Les flankers en folie

Sommes-nous donc revenus à l'époque des avants buteurs ? Celle des Jean Prat au FCL, des Peter Gordon en Ecosse ou, plus récemment, des John Eales chez les Wallabies. Celle durant laquelle les points au pied n'étaient pas l'apanage des seuls demis ou arrières. Celle qui voyait un deuxième ou troisième ligne soulever la foule avec le drop venu de nulle part ou la pénalité de la gagne. Cette question peut paraître saugrenue mais elle se pose en ce lendemain de 19e journée de championnat. Parce qu'il a volé comme un air de nostalgie sur les terrains de Top 14 ce week-end. Le troisième ligne parisien Sergio Parisse avait ouvert la voie en octobre dernier en marquant un drop à la 80e minute du match de H Cup contre les Ospreys (27-14). Il a été suivi samedi.

A Biarritz par exemple, à l'occasion de la petite victoire des champions de France sur le CAB (15-6). Le drop claqué par Imanol Harinordoquy en a surpris plus d'un. A la 55e minute d'un match cadenacé de toutes parts, alors que le score était de 6-6, le troisième ligne biarrot fut pris d'une inspiration qui ne l'avait jusqu'alors jamais effleuré : "Julien Dupuy me donne le ballon et je ne me pose pas de question, raconte le Basque. Je me retrouve en situation et je marque. Il n'est sans doute pas très beau ce drop, mais il apporte trois points à ce moment du match." Effectivement, le geste parut un peu loufoque mais il permit aux champions de France de reprendre l'avantage au score, pour ne plus le quitter jusqu'à la fin de la rencontre. Une première en tous les cas pour l'international, qui pourrait y prendre goût : "On ne s'entraîne pas à cet exercice quand on joue avant mais j'aime assez ça. De toute façon, on n'en a pas le temps... Mais quand j'étais plus jeune, j'aimais bien en taper...".

Ailleurs, sur un autre terrain de France, un autre troisième ligne a fait parler sa botte samedi soir. Jean-Marie Bisaro, le flanker de Narbonne, a fait sourire tout Pierre-Antoine samedi soir en transformant l'essai de Julien Candelon par un drop. Nous étions à la 47e minute de la rencontre, et le CO menait déjà 41 à 7. Pas de fantaisie pour autant, le troisième ligne du RCNM a seulement voulu aller plus vite. Pas suffisant toutefois pour enrayer la débâcle audoise (défaite 62-14).