L'US Dax accompagnée

Il aura fallu "un bon repas" dans un restaurant dacquois pour que Bernard Lapasset et Gilbert Ponteins se mettent d'accord sur les modalités du départ de Marc Lièvremont. Lequel arborait, une fois n'est pas coutume et sans doute pas par hasard, une cravate estampillée US Dax: "Je suis conscient que ce coup de projecteur dessert l'équipe" commence ému celui qui se dit aujourd'hui " 100% Dacquois " à la veille de la visite du Stade toulousain.

"J'ai vécu cette situation difficilement, poursuit Lièvremont. Pendant quelques semaines, je n'ai pas pu me confier. Notamment aux joueurs à qui je disais à côté que, pour réussir cette saison, il nous allait falloir être courageux et sincère... Je ne me sentais pas libre, contractuellement bien sûr, mais surtout humainement. Je me suis confié d'abord à Gigi, Thomas et Matthieu, ils m'ont confirmé que je devais foncer. Aujourd'hui encore, je suis plus déchiré qu'heureux même si l'honneur qui m'est fait est exceptionnel. Je pense bien sûr aux attentes du rugby français, mais pour le moment, je pense surtout aux conséquences de cette mission pour Dax".

Devant cet état d'esprit, la FFR a dû faire quelques concessions. Bien sûr, Bernard Lapasset souhaite que le contrat du nouveau sélectionneur soit signé "le plus tôt possible", sans doute d'ici fin novembre. Ce sera un contrat "à plein temps" , qui demandera "une mobilisation permanente". Pour autant, "il ne faut pas flouer les intérêts de Dax. Le calendrier était court pour cette annonce - je ne voulais pas aborder cette question pendant la Coupe du monde, d'un autre côté il fallait éviter de revivre 1995: je me souviens que Jean-Claude Skrela avait dû quitter Colomiers après quatre ou cinq journées de championnat pour rejoindre l'équipe de France".

Dax joue la continuité

"L'USD et Jean-Claude Skrela vont donc définir un dispositif d'accompagnement du club (a priori, Lièvremont sera encore sur le banc pour deux rencontres, NDLR). Une fois son contrat avec Dax rompu par acceptation réciproque, Marc ne sera plus sur la feuille de match de Dax mais il aura un rôle à jouer pour accompagner le staff dacquois. On veut lui permettre de rester honnête vis-à-vis de ses engagements". Concrètement, "il agira sous mission fédérale, selon un dispositif flexible, et selon les besoins". "Marc vient d'exprimer avec beaucoup d'émotion sa volonté d'assurer la transition, le désengagement se fera petit à petit", a dit de son côté Jean-Claude Skrela.

On le sait, l'USD a fait le choix de la solution de la continuité pour pallier le départ de son entraîneur, en choisissant Jérôme Daret et Christophe Milhères, deux co-entraîneurs très proches du duo que Lièvremont formait avec Jean-Philippe Coyola. "Nous avons les mêmes cultures d'hommes et de jeu. L'évolution de leurs rôles au sein du club, comme joueurs puis comme entraîneurs - ils ont les deux leur brevet d'Etat 2ème degré -, montre qu'on a toujours voulu installer le club sur des structures saines. Et puis, il y a Jean-Phi, un garçon très expérimenté, garant du jeu dacquois. Ce qui devait sans doute arriver un jour arrive beaucoup plus tôt que prévu", concluait ensuite Marc Lièvremont.

Lequel retrouvait ensuite le sourire, et accessoirement le costume du sélectionneur, en répondant à une question sur le Stade toulousain par une boutade: "J'espère que les internationaux toulousains n'auront pas trop de velléités demain pour montrer leurs qualités, je les connais déjà... Et même, je ne leur en voudrais pas s'ils lèvent un peu le pied !".