaites à Toulon, à Castres et bien sûr à Mont-de-Marsan, pas plus tard que samedi.

Jusqu'ici, le discours officiel se voulait apaisant et rassurant, aussi bien chez les dirigeants qu'au niveau du staff ou des joueurs. Pas plus tard que jeudi, Julien Bonnaire nous confiait son optimisme, estiment que l'équipe était "en phase ascendante." La piteuse défaite dans les Landes tombe donc très mal. Cette fois, Jean-Marc Lhermet tire le signal d'alarme. " Ce que je retiens surtout, note le manager clermontois, en dehors du beau match des Montois, et au-delà des incidences comptables au classement, c'est la prestation indigne de notre équipe. Si nous avons comme objectif de finir dans les quatre premiers, il va falloir montrer un autre état d'esprit. Nous avons été nuls ."

Faire preuve d'humilité

Sur la forme, ce sixième revers de la saison est effectivement sans doute le plus alarmant. "Ce n'est pas brillant, confirme Vern Cotter dans le quotidien La Montagne. Nous n'avons pas fait nu bon match et nous avons commis trop de fautes." L'ASM a été incapable de dicter le rythme de la rencontre. Même si le mérite en revient pour une bonne part aux Montois, un prétendant au Brennus aurait dû se tirer du piège tendu par la lanterne rouge. Mais comme le note Thibaut Privat, Clermont s'est "empêtré dans le système imposé par Mont-de-Marsan. Nous sommes tombés dans le panneau et nous n'avons pas réussi à trouver les solutions ."

Voilà donc Clermont une nouvelle fois condamné à se poser des questions. Pourquoi cette équipe qui, rappelons-le, est quasiment la même que celle qui dévastait tout sur son passage il y a quelques mois, est-elle incapable de trouver de la constance dans ses résultats et une forme de cohérence durable dans son jeu? Les quelques titulaires laissés au repos ne doivent pas servir d'excuse pour Jean-Marc Lhermet. "Les absences étaient justifiées par le besoin de certains de souffler. Sinon, il ne sert à rien sinon d'avoir 36 joueurs dans le groupe", estime-t-il.

Intrinsèquement, Clermont a toujours les moyens de ses ambitions. Mais la qualité indéniable de l'effectif peine à se traduire en actes sur le terrain. Toulouse, Paris et Perpignan semblent en route pour les demi-finales. Pour le quatrième ticket, l'ASM table sur un essoufflement de l'Aviron bayonnais, dont personne ne sait aujourd'hui s'il pourra tenir sur l'ensemble d'une saison son formidable rythme actuel. Mais les Clermontois aimeraient avant tout compter sur eux-mêmes. "On va devoir faire preuve de beaucoup d'humilité", juge Privat. Quand on revient de chez le dernier la tête basse, c'est effectivement ce qu'il y a de mieux à faire.