La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Retrouvez "Les pas perdus d'un coach", la chronique du manager agenais Henry Broncan. Il revient lui aussi sur les nouvelles règles.

Mardi 12 août

Soirée fraîche sur Monflanquin ; presque jour pour jour, un an après, je retrouve "Janouille" dit "La Fripouille" faisant découvrir aux touristes – ils sont une bonne centaine, ce soir – les cornières, les carrerots et les échoppes de la bastide d'Alphonse de Poitiers. Un magicien que l'on croirait anglais –l'humour ! – et qui n'est qu'allemand – comme quoi ! – accompagne le maître de céans. Des figurants de la cité – gueux, guet, ribaudes, moines – font cortège dans cette cavalcade pédestre qui s'esbaudit dans une leçon d'histoire plus agréable que celles que je dispensais à mes élèves du collège de Samatan. Jacky, inaltérable supporter du SUA, fait partie de la compagnie et use de son gabarit respectable pour impressionner les âmes sensibles des belles étrangères. Soirée agréable terminée dans l'estaminet du Président du club de Monflanquin : revue de l'effectif local 2008-2009, inquiétudes financières devant les déplacements de la Fédérale 3, questionnement sur les ambitions agenaises, etc... etc... Un bon moment lui aussi même si le mélange hypocras-bière n'est pas recommandable.

Mercredi 13 août

Dans ces "nouvelles règles", la principale innovation est bien cette nouvelle ligne des 5 mètres de part et d'autre de la mêlée. Cet espace d'environ 16 mètres de large doit permettre de nouveaux comportements offensifs et défensifs. Pour le moment, dans les Tri-Nations, il semble bien que ce soit surtout dans le domaine de l'organisation défensive que l'on ait planché, surtout côté australien avec Burgess, le numéro 9 placé dans l'axe de sa mêlée et vigilant des deux côtés de celle-ci quand il est dans son camp, et plutôt suivant la progression quand il se trouve dans les 30 mètres adverses afin de harceler, soit le n°8, soit l'autre 9, soit le 10. Incontestablement, les demis vont devenir – c'était déjà le cas pour le 10 – de gros mais aussi d'habiles opposants. En attaque, les bonnes mêlées seront encore plus avantagées. D'abord parce qu'une bonne poussée dans l'axe obligera la défense à reculer et donc à jouer sur les talons. Ensuite une rotation vers la gauche ou la droite ouvrira encore davantage le champ de l'offensive. Mêlée forte mais aussi mêlée technique : une sortie rapide grâce à un talonnage efficace entre les pieds des deux secondes lignes, un troisième ligne centre décalé entre le 6 et le 4 et une passe de ce 8 vers un 12 lancé à pleine vitesse, au ras de la mêlée, permettra de jouer au-delà de la ligne d'avantage en avançant. Autres changements prévisibles : pour se dégager, on n'aura plus besoin de construire un ruck avant d'expédier le ballon au numéro 10 responsable du tir. Une simple passe du 9 vers son partenaire suffira : comment pourra t-on le contrer ? Idem pour les tentatives de drop : les droitiers vont se régaler. En fait, on s'aperçoit que le jeu au pied sera encore plus avantagé par la règle que le jeu à la main.

Les arbitres auront intérêt à s'appuyer sur leurs juges de touche : certes il leur faudra surveiller les troisième ligne et les 9 – c'était le cas auparavant - mais aussi les 10 et tous les ¾ y compris les attaquants car ces derniers, normalement, ne pourront eux aussi, pénétrer dans leur zone des 5 mètres que lorsque le ballon sera sorti de la mêlée. A ce sujet, la position des épaules du numéro 8 attaquant sera à surveiller de très près. Leur "décollement" sera le signal de la fin de la mêlée.

Dans l'après-midi, conversation avec un journaliste d'origine agenaise qui me déclare : "J'ai stupéfié les Montferrandais en leur disant que c'était le SUA qui les avait battus lors de la dernière finale." Incrédulité de ma part et il ajoute : "Je leur ai dit que si le SUA n'était pas descendu, Kelleher n'aurait pas signé au Stade Toulousain et l'ASM aurait gagné le match !"

Au pays des pruneaux, on est vraiment impayable ! Toujours est-il qu'avec ces nouvelles règles, Byron sera encore plus énorme la saison prochaine.

Jeudi 14 août

18 heures ; je revois le Moulias – pardon, le Jacques Fouroux – 15 mois plus tard ; changement radical des tribunes d'honneur et marathon : sièges refaits à neuf, couleurs chatoyantes ; côté ouest, nouvelle tribune. Bernard Laffitte me présente les transformations des vestiaires auscitains. Organisation professionnelle. Mon bon vieux Moulias a fait peau neuve et changé de statut. Pourtant, ce sont les mêmes employés municipaux qui m'accueillent avec le sourire ! Peut-être ont-ils oublié la pression que je leur imposais parce que je trouvais que le stade n'était pas ouvert assez tôt, les lignes insuffisamment visibles, l'herbe trop haute, parce que dans les tribunes populaires, des bancs étaient cassés ou bien que des pointes dépassaient des sièges, etc... Ne parlons pas de la guerre pour la tenue des toilettes... En 9 ans, le Moulias était devenu presque ma propriété : J'y arrivais le matin 8 heures pour en repartir en soirée, parfois après minuit ; le vaillant "Momo", "Momo" le fidèle m'y tenait compagnie et nous jouions au premier arrivé et au dernier parti. Je crois bien que si je lui avais demandé de m'aménager un coin de nuit, il l'aurait fait et j'aurais quitté la rue Albert Schweitzer où j'avais remplacé les 208 centimètres de Pruvois de Forville, vous savez celui dont l'ancêtre chouanne avait été guillotiné par les "Bleus".

Sur le terrain, le TPR plus homogène nous mène la vie dure et l'emporte logiquement. Perdre n'est jamais agréable mais perdre sur ses terres l'est encore moins. Un des miens, le lendemain, me glisse au téléphone : "Je ne suis pas venu te voir hier au soir, après la rencontre ; je présume que tu étais furieux". Je n'éprouve même pas le besoin de lui rendre réponse. Un autre, sans humour, me lâche : "Bien joué, vous avez su cacher votre jeu...!"

Toujours est-il que Tarbes a confirmé son succès de Dax. L'équipe de Philippe Bérot, preuve qu'elle a subi peu de changements pendant l'intersaison a de la fluidité dans ses lancements de jeu ; ses touches à 5, avec Karélé déplacé au centre du terrain, permettent des variations intéressantes et Apanui, tant qu'il est resté sur le terrain, a démontré des qualités de botteur – on le savait – mais aussi de passeur ; rentrée "fracassante" du sud-africain Meyer à l'aile gauche en seconde mi-temps : Sofiane s'en souviendra !

Par la suite, Auch a eu du mal à disposer de Colomiers toujours aussi joueur ; très intéressante paire de centres chez les Auscitains : Dulin-Ricaud. Ce dernier capable d'opérer –encore mieux ? - en numéro 8, s'est affiné : voilà le nouveau Bastide du FCAG, l'homme à savoir tout bien faire. Menkarska revient au galop, tous déboires stadistes bus et agressivité de bon ton retrouvée. Tapasu saute toujours sur tout ce qui bouge, tandis que les autres étrangers ne sont pas encore adaptés. Côté la Colombe, un oiseau rare est arrivé à l'aile droite : le fidjien Bakaniceva sera une des attractions de la D2 si les pubs de la Cité Rose le laissent tranquille !

Leny, le petit-fils, n'était pas là. Surveillait-il le terrain de basket d'Ordan-Laroque ? Avait-il présagé la mauvaise humeur de son grand-père ? Le 7 septembre, je l'attends à Armandie, bas et culotte bleus, maillot rouge... ou le contraire !

Samedi 16 août

Tournoi de rugby à 7 à Buzet ; retrouvailles avec Mike Lebel, coach des Espoirs auscitains, L.S.C puis FCAG : une connivence qui date de 1990 accentuée par des liens familiaux ; le "cousin", dis-je parfois, ce qui surprend vu nos couleurs de peau : le "cousin", ce qui avait eu le don d'énerver quelques purs Auscitains quand je l'avais désigné comme capitaine du club préfectoral. Avec lui, quelques anciens élèves du collège Carnot : Delon, Bissuel, Mallaret, Edwards, Millet... Deux matchs âpres – quelques gifles – contre les Espoirs agenais. Ces derniers l'emportent difficilement : "On se retrouvera"... Au moins, le Seven aura connu de l'animation.

Forte impression dégagée par l'équipe féminine de Tunisie : des athlètes et une véritable conception de ce jeu quand même différent du XV ; la demie d'ouverture de Montpellier domine les débats... comme l'an dernier quand elle opérait à La Valette. Contre ces "professionnelles", les filles de l'Entente Duras Aiguillon font le maximum ! leur demi d'ouverture, la larme à l'oeil, me questionne : "Pour combien de temps François Gelez est-il blessé ?"

Dimanche 17 août et mardi 19 août

Toucher Rive Droite avec les Auscitains ; idem deux jours après avec les Agenais, sur l'annexe 2. Des moments de plaisir. Dans le Gers, on capitalise les essais et la victoire est primordiale : Les cheveux blancs de "Pepe" et d'Elie ne veulent rien lâcher et ils râlent après moi, parce que je "pense à l'Agenaise" : "Le score importe peu, c'est la beauté de l'action qui compte !" Bien sûr que je veux les provoquer. Ils ont prévu de rencontrer mes amis du Lot-et-Garonne, le matin du 7 septembre : on jouera d'abord, on boira ensuite, on mangera peut-être et surtout on restera bien campé sur ses positions, dans les tribunes, l'après-midi. Match retour prévu le 17 janvier, Rive Droite, avec repas sous le chapiteau des partenaires. On saura ce jour-là si le Gers se jette dans la Garonne ou le contraire !

Jeudi 21 août

Rendez-vous des entraîneurs pour une session sur l'arbitrage à Marcoussis. Ils sont presque tous là pour écouter religieusement les recommandations de René Hourquet assisté par les anciens Dumé et Robin, les pros Jutge et Berdos, et les jeunes premiers : Gaüzere et Garces. Mieux, les plus grands de nos Présidents se disputent la tribune : Pierre Camou, Président de la FFR, Serge Blanco, Président de la Ligue, Jean-Claude Baqué, Président de la Fira, Jean-Louis Luneau, Président de notre Syndicat sans oublier Jean-Pierre Lux de l'ERC , Marc Lièvremont, Didier Retière et Jo Maso, le trio aux commandes des Coqs. J'ai rarement vu un tel déploiement de sommités et mon étonnement est au sommet quand je vois arriver l'élite de la Presse Française... Nicolas Zanardi en tête. Décidément, ces variantes expérimentales des règles du jeu sont source de motivation. Chacun veut savoir avant même que la saison ne commence quels changements elles vont apporter sur le jeu. Les entraîneurs du TOP 14, en lice une semaine avant la PRO D2, paraissent les plus inquiets, à l'image de Jacques Delmas et de Didier Nourault. Notre Jacques du Gers exilé en pays catalan semble plus décontracté. Mac Kenzie ne pipe mot mais Dominici et Landreau le suppléent. Gaillard nous la joue modeste, Lhermet impénétrable, Catinot malicieux, Thomas Lièvremont hermétique, Crenca taiseux et Novès absent. Chacun prête l'oreille et prépare sa stratégie intérieurement : la première journée sera riche d'enseignements.

Côté D2, Richard Castel, sans doute à cause de sa formation au collège de Sérignan auprès de Néné Camps et de son perfectionnement au sein de l'ASBH auprès d'Olivier Saisset, multiplie les questions sur le règlement. Beaucoup de pertinence du côté du Vendrais. Saisset, Elissalde, Peuchlestrade, j'avoue que le trio me manque : il n'y a plus de prises de bec et plus d'éclats de rire.

Entraîneur, c'est vraiment devenu un métier !

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