Pays basque, capitale Bayonne

Trois ans que Bayonne attendait ça. Pour la première fois depuis 2005, l'Aviron a remporté le derby basque. Cerise sur le gâteau, cette victoire, les Bayonnais sont allés la chercher à Aguilera, en territoire ennemi. Un succès qui permet aux hommes de Richard Dourthe de confirmer leur nouveau statut d'outsider dans ce Top 14. Au tiers du championnat, Bayonne trône fièrement à la quatrième place, derrière le trio Toulouse-Paris-Perpignan. Il est trop tôt pour rêver aux demi-finales, mais quelque chose a définitivement changé chez les Ciel et Blanc.

Ce choc entre les voisins basques, comme on pouvait s'y attendre, n'a pas atteint des sommets rugbystiques. Il y avait trop de tension pour cela. Mais les plus lucides ont gagné. Bayonne a construit sa victoire en trois temps. D'abord en tenant bon sur ses temps faibles. Dominateur lors d'une première période particulièrement tendue et ponctuée de deux cartons jaunes (un de chaque côté), Biarritz n'a pas su capitaliser quand il était temps de le faire. Le court avantage du BO à la pause (9-6), grâce à trois pénalités de Yachvili auquel Edmonds avait répondu deux fois, s'affichait en réalité en trompe-l'oeil.

Manque de lucidité

A la reprise, l'Aviron a nettement haussé le ton et le combat a changé d'âme. Plus présents sur les points de rencontre, les Bayonnais allaient trouver la récompense de leurs intentions un quart d'heure après le début de la seconde période en inscrivant l'unique essai de la soirée, par Sam Gerber, après une percée et un bon coup de pied à suivre de Greg Gower. Ils n'étaient pas encore devant (12-11), mais on sentait, déjà, que ce match glissait des mains des Biarrots. Il leur a échappé définitivement peu après l'heure de jeu, sur une pénalité en coin de Manny Edmonds.

Parce qu'il ne pouvait pas perdre sans se révolter, le BO a alors poussé. Ce fut le troisième et dernier acte de la pièce. Bayonne, à nouveau acculé dans sa moitié de terrain, a affiché un sang froid et une maitrise contrastant avec le manque de lucidité de son hôte. La réussite a fait le reste, Yachvili ratant ses trois dernières pénalités, la seconde trouvant le poteau... Pour autant, l'Aviron n'a rien volé. Loin de là. Avec cette septième victoire en neuf matchs, l'Europe devient un objectif, plus une utopie. Les demi-finales? Chaque chose en son temps.

En attendant, Bayonne va profiter de la trêve internationale pour savourer légitimement cette victoire majeure. Le BO, lui, replonge dans le doute avec cette première défaite de la saison à domicile. Biarritz a laissé filer l'occasion de revenir dans le quatuor de tête, où son voisin est maintenant bien ancré. Comme quoi, quelque chose a bien changé au Pays Basque.