Chabal s'invente un avenir

Par Rugbyrama
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Sébastien Chabal sera titulaire en deuxième ligne samedi soir face à l'Australie. De l'aveu même de Marc Lièvremont, le joueur de Sale a bien un avenir en équipe de France, et pas forcément anecdotique. Ce n'était pourtant pas si évident il y a six mois..

Qui l'aurait parié au mois de février? Pas grand monde. Surtout pas Marc Lièvremont. Interrogé sur son insistance à ne pas appeler Sébastien Chabal pour les matchs du Tournoi, le sélectionneur tricolore avait estimé qu'il y avait "meilleur que lui au poste de troisième ligne centre". Tout simplement. Et en deuxième ligne? "Sébastien, à nos yeux, est un numéro 8, pas un deuxième ligne", martelait alors le patron des Bleus. Neuf mois plus tard, à l'aube de l'ultime match de la cuvée 2008 face à l'Australie, c'est pourtant bien en deuxième ligne que le colosse de Sale sera aligné samedi.

Le discours a donc changé. Un vrai virage à 180°, puisque Lièvremont explique que, de son point de vue, Chabal, en équipe de France, est désormais bel et bien un deuxième ligne. "Ce poste lui correspond plus à mon sens si l'on tient compte des exigences du poste de numéro 8 tel qu'il est dans notre style de jeu. D'autant plus qu'en troisième ligne, on est particulièrement bien armé ", assure-t-il. Une coquetterie du destin qui prouve deux choses. D'abord que Lièvremont est tout sauf borné. Ensuite que Chabal a encore des services à rendre au XV de France.

"Une histoire s'écrit petit à petit"

Dans sa logique initiale, qui visait, déjà, à préparer la Coupe du monde 2011, le staff des Bleus était surtout peu enclin à s'appuyer sur un trentenaire comme Chabal. Très marqué "ère Laporte", l'ancien Berjallien semblait alors ne plus avoir vraiment d'avenir du côté de Marcoussis. Mais le principe de réalité a rattrapé Marc Lièvremont et ses acolytes. Préparer l'avenir, oui. Mais le présent a aussi ses obligations, et Chabal y a toute sa place. "Quand le staff a pris ses fonctions l'année dernière, explique l'intéressé, je comprenais tout à fait son discours. On a appris à se connaître en Australie. Une histoire s'écrit petit à petit."

Dans un premier temps, c'est probablement l'homme, irréprochable et toujours disponible, qui a séduit Lièvremont. Reste que c'est avant tout le joueur qui tient aujourd'hui toute sa place dans ce groupe. "En Australie, confie le patron des Bleus, àun poste qui n'était pas le sien, il avait répondu présent deux fois 80 minutes. Et il y a aussi le fait que Sébastien a fait deux rentrées convaincantes contre l'Argentine et les Pacific Islanders." Du coup, c'est bien dans la peau d'un titulaire que Chabal sera présent contre les Wallabies. Le choix du staff rejoint donc, au moins l'espace d'un soir, celui du public, qui ne s'est jamais détourné de "Caveman", même plus d'un an après la Coupe du monde. L'hallucinante ovation reçue par le joueur lors de son entrée en jeu à Marseille face aux Pumas en témoigne.

Une place singulière

D'ailleurs, même si cette incroyable popularité n'est pas entrée en ligne de compte à l'heure de dresser la composition du XV de départ, elle ne peut faire de mal. Didier Retière, l'entraineur des avants français, le concède: "Le soutien du public autour de Sébastien sera très certainement important au début du match. Tout le monde attend sa rentrée." A Saint-Denis, sans présager de sa performance sur le terrain, il phagocytera une fois de plus l'enthousiasme populaire. Lui s'en accommode parfaitement. Sans en rajouter. "Je le vis très bien, confie le géant barbu. Ça fait partie du truc. Mais cela ne perturbe pas du tout la préparation. Quand on est sur la pelouse, on entend du bruit mais pas forcément tout ce qui est dit."

Qu'on le veuille ou non, Chabal tient donc une place singulière dans le rugby français. Certes, le joueur qu'il est ne sera probablement jamais à la hauteur de la vedette qu'il est devenu. Mais pourquoi le lui reprocher? Lui ne regrette rien. "Je n'étais pas prêt quand j'ai commencé en sélection en 2000, d'où les désillusions qui ont suivi. J'ai quand même un beau parcours, même si je n'ai jamais réussi à m'installer durablement dans cette équipe. " Peut-être n'est-il pas trop tard. Une petite phrase lâchée cette semaine par le sélectionneur, "je ne vois pas son avenir en pointillés en équipe de France", résonne comme un message d'espoir. Médiatiquement incontournable, il est redevenu sportivement crédible aux yeux de Lièvremont. C'est sans doute sa plus belle victoire de l'année.

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