Au bout du rouleau

Il flotte comme un petit parfum de fin d'époque sur le Pays basque. Double champion de France en 2005 et 2006, encore demi-finaliste la saison dernière, le Biarritz Olympique a toutes les "chances" de ne pas être au rendez-vous du dernier carré au mois de juin. Battu en toute logique à Perpignan samedi dans ce que l'on avait qualifié un peu vite de quart de finale virtuel, le BO pointe désormais à huit longueurs de l'Usap, quatrième. Si Castres bat Toulouse en match en retard mercredi, les Biarrots glisseront même à la 6e place.

Au-delà de cette situation comptable, problématique, il y a plus grave. Biarritz donne l'impression de tourner en rond. Collectivement, les matchs et les semaines passent, et les problèmes demeurent. Un mal récurrent, et profond. Les Biarrots n'ont pas su faire évoluer leur jeu ces derniers mois. Comparé à Toulouse ou Clermont, leur gamme parait moins étoffée, plus stéréotypée. Or, à ce niveau, quand on n'avance plus, on recule. "Depuis notre victoire en finale contre Toulouse il y a deux ans, on vit sur nos acquis. Il faut qu'on se remettre en question", estime Patrice Lagisquet.

Lagisquet: "J'ai l'impression de ramer"

L'entraîneur du BO n'est pas le moins affecté par la situation. Il se dit usé. Epuisé, même. Physiquement, et mentalement. Investi à 200% dans son métier et sa mission depuis maintenant une décennie, il semble au bout du rouleau. Samedi, devant la presse, il a évoqué son prochain départ, devenu inéluctable. "Cela va se décider dans les jours qui viennent, mais je ne me sens plus les capacités à apporter ce que j'ai pu apporter pendant des années à l'équipe, a-t-il confié à l'Indépendant. C'est un constat. Ce que je ressens, je le ressentais avant, ce n'est pas nouveau et ce n'est pas lié à la défaite d'aujourd'hui (DNLR: samedi)."

La goutte d'eau catalane contribue simplement à faire déborder le vase Lagisquet, déjà saturée jusqu'à la gueule. Le BO a besoin de changer, et l'ancien ailier du XV de France ne se sent plus la force d'être l'homme de ce mouvement perpétuel. "Je me sens impuissant, depuis un an j'ai l'impression de ramer, avoue-t-il. Cela fait 10 ans que je suis au club. Je me sens usé, vraiment fatigué depuis un petit moment. La fatigue est physique et psychologique. Si un entraîneur a du mal à entraîner "...

L'avenir ne passera donc plus par Patrice Lagisquet à Biarritz. "Autant ce n'est pas la fin d'un groupe où il y a une régénération, autant mon rôle dans le club auprès de cette équipe sent la fin de cycle ", juge le technicien biarrot. Malheureusement, son équipe semble elle aussi arriver à saturation sur le plan mental. A Aimé-Giral, l'essai de Nicolas Durand a définitivement cassé le moral basque, alors qu'il restait encore quasiment une mi-temps à jouer. "Après l'essai assassin de Nicolas Durand, on a la tête dans le seau et ensuite on a du mal à réagir", confirme Jérôme Thion sur le site officiel du club. Biarritz, à l'image de son coach, n'a plus le feu sacré.