La Chronique de P.Villepreux

Par Rugbyrama
Publié le
Partager :

Le match gagné contre l'Italie a eu le mérite d'être gagné. On ne peut certainement se satisfaire d'un résultat obtenu, non pas dans la douleur, mais quand même avec peine. Ce match a manqué de clinquant, et on a eu peu d'occasions de s'enthousiasmer.

La volonté était bien présente mais il manquait cette vitesse générale, ce rythme, ce jeu juste, dans les actions entreprises qui assurent efficacité et spectacle. Les effets attendus après cette période entraînement - compétitions n'ont pas été dans ce match en accord avec les effets obtenus. L'approximation dans les enchaînements, les passes, les courses de fixations ont traduit les difficultés du collectif à mettre en place le jeu recherché et par le staff.

Ce désarroi palpable n'est somme toute pas fondamentalement inquiétant, il s'inscrit logiquement dans le long terme. Le perfectionnement des joueurs (surtout avec beaucoup de nouveaux) est en cours et n'est pas effectif d'un match à l'autre. Ils doivent même à ce niveau apprendre à voir et lire le jeu sous un nouvel angle et donc à lui attribuer un autre sens. Le décalage constaté entre ce que l'on dit "vouloir faire" et ce que "l'on fait" permettra de provoquer les rebonds stimulants à même de provoquer la progression vers les objectifs tactiques recherchés. Cette progression ne peut pas être immédiate même avec les meilleurs. Ce qui veut dire qu'il faut aussi savoir accepter une régression et s'en servir. Les lacunes constatées doivent être traitées ailleurs que dans l'avalanche sans cesse grandissante des statistiques. Cerner des manques chiffrés n'apporte pas pour autant les remèdes, car les approximations constatées ne relèvent pas du seul travail technique ou d'organisation de phases précises mais sont à traiter dans les difficultés rencontrées pour prendre en compte, en plein jeu, une foule de comportements qui touchent la relation entre le porteur de balle, l'espace, le temps à disposition, la prise en compte simultanée des actions et réactions des adversaires et partenaires.

A ce titre les touches et les mêlées aujourd'hui fortement décriées sont des situations fixes et plutôt standardisées qu'il s'agira certes d'améliorer, mais, du fait de la moindre incertitude qui y préside, les réglages utiles pour mieux y faire face sont plus faciles à acquérir que dans les phases de mouvement où il s'agira de déchiffrer le contexte de la situation momentanée dans laquelle on est impliqué. Chaque joueur est dans ces moments-là un centre de décision et d'action et les décisions prises par le porteur de balle ne devraient pas surprendre les partenaires. Seules des références communes à tous les attaquants permettent de minimiser l'incertitude que l'on pourrait créer sur les partenaires et de majorer celle des adversaires. On parle bien ici de gérer la réflexion tactique, le processus décisionnel dans lequel est engagé le collectif qui l'amène à prévoir l'action future, voire à l'anticiper.

C'est dans ce jeu dans le désordre que l'équipe de France a le plus péché, ce qui s'est traduit par des pertes de balles qui semblent trop souvent être apprécié comme un manque de technique individuelle alors qu'il s'agit pour le collectif des Bleus "d'apprivoiser" la dimension informationnelle.

On pourrait à souhait relever les erreurs des uns et des autres qui sont la conséquence de ce constat dans des situations qui logiquement auraient dû préserver le déséquilibre créé dans la défense. Une particulièrement caractéristique concerne le jeune David qui au terme d'une belle percée oublie le soutien, plutôt, ne le voit pas, et justement parce qu'il ne le voyait pas, il aurait alors dû le deviner grâce à la prise en compte des réactions et comportement des défenseurs les plus proches eux-mêmes en pleine incertitude sur le comment défendre. D'un essai possible issu d'une situation de grande et rapide avancée ayant entraîné un déséquilibre défensif important, on est revenu à une situation plus équilibrée, plus confortable pour les Italiens.

Petit exemple qui s'est répété de nombreuses fois avec pour conséquence soit un arrêt de la continuité, soit des pertes de balles qui sont nées de la mauvaise interprétation de certaines situations donc d'une mauvaise décision soit du porteur de balle soit du soutien, quelquefois des deux.

Alors bien sûr qu'il faut continuer à travailler les touches et les mêlées, mais la source essentielle de motivation et de confiance à acquérir dans le jeu choisi passe par les épreuves que ce jeu en mouvement impose aux joueurs dans le cadre de la compétition.

Quelqu'un a dit que "la compétence, c'est la capacité d'un individu à mobiliser ses ressources au service d'une activité" faut-il encore les situations justement "mobilisantes" se répètent souvent et dans le contexte le plus stressant, celui de la compétition.

Le rugby de mouvement a un niveau d'exigence auquel le collectif français doit se frotter sans peur, le pire serait d'éviter de rencontrer les difficultés entrevues.

Le match contre des Gallois joueurs peut et doit leur permettre de franchir un nouveau pas dans la cohésion recherchée.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?